Quentin Danel, un photographe passionné, a relevé un défi artistique audacieux en photographiant une personne de plus de 70 ans, nue, au milieu des arbres. Une comédienne a répondu à son appel à volontaires et la séance photo inédite a eu lieu tôt le matin le mardi 12 septembre 2023 dans une forêt près d’Orgelet (Jura).
Une expérience unique au coeur de la nature
Pour le photographe comme pour son modèle, il s’agissait d’une première. Malgré cela, ils se sont levés très tôt pour cette séance photo exceptionnelle. “Il faisait encore nuit”, confie Claire Guillon à France 3 Franche-Comté. “On a attendu les premiers rayons du soleil et puis on s’est mis au boulot.” À l’âge de 75 ans, cette comédienne ne regrette pas d’avoir participé à cette expérience incroyable.
La forêt était obscure, dense, presque hostile. Les arbres étaient si grands qu’ils laissaient à peine passer la lumière. On se serait cru dans un cachot, avec la lumière qui filtrait à travers les troncs comme entre les barreaux d’une prison. C’était une expérience presque mystique, telle une cathédrale en plein air avec une architecture naturelle impressionnante.
Comme promis, Quentin Danel a partagé les premières photos sur les réseaux sociaux, afin que tout le monde puisse y avoir accès. Il prévoit également de compléter l’album avec d’autres clichés dans les semaines à venir.
Une évidence artistique
Au début du mois de septembre, ce photographe de 34 ans, installé dans le Jura, a dévoilé ce projet un peu fou et a lancé un appel à volontaires sur sa page Facebook. Il recherchait des personnes âgées de plus de 70 ans pour créer un contraste entre l’humain et la nature dans ce décor si particulier.
Il a reçu de nombreuses candidatures, mais il a finalement choisi cette comédienne originaire de Paris. “Un ami photographe m’a parlé de ce projet et pour moi, c’était une évidence”, explique Claire Guillon. “On s’est appelé, on était en parfait accord sur le projet artistique et on a tout de suite adhéré.”
Un témoignage authentique
Claire Guillon travaillait dans la communication avant de se lancer dans le théâtre en 1997. Elle s’est ensuite formée au cinéma et a commencé à tourner des films en 2010. Amoureuse du Jura, elle possède une maison de famille dans cette région. Mais c’est surtout l’intention artistique du photographe qui l’a séduite, et plus précisément sa volonté de travailler avec des modèles plus âgés.
“On n’a pas besoin d’avoir 25 ans, d’être blonde et mince pour être mannequin”, affirme Claire Guillon. “C’est ce que je voulais montrer.” En tant que féministe engagée, elle dénonce le fait que les femmes de plus de 50 ans soient souvent mises de côté dans les milieux artistiques. Malgré cela, elle n’avait jamais posé nue auparavant. Elle considère cette expérience comme très enrichissante.
“Quand on porte des vêtements, on donne une image que l’on se fabrique. Le corps nu, c’est un habit dans lequel on ne peut plus tricher. On est enfin soi-même. C’est un sentiment très agréable de ne plus avoir à dissimuler”, confie-t-elle.
Le message artistique
“Ce n’est pas parce qu’on a plus de 70 ans qu’on ne peut pas être modèle photo, même nu”, souligne Quentin Danel. Ce message était important pour le photographe, mais ce n’était pas le seul objectif. Le lieu, exceptionnel, avait également son importance. Il avait envie d’explorer le “landscape nude”, un mouvement photographique qui combine nu et paysage. Cette approche artistique rejoint en quelque sorte son travail, car il est déjà connu pour avoir mis en scène des figurines Lego au cœur de la nature, créant ainsi des paysages magnifiques dans le Jura.
“Chaque personne qui regardera les photos aura une interprétation différente en fonction de son vécu et de ses ressentis”, explique Quentin Danel. “Certaines personnes se concentreront davantage sur l’acceptation du corps, tandis que d’autres verront plutôt le contraste entre l’humain et la nature.”
Le photographe n’exclut pas de renouveler ces séances photos avec de nouveaux volontaires. Pour l’instant, il n’a pas prévu d’exposer ses clichés. “L’art est gratuit”, dit-il, “je veux simplement partager mon travail avec un maximum de personnes, de manière simple et accessible. Mais peut-être qu’une galerie sera intéressée un jour pour organiser une exposition. Après tout, une photo est destinée à être imprimée sur du papier.”
