Les agences de presse jouent un rôle central dans la circulation de l’information. Vous avez sûrement déjà entendu parler de l’Associated Press (AP), de l’Agence France Presse (AFP), de Belga ou encore de Reuters. Mais comment fonctionnent réellement ces agences de presse et quel impact ont-elles sur les contenus diffusés dans les médias ?
Les agences de presse : des grossistes d’informations
Selon Wikipédia, une agence de presse est “une organisation qui vend aux médias de l’information (textes, photos, vidéos, etc.) à la manière d’un grossiste fournissant des détaillants”. En d’autres termes, les agences de presse fournissent du contenu brut aux médias d’information, qui le diffusent ensuite via leurs propres canaux de publication.
Les articles de presse fournis par ces agences prennent souvent la forme de dépêches, c’est-à-dire d’informations brèves transmises rapidement. Certains journaux reprennent ces dépêches telles quelles, tandis que d’autres les retravaillent ou les approfondissent.
Comment les agences de presse sont-elles financées ?
Les agences de presse fonctionnent selon différents modèles. Certaines sont spécialisées dans un domaine particulier, d’autres sont généralistes. Elles peuvent être nationales ou internationales, et vendent leurs contenus exclusivement à la presse d’information officielle ou non.
En ce qui concerne le financement, chaque agence de presse a ses propres sources de revenus. Par exemple, l’Agence France Presse (AFP) est financée à environ un tiers par l’État français, ce qui équivaut à 130 millions d’euros sur un chiffre d’affaires annuel de plus de 300 millions d’euros. Le reste de ses revenus provient des abonnements des éditeurs de presse et de la diversification de ses contenus hors-media.
Belga, l’agence de presse belge, fonctionne de manière similaire. Elle vend ses contenus aux principaux éditeurs de presse du pays, dont la plupart sont actionnaires de l’agence. Belga diversifie également son offre en démarchant les pouvoirs publics et des acteurs privés.
Une uniformisation des contenus préoccupante
Le fonctionnement des agences de presse soulève plusieurs questions. Tout d’abord, il y a une uniformisation croissante des contenus. En effet, une étude a montré que les contenus sur Internet sont massivement copiés-collés, ce qui peut menacer la viabilité économique des médias d’information.
De plus, les agences de presse ont un pouvoir important dans la mise en avant de certains événements plutôt que d’autres, ce qui peut influencer l’agenda médiatique et orienter notre façon de penser.
Enfin, les contenus fournis par les agences de presse sont souvent formatés et prêts à être publiés. Cette logique économique privilégie la rentabilité à court terme au détriment de l’investigation, de l’originalité et de la fiabilité des informations.
Une économie du lien pour valoriser les contenus originaux
Pour Jeff Jarvis, il est essentiel de passer d’une “économie du contenu” à une “économie du lien”. Cela signifie valoriser davantage les contenus originaux et revoir le modèle économique des agences de presse. Il propose notamment d’utiliser des algorithmes pour mentionner automatiquement les sources initiales des contenus.
La circulation libre des informations est primordiale, mais il est également important de rétribuer équitablement le travail original. Les agences de presse doivent prendre en compte l’éthique du lien et la citation, afin de valoriser les créateurs et de préserver la diversité et la qualité de l’information.
En conclusion, les agences de presse occupent une place centrale dans le paysage médiatique, mais leur fonctionnement soulève des questions sur l’uniformisation des contenus, l’indépendance des médias et la valorisation de l’information originale. Une réflexion sur le modèle économique des agences de presse est nécessaire pour préserver la diversité et la fiabilité de l’information.