Imaginez-vous conduire une voiture ancienne sur une longue autoroute, les cheveux au vent, en savourant chaque instant de votre voyage. Mais attendez, ne serait-il pas agréable de réduire le bruit du moteur et d’économiser un peu de carburant tout en roulant à grande vitesse ? C’est là qu’intervient l’overdrive, un système ingénieux qui n’est pas qu’un simple gadget pour les voitures anciennes. Laissez-moi vous expliquer comment cela fonctionne.
Le contexte
Nous sommes à la fin des années 50, une époque où les voitures commencent à introduire de nombreuses innovations techniques. Cependant, ces innovations peuvent parfois coûter cher. C’est alors que l’overdrive fait son apparition. Créé par Laycock-De Normanville, ce système a connu un grand succès en raison de son ingéniosité, de son utilité, de son faible coût et des nombreux avantages qu’il offre.
L’objectif de l’overdrive était simple : proposer une transmission surmultipliée. À l’époque, la plupart des boîtes de vitesses à 3 ou 4 rapports proposaient une dernière vitesse en prise directe. Bien que cette solution soit simple, elle avait l’inconvénient d’être ultime et ne pouvait être améliorée qu’en changeant les rapports de la boîte de vitesses. Avec l’ajout de l’overdrive, qui était un système supplémentaire monté sur la boîte de vitesses existante de la voiture, il était possible de descendre en-dessous du rapport 1 pour 1, ce qui permettait d’aller plus vite tout en réduisant la consommation de carburant.
Comment fonctionne l’overdrive ?
L’overdrive est en réalité une seconde boîte de vitesses qui s’ajoute à la première et qui est généralement montée à l’extrémité de celle-ci. Il utilise un train épicycloïdal composé d’un planétaire, de satellites et d’un porte-satellite qui est en fait une couronne dentée. Il est actionné par un moteur électrique qui immobilise le planétaire avec un embrayage solidaire du planétaire, c’est-à-dire l’arbre de sortie de la boîte de vitesses en temps normal. Grâce à cette immobilisation, ce sont les satellites qui transmettent le couple et font tourner la couronne dentée. Le rapport entre les dents des différents éléments détermine le rapport de transmission.
Un besoin universel, pas seulement réservé aux voitures britanniques
L’overdrive est devenu nécessaire lorsque les voitures britanniques ont commencé à gagner en puissance. Les petits roadsters étaient particulièrement appréciés, notamment par les militaires américains de retour d’Europe. Cependant, bien que les moteurs évoluent dans le bon sens en proposant des puissances de plus en plus importantes, les boîtes de vitesses étaient à la traîne avec leurs 3 ou 4 rapports et leur prise directe.
Ce n’était pas un gros problème lorsqu’on roulait à une bonne vitesse sur de petites routes. Cependant, lorsque les rapports étaient poussés sur de grandes routes et que le moteur était maintenu à haut régime pendant longtemps, cela devenait problématique. L’ajout de l’overdrive permettait donc de rouler sur ces grandes routes tout en réduisant la sollicitation du moteur. Le conducteur en retirait deux avantages majeurs : une diminution du volume sonore (surtout pour ces roadsters déjà bruyants) et une légère économie de carburant.
Différents modèles d’overdrive ont été développés pour différentes utilisations. Il était ainsi possible d’enclencher l’overdrive uniquement sur le dernier rapport (le 4ème rapport la plupart du temps) ou dès le troisième rapport, selon les cas.
Une utilisation étendue à travers le monde
Bien que l’on associe souvent l’overdrive aux voitures britanniques, il a été monté sur des voitures variées. Par exemple, Volvo en était un grand adepte, avec près d’un tiers des overdrives montés sur des voitures suédoises. Aux États-Unis, bien que les boîtes de vitesses automatiques soient reines, certaines voitures étaient également équipées de l’overdrive, comme la Ford Thunderbird. En France, on pouvait en trouver sur des Simca Vedette (le Rushmatic) ou sur les Facel Vega équipées de boîtes de vitesses manuelles Pont-à-Mousson.
On notera également d’autres applications, même chez… Ferrari ! Par exemple, la Ferrari 250 GT 2+2 pouvait être équipée d’un overdrive. Bien que le système manquait de dynamisme, il était compensé par le fait que la voiture était davantage conçue pour le plaisir de conduite que pour la performance pure.
L’overdrive a sauvé de nombreuses voitures, mais le développement technique a fini par prendre le dessus. Les constructeurs ont ainsi développé des boîtes de vitesses à 5 rapports qui ont rendu l’utilisation des overdrives inutiles dans les années 70.
En conclusion, l’overdrive était un système ingénieux qui a permis d’améliorer les performances et l’économie de carburant des voitures anciennes. Bien qu’il soit souvent associé aux voitures britanniques, il a été utilisé dans le monde entier, sur différentes marques et modèles. Aujourd’hui, nous pouvons apprécier les avancées technologiques qui ont rendu l’overdrive obsolète, mais il reste un témoignage fascinant de l’ingéniosité des constructeurs automobiles d’autrefois.