Lorsque l’on me demande quel est mon métier d’éducatrice spécialisée, la question qui suit est souvent “spécialisée en quoi ?”. Cette interrogation m’a fait réfléchir plus d’une fois, même lorsque j’étais encore étudiante. En réalité, la réponse est simple et complexe à la fois : il faut avoir pratiqué pour pouvoir la donner. En effet, la théorie ne vaut rien sans la pratique.
Tout d’abord, si l’adjectif “spécialisé” est ajouté à notre profession, c’est tout simplement parce que le métier d’éducateur va bien au-delà du cliché du surveillant d’école. Sur nos diplômes, on peut lire “spécialisé en accompagnement psycho-éducatif” afin de nous différencier de cette image réductrice. En effet, les éducateurs sont formés pour intervenir dans différents contextes : auprès des enfants, des adolescents et des adultes. Et de ces divers horizons découlent de nombreux autres domaines qu’il faut apprendre à maîtriser. On dirait presque que nous partons en guerre… et cela n’est pas tout à fait faux. Faisons un petit détour sur le métier.
Un métier aux multiples facettes
L’éducateur intervient lorsque l’ordre social, familial, psychologique et/ou biologique est bouleversé. Il cherche à favoriser le développement des individus en difficulté, à restaurer leur parole et leur identité, et à les confronter aux lois et aux choix de vie pour assurer leur sécurité et leur bien-être. Il est donc difficile de définir précisément ce métier qui est à la fois multiforme et imprécis. Il n’y a pas de savoir-faire ni de techniques propres à cette profession, chaque cas est unique. La formation de l’éducateur vise à lui donner toutes les bases nécessaires pour prendre son envol. Ensuite, selon le lieu où il exerce, l’éducateur cherchera à se spécialiser. Et il y a beaucoup de choix en dehors du domaine scolaire !
D’après une petite enquête réalisée auprès de 28 éducateurs en Belgique et en France, j’ai découvert des éducateurs travaillant avec les jeunes enfants, en institution, dans la rue, auprès de personnes handicapées, dans des maisons de repos et même dans le domaine du spectacle. Et la liste est loin d’être exhaustive. Je connais personnellement une éducatrice équine et un éducateur canin qui mettent en relation l’être humain et l’animal. Il existe certainement d’autres spécialisations, car les éducateurs ne manquent pas de créativité et de motivation !
Comme dans tous les métiers, on trouve du bon et du moins bon. Dans mon cas, en travaillant dans une maison de repos, je me sens souvent limitée dans mes actions. Les projets ne manquent pas et il est possible d’accomplir de grandes choses, à condition d’avoir la détermination nécessaire. Mais malheureusement, il me manque parfois les autorisations et le soutien de l’administration. Cela peut être décourageant… Cependant, le positif est que malgré la population âgée, je trouve quotidiennement de l’épanouissement dans mon travail. Chaque jour est différent et c’est ce qui rend ce métier magique à mes yeux.
Paroles d’éducateurs sur le terrain
J’ai demandé à certains éducateurs de partager leur expérience et leurs opinions sur leur métier. Voici trois témoignages qui m’ont marquée :
- Josiane Desmarais, éducatrice auprès des enfants, explique : “Nous travaillons avant tout pour les enfants, pas pour nous. Notre rôle est d’observer les enfants, de découvrir leurs intérêts et de construire des activités autour de cela. Nous ne devons pas leur imposer nos propres intérêts.”
- Michel Evrard, éducateur responsable d’un foyer médicalisé pour personnes handicapées mentales, raconte : “J’ai choisi de me former en tant qu’éducateur spécialisé car je recherchais des solutions, des réponses, une véritable boîte à outils…”
- Le dernier témoignage d’un éducateur travaillant auprès d’enfants placés par la justice est anonyme, mais exprime une grande intensité émotionnelle : “Ce métier est dur, parfois difficile. Nous sommes confrontés à de nombreuses injustices qui pourraient nous pousser à baisser les bras. Pourtant, notre mission est d’accompagner. Nous gardons la tête haute et transmettons notre joie de partager notre quotidien avec eux.”
Pour ma part, j’ai choisi de devenir éducatrice spécialisée en gérontologie. Même si je sais que la mort guette mes bénéficiaires, je les accompagne jusqu’au bout et je suis fière de mon métier et de ma spécialisation !