Les camping-cars d’occasion n’ont jamais été aussi prisés qu’aujourd’hui. La demande est si forte que depuis quelques années, une pénurie se fait sentir, accentuée par la crise sanitaire que nous traversons. Les prix flambent et les particuliers prennent d’assaut les professionnels, pourtant de plus en plus nombreux.
Le camping-car d’occasion : un marché en plein essor !
En 2010, le syndicat des véhicules de loisirs, Uni VDL, a enregistré 47 087 immatriculations de camping-cars d’occasion pour toute l’année. Dix ans plus tard, ce chiffre est passé à 62 375, soit une augmentation de 32%. En janvier 2019, moins de 3 000 camping-cars d’occasion étaient immatriculés. Deux ans plus tard, ce chiffre a dépassé les 4 000 unités, soit une augmentation de 35%.
Une demande toujours croissante
Les ventes de camping-cars connaissent une croissance spectaculaire, mais l’offre ne suit pas toujours la demande, en particulier pour les vans et les fourgons aménagés. C’est là tout le paradoxe. “Aujourd’hui, nous vivons une pénurie de véhicules d’occasion”, estime Julien, commercial chez YpoCamp Béarn Loisirs. “Il y a une forte demande et moins d’offres. Le virus a accéléré le phénomène. Un véhicule de loisirs est considéré comme sûr d’un point de vue sanitaire. Les gens en ont assez de rester coincés chez eux. Nous supposons que cela a amplifié la demande.”
Fourgons et vans : un marché de l’occasion sous tension
Si la crise sanitaire a accéléré ce phénomène, la pénurie ne date pas d’hier. En 2018, un article de Vanlife Magazine traitait déjà de ce sujet. Outre une demande de plus en plus importante, une autre raison explique ce phénomène : la production de véhicules neufs en série n’est pas suffisante. “Il y a une demande très forte pour les fourgons et les vans à toit relevable. Nous avons une liste d’attente. Pour du neuf, il faut attendre entre 12 et 14 mois. Pour de l’occasion, il faut être patient et saisir l’opportunité lorsqu’elle se présente. Même pour un camping-car, il faut parfois attendre près d’un an avant d’être livré.”
Des prix élevés
La conséquence de cette pénurie ? Les gens se tournent également vers des utilitaires pour les aménager, et surtout, les prix restent élevés. “La valeur marchande est plus élevée”, indique Julien. “Sur les sites de petites annonces, les particuliers ont augmenté leur prix de 2 000 à 3 000 €.” Sur Leboncoin, le plus utilisé et qui compte des milliers d’annonces, de nombreux véhicules sont vendus au-dessus de la cote de l’Argus. Par exemple, un Chausson Titanium 640 de 2020 était vendu 10 000 € de plus que sa valeur officielle le 26 avril. Les particuliers ont tendance à s’aligner sur les tarifs des professionnels, voire à les dépasser. C’est également le cas sur des sites comme Paru-vendu ou La Centrale.
De plus en plus d’intermédiaires
Central Camper, une concession virtuelle spécialisée dans le camping-car d’occasion, créée en 2018, n’est pas la seule entreprise à investir sur ce marché. Certains constructeurs, tels que Pilote ou Rapido, ont créé leur propre site marchand. Les plates-formes de location en ligne se sont également lancées dans la vente. Yescapa propose ce service depuis 2018. Son concurrent, Wikicampers, a suivi fin février. “Nos clients avaient réellement besoin de ce service”, explique Orane Burel, chef de produit occasion chez Wikicampers. “Nous étions constamment sollicités pour des ventes. Nous nous sommes donc dit : ‘Pourquoi ne pas nous lancer ? Nous avons une certaine légitimité.’”
Et la vente directe ?
Malgré le bon fonctionnement de toutes ces plates-formes depuis leur lancement, de nombreux particuliers préfèrent vendre leur véhicule directement en publiant une petite annonce. Les concessionnaires, qui proposent depuis toujours des véhicules d’occasion, sont délaissés. “Dans notre parc, les reprises représentent 75 %”, constate Julien d’YpoCamp. “Il y a encore quelques dépôts-ventes, mais cela n’intéresse plus les vendeurs.” À Lescars, la concession propose actuellement une dizaine de véhicules d’occasion, contre une vingtaine avant la crise. “Nous allons vers les vendeurs en leur disant : ‘Nous vous apporterons plus d’acheteurs.’ ” Le commercial reste optimiste : “C’est un bon signe. Cela prouve que le marché se porte bien.”
Les professionnels rassurent les acheteurs
Grâce à leur maillage étendu sur tout le territoire, les concessionnaires restent malgré tout des acteurs majeurs sur le marché de l’occasion. Ils ont l’avantage de proposer des services et des garanties que leurs nouveaux concurrents ne proposent pas. Cela rassure certains acheteurs. La révision du véhicule avant la vente apporte confiance et sérénité.
Vente en ligne : efficace, mais avec moins de services
Avec les plates-formes en ligne, il est difficile, voire impossible, de faire réviser les véhicules. C’est un service en moins, et pas des moindres. En revanche, la publication d’une annonce est gratuite, les échanges et les transactions sont encadrés et sécurisés, et les démarches administratives sont souvent prises en charge. Pour rassurer les acheteurs, certains acteurs proposent tout de même d’expertiser les camping-cars. Wikicampers peut se déplacer pour inspecter le véhicule et en faire une estimation, par exemple. La plate-forme offre également un pack de vingt photos réalisées par un professionnel et propose même de livrer les acheteurs partout en France. De son côté, Central Camper propose d’exposer le véhicule sur son terrain, à Saint-Priest (dans le Rhône), pour maximiser les chances de vente. Car tous les camping-cars ne se vendent pas en un claquement de doigts. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, la société a même mis en place des visites virtuelles en vidéo et à distance. Certains ont même franchi le pas en achetant un véhicule sans le voir ni l’essayer. Cependant, contrairement à l’automobile, il est raisonnable de dire qu’il est impossible d’acheter un camping-car sans l’avoir vu.