Toujours considérées comme trop coûteuses, les voitures électriques deviendront enfin plus abordables. Nous vous expliquons pourquoi.
Un récent sondage réalisé par l’opérateur Electra a révélé que la moitié des propriétaires de voitures thermiques étaient prêts à passer à l’électrique à court ou moyen terme. Cependant, pour ceux qui hésitent encore, le principal obstacle reste le coût élevé. Cette justification a été donnée par 80 % des personnes interrogées, soit une augmentation de 11 points par rapport à l’étude précédente en 2022.
Il est indéniable que les voitures électriques restent onéreuses, et leurs prix ont même augmenté ces dernières années. Cette tendance contraste avec la démocratisation de ces véhicules, qui représentaient près de 15 % des ventes de voitures neuves au premier semestre 2023 en France.
La hausse des coûts de production, liée notamment à l’énergie, au transport et aux matériaux, a été répercutée sur le prix des voitures électriques, tout comme sur celui des voitures thermiques. Toutefois, il est important de ne pas comparer les prix des voitures électriques actuelles avec ceux des modèles thermiques achetés il y a quelques années. En effet, nous vivons à une époque où une Peugeot 208 essence de base coûte 19 200 €. Malgré tout, la situation s’améliore peu à peu en ce qui concerne les coûts des voitures électriques. Certains constructeurs, comme Renault avec les modèles Clio et Arkana, ont déjà commencé à réduire leurs prix.
Une concurrence de plus en plus féroce
Les voitures électriques ont été doublement affectées par la hausse des coûts des matériaux, notamment ceux utilisés pour la carrosserie, l’habitacle et les batteries. Le cas le plus marquant de cette période d’inflation est celui de la Dacia Spring, dont le prix de base est passé de 16 990 à 20 800 € en deux ans et demi.
Malgré tout, les choses changent et les voitures électriques deviennent peu à peu plus abordables. En janvier 2023, Tesla a lancé une guerre des prix sur le marché de l’électrique. En une nuit, le prix de sa Model 3 Propulsion est passé de 53 490 € à 44 990 € ! Il est même descendu à 41 990 €, grâce à une prime de 5 000 € réservée aux véhicules de moins de 47 000 €, ce qui ramène le prix à 36 990 €. À ce prix-là, on peut s’offrir une Peugeot 308 diesel. Toutefois, Tesla a vu le Model Y voler la vedette à la Model 3. Le prix du Model Y Propulsion est passé de 49 990 € à 45 990 €.
Ces baisses de prix ont poussé les concurrents à réagir. La concurrence est donc le premier levier permettant une baisse des prix sur le marché de l’électrique. Tesla a clairement secoué ses rivaux et les a poussés à adapter leurs offres. Par exemple, chez Skoda, on peut actuellement trouver un Enyaq 80, avec une grosse batterie offrant une autonomie de 540 km, à 46 990 € au lieu de 53 190 €. Mercedes a également réduit le prix de départ de ses modèles EQA et EQB.
En plus de se faire concurrence mutuellement, les marques historiques sont également confrontées à de nouveaux acteurs. Outre Tesla, on pense notamment à MG, qui propose sa compacte MG4 à 29 990 € hors bonus, avec une autonomie de 350 km. En comparaison, une Renault Megane commence à 38 000 € pour une autonomie de 300 km. Le constructeur français a toutefois indiqué qu’il ne participerait pas à la guerre des prix initiée par MG et Tesla, afin de ne pas dévaloriser la valeur résiduelle de ses véhicules. Néanmoins, il est fort probable que le prix de la Megane baisse prochainement.
Enfin, les économies d’échelle
La raison ? Le Scenic, qui sera transformé en SUV électrique basé sur la Megane. Si Renault souhaite le vendre avec succès, il devra veiller à ce que la plupart de ses modèles restent éligibles à une prime. Cela signifie qu’ils doivent rester en dessous de 47 000 €. Or, la Megane avec une grande batterie commence actuellement à 42 000 €. Il est donc probable que son prix baisse légèrement pour se démarquer. Une stratégie similaire a été appliquée lors du lancement de la Megane, ce qui avait permis une baisse (temporaire) des prix de la Zoé.
Pour justifier une baisse des tarifs de la Megane, Renault pourra mettre en avant la hausse des volumes de production grâce au Scénic. Dans cet exemple, la Megane et le Scenic partageront la même base, certains moteurs et batteries, ainsi que le site de production de Douai. Tout cela permettra de réduire les coûts de production et donc les prix de vente.
Les économies d’échelle sont donc un autre levier pour la baisse des prix. C’est d’ailleurs grâce à l’augmentation de ses volumes de production que Tesla parvient à réduire les prix tout en restant rentable. Ces économies d’échelle s’appliqueront à toutes les marques, en particulier celles faisant partie d’un groupe où le partage des éléments est optimisé. À la rentrée, le 3008 électrique inaugurera la plate-forme STLA Medium. Stellantis a annoncé que jusqu’à deux millions de véhicules par an seront basés sur cette plate-forme ! Ces volumes contribueront à réduire les coûts de production ainsi que les investissements colossaux nécessaires pour développer les technologies électriques.
Le groupe compte également frapper fort sur le marché des citadines polyvalentes, qui sera clairement le prochain terrain de bataille en matière de prix pour les voitures électriques. En effet, Citroën et Fiat lanceront en 2024 un modèle à moins de 25 000 €. Citroën présentera dès octobre une ë-C3 promettant une autonomie de 300 km à ce prix très attractif, hors bonus.
Des batteries moins chères
Pour obtenir un bon rapport entre le prix et l’autonomie, l’ë-C3 utilisera la plate-forme CMP, qui a déjà été rentabilisée tant dans sa version thermique qu’électrique.
La batterie reste évidemment un élément crucial dans la baisse des prix des voitures électriques, car c’est l’élément le plus coûteux. En attendant que les coûts baissent à nouveau après l’impact de la hausse des matériaux, les marques se tournent vers la technologie LFP moins coûteuse. Tesla utilise d’ailleurs des batteries LFP sur ses modèles Propulsion. On devrait également retrouver cette technologie sur la C3.
Ainsi, la Citroën ë-C3 sera proposée 10 000 € moins cher que les Renault Zoé et Peugeot e-208 ! On peut se demander si ces dernières n’ont pas réduit leur prix faute de concurrence. Après dix ans de présence sur le marché, la Zoé aurait dû devenir moins chère. Renault a visiblement préféré attendre l’arrivée de sa remplaçante, la très attendue R5, qui sera commercialisée en 2024 avec un prix de départ similaire à celui de la C3 électrique. C’est intéressant !
En conclusion, la R5 résume parfaitement cette baisse des prix promise pour les voitures électriques : des années d’expérience avec la Zoé, une plate-forme optimisée dérivée de celle de la Clio 5, une augmentation des volumes de production et une concurrence renforcée.