Le SUV électrique le moins cher peut-il affronter les routes sinueuses et les dénivelés ahurissants de l’île de La Réunion ? Nous avons testé le MG ZS EV dans ce département d’outre-mer où la mobilité zéro-émission a de beaux atouts pour prospérer. De la régénération du freinage poussée à l’extrême aux départs en côte vertigineux, l’île n’a rien épargné à ce crossover chinois.
Fraîchement débarqué du bateau, notre MG ZS EV affiche 80 petits kilomètres au compteur. Il s’agit d’un véhicule flambant neuf en finition haut de gamme “luxury” (la seule proposée à La Réunion), gentiment prêté par la franchise MG de Saint-Pierre pour quelques jours. Le constructeur sino-britannique dispose de trois points de vente sur l’île depuis le lancement local du modèle en novembre 2020.
Un tarif attractif, même à La Réunion
Une centaine de ZS EV circule déjà à La Réunion selon le revendeur. “On en a vendu une vingtaine en quinze jours”, se targue le commercial de la concession saint-pierroise. Un succès dans ce département de 860 000 âmes qui a immatriculé 518 véhicules totalement électriques en 2019. Le SUV est le 3e modèle zéro-émission le plus vendu depuis le début de l’année, derrière la Renault Zoé et la Peugeot e-208. En plus de son prix attractif, le ZS EV propose de belles prestations.
À commencer par son toit ouvrant panoramique, qui permet de s’immerger dans les paysages époustouflants de l’île. Notre test ayant eu lieu durant l’hiver austral, nous n’avons pas noté d’inconfort lié au rayonnement solaire, d’autant que le toit est teinté d’origine. “On doit ajouter un film par-dessus et tout le temps mettre la clim à fond l’été”, reconnaît toutefois le commercial.
L’autonomie n’est plus un souci
Une climatisation manuelle qui consomme 1,4 kW à pleine puissance selon nos relevés. Nous l’utilisons par intermittence sur le littoral, où les températures oscillent entre 25 et 30 °C. Sur les hauteurs, où le climat est nettement plus frais et humide (de 5 à 20 °C), nous activons temporairement le chauffage. Il s’agit d’un système classique à résistance qui consomme 4,4 kW une fois stabilisé à flux et intensité maximaux.
Cette consommation n’est pas vraiment un problème à La Réunion. Le chauffage n’est utile qu’en hiver si l’on reste en haute altitude, et la superficie de l’île permet de ne pas s’inquiéter de l’autonomie. Les 263 km d’autonomie WLTP du MG ZS EV permettent, par exemple, de faire un tour complet (238 km). Avec sa batterie de 44,5 kWh, le SUV peut donc satisfaire la totalité des trajets quotidiens domicile-travail des Réunionnais. Et cet accumulateur ne devrait pas souffrir des fortes chaleurs estivales, car il est refroidi par un circuit liquide.
1er parcours : le trajet pendulaire classique
Notre premier itinéraire est plutôt représentatif d’un trajet pendulaire local. Il part de L’Étang-Salé, en bordure de l’océan, pour atteindre Le Tampon, une grande cité-dortoir perchée à 600 m d’altitude. Les deux villes sont reliées par une voie rapide, dont une partie affiche une déclivité de 9 %. Il s’agit de la deuxième voie express la plus inclinée de France. Le ZS EV ne montre aucune faiblesse, là où de nombreux véhicules peinent en émettant de la fumée noire. Il faut vérifier le tableau de bord pour se rendre compte que le moteur électrique travaille dur dans la montée.
Choix étonnant du constructeur : l’écran de bord n’indique pas la puissance en kW. MG préfère afficher la tension de la batterie (429 V) et l’intensité de sortie (170 A), qu’il faut multiplier soi-même pour obtenir les fameux watts. Il affiche également la vitesse de rotation du moteur en tours par minute, une information étonnante dont l’intérêt est faible, voire nul, sur un véhicule électrique.
À une vitesse de 110 km/h sur la pente à 9 %, le SUV consomme ainsi 73 kW. Il lui reste encore une marge, car son moteur revendique une puissance de 105 kW (143 ch). Son couple de 353 Nm, instantané grâce à la motorisation électrique, permet des accélérations tout à fait satisfaisantes malgré l’inclinaison. À la fin de ce trajet de 24 km réalisé à une vitesse moyenne de 80 km/h, le ZS EV indique une consommation moyenne de 25,3 kWh/100 km. Un score raisonnable compte tenu du dénivelé positif de 580 mètres.
La recharge, moins carbonée qu’imaginé
La nuit, nous branchons le véhicule sur la prise domestique d’une maison, qui est le type d’habitat le plus répandu à La Réunion. 72 % de la population locale réside dans une maison individuelle, contre 57 % sur le continent. Autant de personnes capables de recharger de manière économique et pratique à domicile. Notre ZS EV, relié à une prise de garage correctement dimensionnée, charge à une puissance de 2,4 kW. Le tableau de bord indique 12 heures et 51 minutes pour passer de 49 % à 100 %.
Les 22 kWh récupérés proviennent cependant d’un réseau largement dépendant des énergies fossiles. La Réunion ne bénéficie pas du mix énergétique très décarboné de la métropole et son réseau n’est pas interconnecté. Au moment de notre recharge, la production d’électricité locale affiche une intensité carbone de 530 g de CO2/kWh. La demi-charge du ZS EV a donc rejeté 11,66 kg de CO2, soit 88 g/km.
Malgré tout, ces émissions restent nettement plus faibles que celles des SUV thermiques. Un Renault Captur essence 90 ch émet par exemple 133 g de CO2/km, un Hyundai Kona essence 120 ch émet 135 g, tandis qu’un Peugeot 2008 diesel 110 ch émet 116 g de CO2/km. L’utilisation d’un véhicule 100 % électrique à La Réunion reste donc pertinente sur le plan environnemental et sanitaire.
2e parcours : le trajet montagneux du week-end
Ne pas avoir de pot d’échappement et se déplacer sans bruit est un atout considérable, surtout lorsque l’on traverse les espaces naturels uniques de La Réunion. Notre deuxième trajet-test s’étend de la ville du Tampon à la forêt primaire de Bélouve. Un itinéraire de 44 km qui se caractérise par un important dénivelé positif (1 600 m) et négatif (650 m) cumulé, le long d’une route sinueuse atteignant une inclinaison de 31 % par endroits.
Le ZS EV a parcouru la succession de montées, descentes et virages en épingle sans la moindre difficulté. Sa conception à bas coût ne semble pas avoir d’incidence sur ses performances. Les suspensions réagissent avec souplesse aux ornières et aux profonds caniveaux qui se trouvent parfois sur la route. À condition de rouler à une allure raisonnable, le véhicule adhère parfaitement à la chaussée sans se dérober, que ce soit dans les lacets ou lors de freinages appuyés.
Un freinage régénératif efficace
Dans les descentes, la conduite est confortable grâce à un système de freinage régénératif bien équilibré. Il propose 3 niveaux d’intensité correctement répartis du plus faible au plus fort, réglables via un bouton “KERS” situé sur la console centrale. Nous aurions toutefois apprécié la présence de palettes au volant pour ajuster plus facilement le freinage régénératif, comme sur le Hyundai Kona électrique. Il faut en effet lâcher le volant pour actionner le bouton, ce qui devient pénible et peu sûr sur les pentes longues et irrégulières.
Il est important de rappeler que le freinage régénératif n’est pas totalement fonctionnel lorsque la batterie est entièrement chargée. Si vous habitez en altitude, à La Réunion comme dans toutes les régions montagneuses, veillez donc à programmer la recharge pour ne pas atteindre les 100 %. Cela vous évitera d’user inutilement les plaquettes de frein et vous permettra de recharger en descente plutôt que sur le réseau.
À la fin de cet itinéraire de montagne réalisé à une vitesse moyenne de 27 km/h, le MG ZS EV affiche une consommation moyenne de 25,4 kWh. Ne vous inquiétez pas, cette valeur semblable à celle d’un trajet rapide sur autoroute est en réalité normale compte tenu du dénivelé impressionnant.
Aussi stupéfiant qu’à l’aller, le trajet de retour révèle une consommation moyenne de seulement 3,9 kWh/100 km grâce au freinage régénératif. Ainsi, le SUV termine l’excursion avec un niveau de batterie de 75 %, après avoir parcouru un total de 89 km avec une consommation moyenne de 14,7 kWh/100 km.
3e et 4e parcours : la voie rapide contre la petite route
Nous avons également testé le MG ZS EV sur des itinéraires plus classiques. Sur les 52 km de voie rapide (limitée à 110 km/h) qui séparent Le Tampon de Saint-Gilles, le SUV consomme 17,9 kWh/100 km. Il est bien plus sobre lorsqu’on emprunte les petites routes côtières : 14,9 kWh/100 km pour 64 km parcourus à une vitesse moyenne de 44 km/h. En conduisant sur de tels axes, l’autonomie du crossover atteint presque 300 km. Autant dire que nous n’avons pas souvent regardé le niveau de batterie sur le tableau de bord, qui est d’ailleurs peu lisible et n’affiche pas le pourcentage restant.
Essai MG ZS EV : le bilan
Le manque d’application mobile pour la gestion du véhicule à distance est l’un des rares éléments décevants du ZS EV. Car au-delà des performances, le confort du véhicule est largement satisfaisant compte tenu de son prix. Bien sûr, il reste des aspects à améliorer, notamment le système MG Pilot. Cette assistance à la conduite comporte un outil de maintien dans la voie encore immature, mais est compensé par un régulateur de vitesse adaptatif qui fonctionne correctement. Nous regrettons également l’absence de palettes au volant pour ajuster le freinage régénératif. Enfin, c’est un détail, mais les plus chauvins seront frustrés de ne pas pouvoir changer la langue de l’ordinateur de bord, qui se contente de l’anglais.
Le MG ZS EV est parfaitement capable d’affronter les routes de La Réunion. Il s’adapte parfaitement aux performances, au confort de conduite et à la recharge. Ne parlons pas du mix énergétique local encore trop carboné, car même en se fournissant localement, le véhicule parvient à émettre moins de CO2 que ses concurrents diesel et essence. Contrairement à ces derniers, il peut être rechargé sur une installation solaire domestique, de plus en plus répandue chez les foyers réunionnais.
