Pour les observateurs du marché de l’occasion, ce qui se passe depuis le début de la pandémie de Covid-19 est proprement hallucinant. Du jamais vu. Mais c’est aussi parce que les chamboulements qu’a subi le marché du neuf n’avaient jamais été vus non plus.
Si je vous dis que depuis 2020 et le début de la désorganisation mondiale due au virus, les voitures d’occasion coûtent “en moyenne” 40 % de plus à âge et kilométrage égal, vous y croyez ? Difficile, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est bien le cas. Les voitures les plus anciennes, celles de plus de 15 ans, ont même, selon les chiffres de La Centrale, vu leurs cotes exploser de + 63 %, passant de 4 325 € à 6 900 € !
C’est là le résultat de la toute bête loi de l’offre et de la demande : en effet, durant la pandémie, la production de voitures neuves a été ralentie voire stoppée. Les prix ont par ailleurs également augmenté (inflation mais aussi électrification). Par conséquent, les délais de livraison se sont allongés, et les acheteurs se sont alors rués sur le marché de l’occasion. Où les tarifs ont logiquement augmenté face à une demande plus forte que l’offre.
Les occasions récentes d’abord ont vu leurs prix se renchérir, au point parfois de se vendre plus cher que les neuves. Puis cela a fait effet boule de neige, et les occasions les plus anciennes ont elles aussi vu leurs cotes atteindre des sommets.
De nombreux acheteurs renoncent à remplacer leur occasion. À tort ?
Plus récemment, on observe une stabilisation des prix. Et cela semble logique : on atteint désormais la limite devant laquelle un acheteur renonce à acheter, ne pouvant mettre plus cher, ou ne pouvant se résoudre à opter pour plus petit ou plus kilométré.
Ainsi, de nombreux propriétaires renoncent à renouveler leur vieille voiture, et décident de garder l’ancienne plus longtemps.
Mais dans le même temps, il peut aussi être tentant de se séparer de son occasion, vu que les prix de revente sont au plus haut, et en tirer bien plus qu’on aurait jamais espéré… Dilemme !
Alors que faut-il faire ? Garder, ou revendre ? En fait tout dépend de votre situation, et de la voiture que vous possédez. Car l’opération peut être intéressante, ou pas… Voyons quelques cas d’école.
Vous possédez et une occasion Crit’Air 4, 5 ou sans vignette
Les voitures qui disposent d’une vignette 4 ou 5, c’est-à-dire les diesels entre 97 et 2005 globalement, ainsi que les autos sans vignette, sont tout de même celles qui intéressent le moins. En effet, les diesels sont aujourd’hui boudés, car ils risquent tous, à moyen terme, d’être bannis des zones à circulation restreinte, même si les échéances de ces restrictions de circulation sont sans cesse repoussées.
Leurs cotes sont donc au plus bas. La revente est assez ardue, même si cotes qui remontent de partout font qu’eux aussi gardent une certaine valeur. Mais comparativement aux autres, les cotes sont restées à un niveau disons… normal.
Dans ce cas, Il vaut mieux garder. Et mener l’auto jusqu’au bout, ou jusqu’à ce que les restrictions de circulation vous empêchent véritablement de rouler.
Car revendre pour acheter une voiture neuve dont le prix moyen a bondi de 20 % en trois ans, ou une occasion qui a augmenté de 30 % ou plus, ce n’est pas vraiment une bonne opération, si votre auto fonctionne parfaitement.
À la rigueur, revendez si vous décidez de vous passer de voiture, car ce sont des autos qui vont à l’avenir perdre encore pas mal de valeur.
Vous possédez une voiture Crit’Air 3
Le cas des voitures qui arborent une vignette Crit’Air 3 est plus difficile. Ce sont les diesels entre 2006 et 2011, et les essence entre 97 et 2005. Ces autos, avec la pénurie d’occasion, et plus encore celle d’occasion à petit prix, ont vu depuis 2 ans, leurs cotes s’apprécier, contrairement à ce qui était le cas auparavant. Oui, avant, elles étaient en perte de vitesse à cause des projets de ZFE-m, mais comme ces dernières peinent à être mises en place, sont repoussées, et qu’on manque de voiture, le résultat est que leur valeur se maintient à des niveaux très élevés.
C’est moins le cas pour les diesels, qui gardent une cote disons moyenne, alors qu’ils auraient dû plonger. Mais les essence ont des cotes entre 30 et 60 % plus élevées que ce qu’elles devraient. Ainsi, une banale Renault Clio 2 essence de 2003/2004 peut encore coter plus de 3 000 €, soit le double de la théorie.
Faut-il en profiter ? Nous pensons que non. Tout simplement parce que pour la remplacer, vous aller également devoir, en ce moment, investir beaucoup plus ! Pour la remplacer par une Clio 3 “Crit’Air 2” de 2008 ou 2009 par exemple, il vous en coûtera un surcoût moyen de 2 500 €. Pour la Remplacer par une Clio 4 “Crit’Air 1”, ce sera un surcoût de 3 000 € minimum par rapport aux prix d’avant crise. Et nul besoin de dire qu’une Clio 5 neuve de moyenne gamme, c’est aujourd’hui 22 000 € !
Ce que vous avez récupéré à la revente sera englouti, et plus encore, par le surcoût de l’occasion à racheter.
Le seul cas, encore une fois, où il est intéressant de vendre, c’est quand on se passe ensuite de voiture ! Là, c’est une petite aubaine.
Vous possédez une auto Crit’Air 2
Il s’agit des diesels depuis 2011, et des essence entre 2006 et 2011 (pour schématiser, car en fait, la vignette correspond à la norme Euro respectée, et certaines autos ont anticipé, la vignette Crit’Air 2 correspond à la norme Euro 4 pour les essence, et Euro 5 et 6 pour les diesels).
Ce sont donc des autos qui ont entre 0 et 12 ans pour les diesels, et entre 12 et 17 ans pour les essence. C’est la catégorie de véhicule dont les cotes ont le plus augmenté. Il n’est pas rare de pouvoir revendre son occasion le même prix qu’on l’a achetée, alors qu’elle a 3 ou 4 ans de plus et souvent 40 000 à 50 000 km en sus. Incroyable.
C’est moins vrai pour les diesels, certes, mais étonnamment, leurs cotes se maintiennent quand même à des niveaux tout à fait normaux, tandis que les essence surcotent de façon délirante.
Nos conseils :
- Conserver si vous avez un diesel, et que vous vouliez le remplacer. La surcote d’un modèle essence d’occasion ou la hausse des prix du neuf serait alors énorme à absorber.
- Conserver si vous possédez une auto essence, et que vous vouliez la remplacer par une occasion. La surcote de la nouvelle serait plus importante que la surcote de la revente. Pour schématiser; la soulte à remettre au pot serait plus importante qu’en temps normal.
- Revendre si vous ne rachetez rien derrière. Dans ce cas de figure, c’est tout bénéfice. Et comme les cotes ont tendance à se stabiliser, aucun bénéfice à attendre encore.
- Revendre si vous achetez neuf. En effet, même si les prix du neuf se sont appréciés grandement, ils ont moins augmenté que les prix des occasions. Il peut donc être intéressant de revendre à très bon prix son occasion, et acquérir une auto neuve, dont les tarifs redeviennent en ce moment négociables, et dont les délais de livraison reviennent presque à la normale.
Vous possédez une auto Crit’Air 1
Ce sont toutes les voitures essence depuis janvier 2011. Leurs cotes sont au plus haut, ou plus exactement, elles baissent très lentement, bien plus lentement que d’habitude, comme les Crit’Air 2. Elles sont en tout cas très demandées, et manquent partout en ce moment, que ce soit chez les professionnels ou les particuliers, qui les gardent. Et ils les gardent parce qu’ils ne savent pas vraiment quoi racheter (essence, hybride, hybride rechargeable, électrique) et parce que les prix neufs ont beaucoup augmenté. Cependant, cela peut être un bon plan de revendre.
Nos conseils sont les mêmes que pour les autos Crit’Air 2, à savoir conserver si vous vouliez racheter une occasion. Mais revendre si vous voulez racheter neuf, ou si vous ne rachetez rien derrière. En effet, vous tirerez un très bon prix de votre auto, et comme nous l’avons vu, le marché du neuf se détend un peu. Ce qui fait qu’à notre avis dans peu de temps, le prix des occasions va commencer à baisser, et à retrouver petit à petit un niveau normal, à mesure que le marché du neuf retrouvera sa normalité lui aussi.
C’est donc à notre sens le bon moment pour vendre une voiture assez récente, celui où vous perdrez le moins.
Par contre, si vous comptiez racheter une occasion plus récente, le montant à remettre au pot sera élevé, vu que la surcote de la nouvelle sera supérieure en valeur à la surcote de votre auto…
Le cas des hybrides
Les voitures hybrides, sauf exceptions, sont toutes Crit’Air 1, ou 2 au pire. Elles sont EXTRÊMEMENT recherchées sur le marché de la seconde main. Pour preuve, alors que le marché recule de presque 6 % depuis le début de l’année, les hybrides, elles, progressent de presque 10 % !
Leurs cotes sont tout simplement presque qualifiables de honteuses. Des Prius de 10 ans et plus de 200 000 km se revendent encore plus de 12 000 €, soit plus de 40 % de leur valeur. Des Auris break de 100 000 km et 5 ans partent à 22 000 €, soit une décote de moins de 30 %.
Pour les heureux propriétaires de ces autos, notre conseil est de conserver si le but est de racheter une hybride, qui connaîtra le même phénomène lors du rachat, mais de revendre si vous comptez reprendre une auto non hybride ou une voiture neuve. Vous ferez alors une excellente opération, car les prix de ces dernières se sont moins apprécié que les cotes des hybrides. Vous serez gagnants.
Le cas des électriques
Il dépend ici moins des cotes que des progrès technologiques. Notre conseil est le suivant : même si votre VE vous convient, vous avez tout intérêt à le revendre dès que vous voudrez changer. En effet, les cotes se maintiennent à des niveaux très hauts et les prix en neuf ont pu descendre un peu.
De plus, on peut parier sur l’arrivée progressive de modèle plus efficients, avec plus d’autonomie, et pourquoi pas de nouvelles technologies de batteries, qui changeront la donne. Et feront baisser drastiquement les cotes des modèles plus anciens. N’attendez pas qu’il soit trop tard. Et pour le coup, un achat en leasing est une bonne idée.