Le groupe Laurent, l’un des principaux acteurs indépendants de la pièce détachée automobile en France, se trouve confronté à une concurrence de plus en plus féroce de la part de grands opérateurs nationaux et internationaux ainsi que du commerce en ligne. Pour faire face à ce défi, le groupe a entamé une restructuration depuis plusieurs années, se traduisant par une série de cessions de ses activités.
Contrôle partagé entre Renault et Mobivia
Renault, actionnaire minoritaire depuis 2017 d’Exadis, une société de sourcing et de logistique de pièces de rechange multimarques appartenant au groupe Laurent, s’apprête maintenant à en partager le contrôle total avec Mobivia. Cette cession va donner naissance à la première co-entreprise entre le constructeur automobile et le groupe détenu par la famille Mulliez, qui se présente comme le “leader européen de l’entretien et de l’équipement de véhicules” avec des marques telles que Norauto, Midas, Point S, ATU et Carter Cash.
Développement autonome d’Exadis
Les futurs actionnaires d’Exadis prévoient de développer de manière autonome son activité de distributeur-stockiste de pièces automobiles multimarques. Pour ce faire, ils comptent s’appuyer sur une gestion centralisée et une offre étendue de pièces détachées et de services disponibles au sein d’un réseau de neuf plateformes logistiques couvrant l’ensemble du territoire français, notamment à Saint-Etienne, Saint-Priest (Rhône), Lille, Marseille, Nancy, Nantes, Paris, Toulouse et Bordeaux. Ces plateformes seront mises à profit non seulement par les ateliers et concessions Renault, mais également par les 2 070 ateliers et magasins des neuf marques de Mobivia.
Cessions successives pour financer la restructuration
La vente des 65% des parts détenues dans Exadis permettra au groupe Laurent, dirigé par Vincent et Benjamin Laurent, de financer la poursuite de sa restructuration par le biais de cessions successives qui se sont multipliées depuis 2017. Dans un marché de la pièce détachée multimarques devenu extrêmement tendu, le groupe a dû fermer 25 magasins et vendre une dizaine d’autres à des distributeurs indépendants. Par ailleurs, dans le cadre de cette restructuration, le groupe s’est également séparé de sa branche industrielle en 2014 et de son activité poids-lourds l’an dernier, en vendant huit agences et en fermant les cinq autres.
Recherche de partenaires pour assurer la survie
Malgré les efforts consentis par les actionnaires pour mener à bien cette coûteuse restructuration, la défection d’un partenaire bancaire a contraint le groupe à demander la mise en redressement judiciaire de sa société historique, Laurent Père & Fils. Cette dernière, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 40 M€ en 2018 avec un résultat net négatif de 5 M€, compte actuellement 155 salariés. Afin de garantir la survie des 25 derniers comptoirs de vente de pièces automobiles du grand Sud-Est de la France, les dirigeants sont à la recherche de partenaires. Ils précisent que les autres filiales du groupe, Cap V.I., Colour, First Équipement, Lube & Fluid et EGS Formation, qui emploient 450 personnes et ont réalisé un chiffre d’affaires de 120 M€ l’an dernier, ne sont pas concernées par la procédure de redressement.
Denis Meynard
Caption: Les plateformes logistiques d’Exadis couvrent l’ensemble du territoire français.
Caption: Les marques Norauto, Midas, Point S, ATU et Carter Cash font partie du groupe Mobivia.
