L’économie sociale et solidaire (ESS) est un domaine en pleine expansion qui attire de plus en plus d’entreprises. L’entrepreneuriat social et l’intrapreneuriat social font désormais partie des problématiques les plus discutées au sein des compagnies. Les collaborations entre l’ESS et l’économie traditionnelle se multiplient et se diversifient, au point que certains observent dans l’ESS l’émergence d’un nouveau modèle entrepreneurial, capable de transformer durablement la manière dont les entreprises (même les plus grandes) mènent leurs affaires.
Qu’est-ce que l’ESS ?
L’ESS regroupe toutes les structures économiques dont le statut, l’organisation, le fonctionnement et l’activité sont basés sur les principes de la solidarité, de l’équité et de l’utilité sociale. Ces structures ont pour objectif de favoriser la création d’emplois dans une perspective d’insertion et/ou de réinsertion, ainsi qu’une plus grande cohésion sociale. Les entreprises de l’ESS sont principalement constituées sous forme d’associations, de mutuelles, de coopératives ou de fondations. Elles adoptent des dispositifs de gestion et de décision participatifs et démocratiques, avec une utilisation stricte des résultats financiers (pas de profit personnel, réinvestissement des bénéfices). Sous réserve d’agrément, elles peuvent bénéficier de financements publics dédiés.
Les acteurs de l’ESS
Le développement de l’ESS et son soutien dépendent essentiellement de sa reconnaissance par les pouvoirs publics, des plus hautes instances politiques jusqu’aux décideurs locaux, ainsi que par le monde économique dans son ensemble. Afin de défendre et promouvoir les valeurs de l’ESS et encourager son financement, les différents acteurs de ce domaine se sont structurés peu à peu, en mettant en place des partenariats tant publics que privés. En France, parmi les organisations les plus représentatives, on peut citer le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale (CNCRES), le Mouvement associatif, Coop FR (coopératives), le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF), le Mouvement pour l’économie solidaire (MEE) et la Fédération des entreprises d’insertion.
Le poids économique de l’ESS
Dans le cadre de sa Stratégie Europe 2020, l’Union Européenne met en place un ensemble de mesures en faveur de l’ESS, pour des raisons tant de croissance économique que de cohésion sociale. L’ESS représente une part de plus en plus significative de l’économie dans son ensemble. Rien qu’en France, les chiffres de 2015 sont éloquents :
- 2,37 millions de salariés
- 221 325 structures labellisées ESS
- 10,5 % de l’emploi total
- 13,9 % des emplois privés
- 15 % de l’emploi féminin
- Une augmentation de 25 % du nombre de salariés depuis 2000
- 600 000 postes disponibles d’ici 2020 (créations et remplacements de retraités)
La réglementation de l’ESS
En France, l’ESS est régie par la Loi n°2014-856, promulguée en juillet 2014 et complétée en septembre 2016. Cette loi vise à établir et consolider les règles et la gouvernance de l’ESS, ainsi que ses modes de financement. Elle permet notamment aux structures à statut commercial d’adhérer aux principes de l’ESS et d’intégrer des objectifs d’utilité sociale. La loi prévoit également un dispositif d’agrément appelé ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale). Cet agrément est nécessaire pour bénéficier de certains soutiens et financements dédiés.
Des exemples et entreprises de l’ESS
L’ESS est un vaste et diversifié écosystème regroupant de nombreuses entreprises et initiatives. Voici quelques exemples :
- Les coopératives : des entreprises où les membres (salariés, consommateurs, producteurs) détiennent collectivement le capital et décident ensemble des orientations stratégiques de l’entreprise. Exemples : la coopérative agricole La Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel, la coopérative d’habitat Coopimmo.
- Les associations : des structures sans but lucratif qui œuvrent pour l’intérêt général, souvent dans le domaine social, culturel ou environnemental. Exemples : la Croix-Rouge française, Greenpeace, Emmaüs.
- Les mutuelles : des entreprises sans but lucratif qui offrent des services de protection sociale à leurs membres. Exemples : la Mutuelle Générale de l’Education Nationale, la Mutuelle Familiale.
- Les fondations : des structures qui mènent des actions d’intérêt général, souvent en finançant des projets ou en développant des programmes d’aide. Exemples : la Fondation Abbé Pierre, la Fondation Nicolas Hulot.
- Les entreprises sociales : des entreprises qui visent à résoudre des problèmes sociaux ou environnementaux en développant des solutions innovantes et durables. Exemples : La Ruche qui dit Oui, Too Good To Go.
Ces exemples ne sont pas exhaustifs, mais ils illustrent la diversité des structures de l’ESS et leur capacité à répondre à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
L’ESS est donc un modèle entrepreneurial en plein essor, qui attire de plus en plus d’entreprises soucieuses de l’intérêt général. Avec une coopération croissante entre l’ESS et l’économie traditionnelle, certains envisagent l’émergence d’un nouveau modèle entrepreneurial capable de transformer durablement les pratiques des entreprises, même les plus grandes. Pour en savoir plus sur ce sujet passionnant, découvrez notre vidéo de la conférence organisée à PRODURABLE 2016 : L’entrepreneuriat social peut-il transformer l’entreprise ?