Vieilles, polluantes et dangereuses : les voitures d’occasion exportées par millions représentent une menace pour les pays en développement, faute de normes suffisantes, selon un rapport inédit publié par le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).
Trois millions de voitures par an
Entre 2015 et 2018, l’Union européenne, le Japon et les États-Unis ont exporté environ trois millions de voitures particulières par an, dont 70% vers des pays en développement.
Les pays européens envoient principalement leurs vieilles voitures vers l’Est, le Nigeria et la Libye, depuis les ports d’Anvers ou du Havre. Le Japon les envoie au Moyen-Orient et en Afrique australe, tandis que les États-Unis les exportent vers le Mexique et les Émirats arabes unis.
Une inspection des autorités néerlandaises fin 2019 dans le port d’Amsterdam a révélé que l’âge moyen des véhicules en attente était de 18 ans, avec un kilométrage moyen dépassant les 200 000 km. Pas moins de 93% de ces véhicules étaient aux normes Euro 3, voire inférieures.
Des exports à réglementer
Ce rapport est inédit et rassemble des données éparpillées jusqu’ici dans les registres nationaux.
Alors que le nombre de véhicules pourrait doubler d’ici 2050 pour atteindre les deux milliards d’unités dans le monde, il devient urgent de mieux réglementer ces exportations, souligne le PNUE. Il est important de noter que la Chine, qui interdisait l’exportation de voitures d’occasion jusqu’en 2019, pourrait devenir rapidement un acteur majeur de ce marché.
Par ailleurs, la part de véhicules diesel a explosé ces dernières années dans les exportations, alors que leur popularité diminue sur les marchés occidentaux.
“Rendre la flotte mondiale plus propre est une priorité pour atteindre nos objectifs climatiques et de qualité de l’air”, affirme Inger Andersen, directrice du PNUE. Elle ajoute que les pays développés doivent arrêter d’exporter des véhicules qui échouent aux tests de sécurité et de pollution, et qui ne pourraient plus rouler dans leur pays d’origine. Les pays importateurs devraient également adopter des normes de qualité plus strictes, en n’acceptant que des véhicules Euro 4 au minimum (depuis 2005-2006).
Un cadre plus strict se prépare dans certains pays
Le PNUE a constaté que deux tiers des 146 États étudiés ont des règles “faibles” ou “très faibles” concernant l’importation de véhicules.
Par exemple, la République démocratique du Congo impose une limite d’âge de 20 ans et aucune règle en termes d’émissions de gaz polluants. La Géorgie ne taxe les véhicules que selon leur cylindrée et possède l’une des flottes les plus anciennes au monde.
En revanche, une quarantaine de pays ont adopté des règles plus strictes sur les importations. Certains pays, comme le Chili et l’Afrique du Sud, interdisent l’importation de voitures d’occasion. Le Sri Lanka impose une limite d’âge de trois ans et soutient l’importation de véhicules électriques, dont l’offre d’occasion est appelée à se multiplier.
De son côté, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a récemment décidé de n’autoriser progressivement que des véhicules aux normes Euro 4 au minimum et âgés de 5 ans au maximum.
Il est essentiel de mettre en place des réglementations plus strictes pour contrôler ces exports de véhicules polluants et ainsi protéger l’environnement et la santé des populations des pays en développement.