Entendre des voix : un phénomène plus courant qu’on ne le pense

Entendre des voix : un phénomène plus courant qu’on ne le pense

L’entente des voix est souvent associée à la folie. Cependant, il est important de comprendre que cette expérience peut toucher une partie importante de la population et qu’elle peut survenir dans des situations extrêmes, par exemple en cas de manque d’oxygène. Ainsi, entendre des voix ne doit pas être automatiquement considéré comme un symptôme de maladie mentale.

Vivre avec les voix : un mouvement de rétablissement

Le mouvement international de l’entente des voix, né aux Pays-Bas en 1988 et déjà implanté dans plusieurs pays anglo-saxons, suscite un engouement tant chez les patients que chez les soignants. Au lieu de chercher à guérir médicalement, les membres de ce mouvement se concentrent sur le rétablissement, c’est-à-dire apprendre à vivre avec la maladie et reconstruire une vie sociale, affective et professionnelle. Au centre de cette démarche se trouve le patient qui, grâce à son expérience de la maladie, acquiert une connaissance précieuse qu’il peut partager avec d’autres dans des groupes d’entraide.

En groupe ou en consultation individuelle, l’entendeur de voix apprend à analyser les différentes voix qu’il entend. Il analyse leur contexte d’apparition, leur sexe, leur tempérament et leur éventuel lien avec des traumatismes. Cette approche lui permet de mieux comprendre ses voix et de les apprivoiser progressivement, dans l’espoir de reprendre le contrôle sur elles et de se libérer de leur emprise. Certains entendeurs de voix considèrent même que certaines voix bienveillantes ou inspirantes peuvent accompagner leur vie et favoriser leur créativité.

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Une approche humaniste pour vivre avec les voix

La psychiatrie traditionnelle cherche généralement à supprimer les voix en utilisant des neuroleptiques. Cependant, ces médicaments, bien qu’ayant contribué à la socialisation des malades, présentent des effets secondaires problématiques tels que l’inhibition des émotions, la prise de poids, la baisse de la libido et l’impuissance. De plus, l’assimilation de l’entente des voix à la psychose entraîne une stigmatisation qui isole les personnes concernées et entrave leur guérison.

C’est pourquoi une approche humaniste, axée sur le rétablissement du patient, a été développée dans certains établissements de santé mentale. À Lausanne, par exemple, l’accent est mis sur la cohérence de la trajectoire de soin du patient, en combinant la neuroscience, la spiritualité et différentes approches de psychothérapie. Les neuroleptiques sont utilisés de manière raisonnée, avec une surveillance étroite des effets secondaires, afin de prévenir leur apparition. Des outils tels que la pleine conscience et diverses thérapies cognitivo-comportementales sont également proposés aux patients, notamment dans le cadre du groupe “Se rétablir”, qui utilise la technique de profilage des voix développée par les entendeurs de voix.

Un nouveau langage pour se réapproprier son pouvoir

Pour de nombreux anciens patients, rejoindre le réseau international sur l’entente des voix représente une véritable reprise de pouvoir, tant sur les voix que sur la psychiatrie en général. Ces personnes considèrent désormais l’entente des voix comme une libération et une véritable expérience humaine. Elles affirment avoir instauré un nouveau langage qui permet de reconnaître la valeur de leur vécu.

Ainsi, il est essentiel de changer notre perception de l’entente des voix. Plutôt que de la considérer comme un symptôme de folie, il faut la voir comme une expérience complexe qui peut être gérée et comprise. En adoptant une approche humaniste et en favorisant le rétablissement du patient, il est possible d’aider les entendeurs de voix à prendre le contrôle de leur vie et à se libérer de l’emprise de ces voix, pour reconstruire une existence épanouissante.

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