Ce documentaire révèle les dessous des « gros sous » des radars et dévoile des informations importantes sur les marchés publics. Il s’agit du résultat d’années d’enquêtes approfondies pour comprendre comment fonctionnent ces marchés.
Des révélations sur les marchés des radars
Selon Stéphanie Fontaine, les premières enquêtes datent de 2013 et ont été à l’origine d’un rapport de l’Inspection générale de l’administration. Ce rapport, remis à Manuel Valls en 2014, est resté secret pendant un certain temps. Il a fallu plus d’un an pour obtenir une version censurée et deux ans et demi pour récupérer une version complète. Ce rapport confirme les soupçons concernant les grands bénéficiaires des marchés des radars. Ces marchés ont généré plus de 2,5 milliards d’euros de dépenses depuis 2009.
Les principaux bénéficiaires des radars
Sans surprise, l’État est le principal bénéficiaire des radars. En 2018, les recettes des radars ont rapporté à l’État 860 millions d’euros, malgré une perte de 360 millions d’euros due au mouvement des gilets jaunes. Cependant, l’État aurait pu récupérer beaucoup plus d’argent en achetant les prestations aux opérateurs privés au meilleur prix. Il semble que les coûts ne soient pas suffisamment pris en compte, car les radars rapportent déjà beaucoup.
Des marges exagérées pour les entreprises
Une des entreprises qui a bénéficié des marchés des radars est Atos. Elle a géré pendant longtemps le Centre national de traitement automatisé des PV de Rennes, pour un montant total de 400 millions d’euros sur quatre ans. Atos faisait appel à de nombreux sous-traitants et prenait une marge sur chacun de ces sous-traitants, ce qui lui rapportait des millions d’euros supplémentaires chaque année. Ce type de pratique a permis à certaines grandes entreprises de profiter pleinement de ces marchés.
Une mise en concurrence insuffisante
Dans le film, les interlocuteurs soulignent l’urgence qui a empêché une mise en concurrence suffisante entre les entreprises. Le président Jacques Chirac, en faisant de la sécurité routière une priorité en 2003, a voulu aller vite et n’a pas laissé suffisamment de temps pour organiser une mise en concurrence équitable. Le rapport de l’Inspection générale de l’administration indique que l’État aurait dû procéder par les habituels allotissements, c’est-à-dire diviser le marché en plusieurs lots. Cette précipitation a permis à certaines grosses entreprises de tirer profit de cette situation.
Plaintes pour délits de favoritisme
L’association de lutte contre la corruption Anticor a déposé deux plaintes en 2015 et 2016 pour délits de favoritisme, mais aucune avancée significative n’a été enregistrée depuis. Cet été, Anticor a déposé de nouvelles plaintes avec constitution de partie civile afin de forcer l’ouverture d’une instruction. Sans Anticor, la justice n’aurait jamais été saisie. Heureusement, depuis fin 2015, les marchés de gestion du centre de traitement de Rennes ont été divisés et Atos a perdu son contrat juteux.
L’opacité reste un problème
Ce qui frappe le plus dans cette enquête, c’est l’opacité qui entoure ces marchés. Les informations demandées sont d’intérêt public, car il s’agit d’argent public et de milliards d’euros. Les responsables politiques défendent souvent ces marchés en mettant en avant le fait qu’ils ont permis de sauver des vies humaines, mais cela ne devrait pas empêcher de s’interroger sur la pertinence et l’évaluation des politiques publiques.
Ce documentaire percutant nous permet de mieux comprendre les coulisses des marchés publics des radars et de prendre conscience des enjeux financiers importants qui y sont liés. Il est essentiel de continuer à enquêter et à demander plus de transparence dans ces domaines.