Et si vous aviez tout faux sur la voiture électrique ?

Et si vous vous étiez complètement trompés sur la voiture électrique ?

Il ne nous a fallu que quelques minutes au Salon de Lyon récemment pour comprendre les craintes des Français concernant la voiture électrique. Au-delà des problèmes budgétaires persistants, deux arguments reviennent en boucle. Le premier concerne l’autonomie insuffisante des voitures électriques, surtout pour les longs trajets sur autoroute et les vacances annuelles. Le deuxième argument est que “si tout le monde roule à l’électrique, nous n’aurons pas assez d’énergie pour le pays”. Cependant, cette réserve semble plus basée sur une estimation approximative que sur des chiffres concrets. Les fournisseurs d’énergie, quant à eux, mesurent déjà la demande dans tous les scénarios possibles.

La Peugeot e-208 restylée
La Peugeot e-208 restylée. © Peugeot

En Suisse, une étude du TCS (Touring Club Suisse) vient de paraître et met en avant une donnée intéressante : “d’après l’e-baromètre, la pénurie d’électricité persistante et l’augmentation des coûts qu’elle engendre n’ont qu’un impact minime sur la volonté d’acquérir une voiture électrique. Seuls 11 % des personnes interrogées indiquent retarder l’achat d’un véhicule électrique en raison de la pénurie d’électricité ou de son coût élevé”. Pourtant, la Suisse est régulièrement confrontée à des crises énergétiques, notamment en hiver, en ce qui concerne l’électricité. Nos voisins dépendent d’ailleurs fortement de la France et de son parc nucléaire pour répondre à leurs besoins. Si les Suisses, qui risquent bien plus que nous les pannes de courant, ne se soucient guère de ces problèmes lorsqu’ils achètent une voiture électrique, pourquoi les Français, qui bénéficient d’une des meilleures productions d’Europe (à faible impact carbone qui plus est), devraient-ils avoir des craintes ? Ne sont-elles pas un peu exagérées ?

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De son côté, RTE, le gestionnaire du réseau électrique en France, a rappelé ses études de scénarios en fin d’année dernière : “même si nous vivons actuellement une situation de crise énergétique, celle-ci est transitoire. De plus, les risques de manque d’électricité sont très ponctuels en hiver et ne limitent pas aujourd’hui le développement de la voiture électrique. Dans les années à venir, nous estimons qu’il y aura suffisamment d’électricité pour répondre aux besoins de recharge liés au développement des véhicules électriques, même pendant les périodes de forte affluence comme les congés scolaires ou les week-ends. RTE estime ainsi que la consommation d’électricité liée au développement de la voiture électrique devrait représenter environ 10% de la consommation totale française en 2030 et environ 15% en 2050 (scénario de référence)”.

Quel est le vrai problème : l’autonomie ou les bornes de recharge ?

Cela semble donc se confirmer petit à petit en Europe : l’autonomie n’est plus le problème numéro un lors de l’achat d’une voiture électrique. L’étude du TCS le confirme, car la disponibilité des bornes de recharge dépasse désormais l’autonomie dans les critères de choix. Plus qu’une batterie énorme permettant de parcourir des centaines de kilomètres, c’est donc un réseau dense et fiable de points de recharge qui est primordial. Nous n’y sommes pas encore, même si le maillage progresse chaque jour. Récemment, le cap des 100 000 bornes a été franchi en France, mais il est important de rappeler que seulement 8% d’entre elles sont des bornes rapides. C’est peu, beaucoup trop peu, d’autant plus que les batteries seront de plus en plus capables d’accepter régulièrement des puissances de charge élevées.

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Des bornes efficaces, nombreuses et surtout fiables ! Voilà ce qu'il faudra pour l'électrique, plus que des batteries énormes
Des bornes efficaces, nombreuses et surtout fiables ! Voilà ce qu’il faudra pour l’électrique, plus que des batteries énormes. © Hugo Dupont

En revanche, il y aura toujours des Français qui n’ont pas accès à une prise électrique chez eux, et cela posera un problème bien différent à résoudre. Tout le monde n’aura pas la possibilité de recharger sa voiture à domicile ou sur son lieu de travail, et rares seront les Européens prêts à faire un détour par le supermarché du coin pour perdre 30 minutes matin et soir afin de récupérer quelques précieux kilowattheures.

25% des automobilistes sont actuellement confrontés à une impasse de recharge électrique.

La nouvelle BMW i5
La nouvelle BMW i5. © Alex Krassovsky

Il n’est donc pas nécessaire d’avoir des batteries gigantesques pesant des centaines de kilogrammes et nécessitant un temps de recharge long. Un bon réseau de bornes rapides sera bien plus utile. Cependant, il existe un contre-argument à cela : plus la batterie est petite, plus les cycles de charge sont répétés, ce qui entraîne une dégradation plus rapide de son état au fil du temps. Il faut néanmoins souligner la volonté de l’industrie de recycler les batteries en fin de vie pour réutiliser ces précieux métaux dans de nouvelles piles. Cependant, une étude très intéressante de nos confrères des Echos révèle que la réparation et la collecte des batteries s’annoncent très délicates sur de nombreux modèles électriques, notamment asiatiques et Tesla. En théorie, le recyclage ou la réparation des cellules est un projet prometteur, mais le choix de certains constructeurs de rendre la conception des batteries plus complexe pourrait mettre en difficulté l’économie circulaire.

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