Des camps de Roms attaqués à Naples

Des camps de Roms attaqués à Naples

Au milieu des immeubles élevés de belle couleur ocre jaune qui composent la localité de Ponticelli, cité dortoir de Naples au pied du Vésuve, une énorme tâche ­noire s’étale au milieu des herbes folles.

Ce sont les restes d’un campement où une centaine de familles tziganes s’entassaient dans de méchantes baraques de bois et de tôle ondulée. L’autre soir, les riverains l’ont attaqué en pleine nuit et l’ont détruit avant d’incendier les restes au cocktail Molotov.

La tension monte à Ponticelli

Tout est parti d’un incident qui a exacerbé la situation. Une jeune Tzigane d’origine roumaine provenant du camp s’est infiltrée de jour dans l’appartement d’une résidence voisine. Elle s’est emparée d’un bébé de 17 mois et s’est enfuie. Les cris de Flora Martinelli, la jeune mère, ont alerté les voisins qui ont rattrapé la jeune fille et l’auraient lynchée sans l’arrivée des forces de l’ordre.

Dans les jours qui ont suivi, la dizaine de campements de fortune érigés autour de Ponticelli ont été à leur tour attaqués et, pour plusieurs d’entre eux, incendiés. Les carabiniers montent la garde devant ce qui reste des baraquements : téléviseurs, matériel hi-fi, vélos d’enfant, linge, meubles déglingués, vieux sommiers sont répandus à même la terre, dans une puanteur indescriptible.

Une goutte d’eau dans l’océan

Le problème des 2 000 Gitans de Naples et celui des quelque 60 000 d’Italie, dont bon nombre de Roumains de récente immigration, n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des problèmes que pose au ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, la préparation d’un paquet de mesures en vue de rétablir sécurité et ordre publics. Il n’envisage pas moins de désigner des «commissaires pour les Roms» à Naples, Rome et Milan.

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Retour aux manières fortes

C’est mercredi prochain que le Conseil des ministres se réunira à Naples pour adopter ce train de mesures. Silvio Berlusconi a remporté les élections sur la promesse de restaurer la sécurité publique et il est fermement déterminé à la tenir. Aussi le gouvernement prépare-t-il un retour aux manières fortes : tout clandestin arrêté sur le sol italien aura trois jours pour le quitter. Sinon, il sera considéré comme «fuyard» et comme tel recherché par les forces de l’ordre. Les récidivistes seront internés en centres de rétention pour plusieurs semaines. Les Roumains et autres ressortissants communautaires devront faire la preuve qu’ils disposent de ressources légales suffisantes pour subvenir à leurs besoins, sous peine d’être refoulés. Tout délinquant étranger condamné par les tribunaux sera expulsé sur-le-champ. Jeudi, 110 l’ont été après avoir été arrêtés lors d’une opération coup de poing et condamnés pour trafic de clandestins.

À l’approche de l’échéance, le gouvernement lâche toutefois du lest. Pas question d’expulser les quelque 450 000 aides-soignantes et aides domestiques, la plupart en situation irrégulière, qui assistent les familles, en particulier les personnes âgées. Le ministre de l’Intérieur a aussi promis qu’il n’y aurait pas d’expulsions massives. Quant au délit d’immigration, il ne sera plus passible des tribunaux pénaux. Il était temps : déjà l’Espagne de Zapatero, par la voix du vice-premier ministre Maria Teresa Fernandez, accuse l’Italie de «racisme». Et Bruxelles s’inquiète d’une dérive xéno­phobe.