Installé illégalement sur un terrain municipal depuis août 2019, le campement situé le long du boulevard Luciano à Nice a été évacué ce mercredi matin. Autrefois fréquenté par une cinquantaine de caravanes et de baraquements abritant environ 200 personnes, le campement ne comptait plus qu’une cinquantaine de personnes ces derniers jours, principalement des ressortissants roumains.
Une occupation jugée illégale
La justice a été saisie par la ville de Nice. Le 6 décembre 2019, le juge des référés du tribunal administratif de Nice a rendu son jugement, considérant l’occupation de ce terrain comme illégale et ordonnant l’expulsion des familles après la trêve hivernale. Exceptionnellement, cette trêve a pris fin le 10 juillet cette année en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus.
Une expulsion justifiée
Les derniers occupants ont été mis en demeure de quitter le terrain par la mairie de Nice. Anthony Borré, le premier adjoint au maire, s’est rendu à plusieurs reprises sur place pour informer les familles de la nécessité de partir, soulignant qu’aucune détresse ne justifiait l’occupation d’un terrain qui ne leur appartenait pas.
Des risques sanitaires graves
Avec l’aide de la police, le préfet des Alpes-Maritimes a ordonné l’évacuation du camp, mettant en avant les graves risques sanitaires causés par cette installation illégale et l’insalubrité qui y régnait. La Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS) a réalisé un diagnostic social individuel et a proposé des solutions de relogement à 40 personnes.
Les conséquences d’une expulsion
Agnès Gillino, coordinatrice des actions de Médecins du Monde à Nice, a été informée de ces propositions de relogement. Elle souligne que des solutions ont été proposées aux familles en règle sur le territoire français et en situation de travail déclaré. Cependant, elle exprime également ses inquiétudes concernant les familles déboutées du droit d’asile, qui risquent de voir le problème déplacé plutôt que résolu, créant ainsi un nouveau bidonville dans le département ou ailleurs.
Un coût à assumer
Selon Anthony Borré, des travaux d’un montant de 100 000 euros sont nécessaires pour réhabiliter le terrain. Les avocats de la ville travaillent actuellement sur un recours juridique afin que les Niçois ne supportent pas les frais engendrés par cette situation. Aucune détresse, aucune pauvreté ne justifie de ne pas respecter les règles de droit du pays, insiste-t-il.
La chance de l’insertion
Agnès Gillino estime quant à elle qu’une sanction financière aggraverait la situation de ces familles. Selon elle, pénaliser ces familles, qui ont de faibles revenus, en éradiquant immédiatement leurs chances d’insertion, ne ferait qu’empêcher les enfants de sortir de cette spirale de précarité et de misère. Elle souligne que des personnes avec des pathologies importantes, y compris des bébés suivis en protection maternelle et infantile, ont été soutenues par Médecins du Monde pendant le confinement, et que les expulsions entraînent toujours une rupture dans le suivi médical et la scolarisation des enfants.
L’évacuation du campement Luciano à Nice marque un tournant dans la recherche de solutions pour ces familles. Alors que la ville s’engage à nettoyer le terrain et à entamer des travaux de réhabilitation, il est essentiel de trouver des réponses qui respectent à la fois la dignité des personnes et les règles de droit.