Les Fondements de la Pratique : Les “Refuges”
On ne naît pas bouddhiste, on le devient par un engagement personnel appelé la “Prise de Refuge”. C’est à travers cette “profession de foi” dans les “Trois Joyaux” – le Bouddha, le Dharma et le Sangha – que l’on entre dans la communauté des disciples et que l’on exprime le souhait de suivre les enseignements de celui que l’on appelle “l’Eveillé”.
Le terme “sarana”, traduit généralement par “refuge”, ne doit pas être compris comme un lieu où l’on se réfugie pour échapper au malheur. Etymologiquement, “sarana” signifie “point d’appui” et “source de lumière”. Les Trois Joyaux sont donc les fondements sur lesquels on s’appuie pour avancer sur la Voie et ils éclairent les ténèbres de l’ignorance. Bien que cet engagement puisse être pris “en solitaire”, il est généralement formulé lors d’une fête ou d’une cérémonie, en présence d’un maître ou de pratiquants confirmés, souvent devant une statue du Bouddha. La Prise de Refuge n’est pas un engagement à vie, elle peut d’ailleurs être reformulée plusieurs fois par jour. Dans certaines pratiques de méditation, la récitation de la formule traditionnelle est considérée comme un moyen de focaliser l’esprit et de renforcer la motivation du pratiquant.
La Pratique Morale : Les Préceptes
La Prise de Refuge n’a de sens que si l’on met en pratique les enseignements du Bouddha. En plus de la méditation, le disciple suit généralement une conduite morale, exprimée par des préceptes ou des voeux. Leur nombre varie selon les écoles et le niveau d’engagement, allant de 5 à 10. Ces préceptes ne sont pas des “commandements”, mais plutôt des engagements envers une discipline intérieure qui permet de progresser vers l’éveil. Ils sont formulés de manière négative pour détruire les tendances “négatives” nourries par l’illusion et favoriser l’expression de la nature profonde de l’esprit dans sa pureté.
Les cinq préceptes les plus courants consistent à s’abstenir de :
- Nuire aux êtres vivants et ôter la vie.
- Prendre ce qui n’est pas donné.
- Mener une vie sexuelle dissolue.
- Utiliser des paroles inutiles, blessantes ou mensongères.
- Consommer des produits intoxicants altérant la maîtrise de soi (alcool ou drogues).
Au-delà des actes en eux-mêmes, il est primordial de prêter attention à l’intention qui les sous-tend et d’être prêt à la modifier.
Aller Plus Loin : L’Engagement Monastique
Toutes les écoles bouddhistes reconnaissent que les laïcs ont la capacité d’atteindre des états de réalisation élevés, voire l’Eveil lui-même. Cependant, la pratique régulière ou intensive de la méditation peut être difficile à concilier avec les responsabilités de la vie mondaine. C’est pourquoi il est valorisé de mener une vie “hors du monde” et les bhikkhus (ou “renonçants”) sont généralement respectés. Bien que certains choisissent une vie solitaire en tant qu’ermites, la majorité des bhikkhus vivent en communauté. Certains monastères ont même compté plusieurs milliers de “moines”. Deux ordinations, mineure et majeure, permettent d’intégrer ces communautés. Le nombre de préceptes à suivre varie en fonction de l’ordination. Ces préceptes forment la règle de vie (Vinaya).
La première ordination, “mineure”, comporte dix préceptes. L’ordination “majeure” n’est généralement accordée qu’après une dizaine d’années de “noviciat”. Elle comprend entre 227 et 258 préceptes selon les écoles, et jusqu’à 366 pour les nonnes. Tous les quinze jours, une récitation publique de ces préceptes a lieu en présence de l’ensemble de la communauté. Les moines déclarent s’ils ont enfreint l’une des règles ou gardent le silence s’ils ne l’ont pas transgressée. Cette cérémonie de “confession publique” est le seul rituel communautaire auquel tous les moines sont tenus d’assister.