Le parking souterrain de la résidence Les Clefs de la Forêt est le théâtre de deux agressions perpétrées contre des dames âgées en moins d’un mois. Il semblerait que les mêmes auteurs soient responsables de ces actes préoccupants.
Une résidence sous l’emprise d’une bande
Les 1 200 habitants de la copropriété, qui compte 400 logements, se demandent si une bande ne sévit pas dans le parking souterrain afin de dépouiller les femmes âgées. Cette question se pose également aux policiers qui enquêtent sur deux affaires aux modes opératoires similaires.
La première agression a eu lieu le 12 mai à 14h. Une femme âgée de 71 ans stationnait sa voiture au niveau -4 lorsqu’elle a été surprise par deux hommes, dont l’un brandissait un couteau. Ils lui ont exigé sa carte bancaire et son code confidentiel. La septuagénaire était sans sac à main, car elle avait préalablement rangé ses courses chez elle avant de se garer.
Les agresseurs ont ensuite demandé à la victime de les accompagner jusqu’à son appartement. Cependant, elle a affirmé que des membres de sa famille se trouvaient chez elle, ce qui a dissuadé les deux hommes de monter. Malgré tout, plusieurs coups ont été portés, et les agresseurs sont repartis avec les clés de la dame âgée ainsi que la télécommande d’accès au parking souterrain de la résidence.
Un retour pour obtenir les bons codes
Le 6 juin vers 19h, moins d’un mois après la première agression, deux hommes ont de nouveau pris pour cible une autre retraitée au même endroit. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir de sa voiture, elle a vu “une silhouette sombre” fondre sur elle. Selon son témoignage, un individu l’a immobilisée sur le siège passager tandis qu’un second homme s’emparait de son sac à main posé sur le tapis de sol à l’avant du véhicule. Ce dernier s’est ensuite assis à l’arrière pour fouiller le sac. Il a découvert le portefeuille de la victime contenant ses deux cartes bancaires et a exigé les codes. La dame âgée a fourni de faux codes. Le complice qui se trouvait à l’arrivée de la voiture s’est dirigé vers le distributeur automatique de billets le plus proche, situé dans le quartier de la Bruyère et de l’autre côté de la D190, tandis que l’autre maintenait la victime séquestrée dans la voiture.
Quinze minutes plus tard, le deuxième individu est revenu menacer la retraitée pour obtenir les bons numéros. Puis il est retourné au distributeur automatique de billets, pendant que son complice maintenait toujours la vieille dame sous contrainte. Plus de dix minutes après, le “geôlier” a finalement relâché la victime et lui a ordonné de ne pas bouger avant de prendre la fuite. La dame, qui a été frappée au visage pendant l’agression, s’est réfugiée chez elle. Au total, l’individu en question a dérobé 2 000 euros sur son compte bancaire.
Le signalement des agresseurs
Les deux victimes ont porté plainte et ont donné la même description de leurs agresseurs : deux jeunes hommes âgés de 18 à 20 ans, originaires d’Afrique subsaharienne. Selon la seconde victime, celui qui l’a séquestrée mesure environ 1,80 mètre, a une silhouette élancée et ressemble à un Sahélien. Au moment de la deuxième extorsion, il portait un anorak sombre avec une capuche. Le premier agresseur est décrit comme plus petit, mesurant environ 1,70 mètre, de corpulence robuste avec un visage plus rond que son complice. Il portait un sweat à capuche gris clair. Les deux individus parlent français sans accent.
Bien que les faits semblent avoir été commis par les mêmes auteurs, la police n’exclut aucune possibilité.
“Même si deux agressions paraissent similaires, elles peuvent avoir été commises par des personnes différentes qui se ressemblent”, explique une source policière. “Ou le premier groupe peut avoir parlé de son forfait à des connaissances qui ont cherché à l’imiter.”
Les deux affaires ont été confiées aux mêmes enquêteurs.
Une psychose grandissante
Dans la résidence, l’inquiétude grandit, voire s’installe déjà. Le conseil syndical a organisé une réunion d’information jeudi dernier, en présence de la police et de la municipalité, dans le but de rassurer les habitants. Toutefois, il est difficile de garantir à 100% l’efficacité de ces mesures.
Geneviève, une des victimes, a vécu une expérience traumatisante qui a duré trente minutes. Une semaine seulement après les faits, elle ressent le besoin de partager ce calvaire avec les autres. “Quand le plus grand m’a immobilisé contre le siège, je me suis débattue, j’ai crié, donné des coups de klaxon et sûrement même griffé”, raconte cette femme de 73 ans. “Il m’a frappée au visage et a mis sa main sur ma bouche pendant un moment pour me faire taire. J’aurais pu étouffer !”
Elle se souvient que les mains de l’agresseur sentaient le cambouis. Lorsqu’elle a compris qu’un des agresseurs la retenait tandis que l’autre allait retirer de l’argent, elle a donné de faux codes de carte bancaire. Elle a cru que ses dernières heures étaient arrivées : “Je savais qu’il ne serait pas content en revenant”, explique-t-elle calmement. “À son retour, il m’a menacée davantage. Il m’a dit : ‘J’ai un couteau’ – je ne l’ai jamais vu – ‘je vais te taillader le visage et même te tuer si tu te moques de moi une fois de plus. Si je dois encore revenir, ce ne sera pas pour rien’, sous-entendant qu’il y aurait des représailles.” Pendant sa séquestration, elle a essayé de parler avec son ravisseur pour gagner sa confiance et l’humaniser, sans succès. Elle lui a demandé comment ils avaient accédé au parking, et il a répondu : “Ça, c’est mon secret”. Elle lui a ensuite demandé s’il n’avait pas honte, il a rétorqué : “Je m’en bats les c…” Lorsqu’elle a évoqué ses origines, il lui a dit qu’il était haïtien, mais elle ne le croit pas. “Nous avons vécu en Afrique avec mon mari, et il a vraiment le type morphologique sahélien : grand, athlétique, le visage fin.”
Signe peut-être de l’amateurisme des deux jeunes, 110 euros en liquide se trouvaient dans le portefeuille de la victime, mais les agresseurs ne les ont pas pris. “Ce sont des enfants sans repères”, estime Geneviève qui, désormais, n’utilise plus le parking souterrain.
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