I. Qu’est-ce que l’Alya ?
Le terme “alya” signifie monter. Il est couramment utilisé pour parler de l’immigration d’un Juif en Israël. En principe, seuls les Juifs ont le droit de monter en Israël et d’obtenir automatiquement la nationalité israélienne du fait de leur judéité. C’est ce que stipule la loi du retour.
II. Faire son Alya : la motivation derrière ce choix
La décision de s’installer en Israël peut être motivée par des raisons idéologiques, sociales, économiques ou familiales, entre autres. Pour certains, le sentiment d’appartenir au peuple juif, le désir profond de renouer avec ses racines sur la terre sainte, la possibilité de pratiquer librement sa religion, sont des éléments déterminants dans ce choix. Pour eux, c’est le seul moteur qui influence leur décision de faire leur alya, peu importe les difficultés qui peuvent survenir lors de ce changement de vie radical.
Pour d’autres, le départ d’amis proches ou de membres de la famille vers Israël est une prise de conscience, une sensation de vide à combler. Le désir de reconstituer une “tribu” les pousse à prendre cette décision de monter en Israël et de faire leur alya. Le choix n’est pas facile, mais la volonté de rester ensemble avec les personnes qui leur sont chères, et qui constituent en partie leurs repères, les encourage à franchir le pas.
Le ras-le-bol de la routine quotidienne, parfois associé à des difficultés économiques, peut conduire à une vision idéaliste selon laquelle tout sera plus facile, et que tout ira mieux sous le soleil d’Israël.
III. Dans quelle ville s’installer en Israël ?
Une fois la décision de faire son alya prise, il est important de savoir où s’installer en Israël. En général, le processus est simple : les personnes s’adressent au ministère de l’intégration israélien qui dispose de représentants en France. Ces derniers informent les futurs immigrants de leurs droits et des possibilités qui s’offrent à eux.
Cependant, il est fréquent de constater que les suggestions de villes israéliennes faites aux futurs immigrants ne correspondent pas forcément à leur profil personnel, à leurs besoins ou à leurs attentes. Cette situation peut parfois entraîner un échec de l’alya.
Les principales villes d’Israël proposées aux Français qui souhaitent faire leur alya, du sud vers le nord, sont Ashdod, Jérusalem, Netanya, Haïfa et Saint Jean d’Acre (Akko). Il arrive aussi que des groupes d’immigrants soient installés dans des endroits qui ne font pas partie des choix habituels, tels que Eli (Judée Samarie), Hod Hasharon, Hedera, etc.
Il est important de noter que l’expérience d’Israël va bien au-delà de ces villes proposées.
IV. Les difficultés rencontrées lors de l’Alya : leurs origines
1. La ville choisie pour l’Alya
La réussite de l’installation en Israël passe nécessairement par une bonne intégration. S’intégrer en Israël signifie avoir la capacité de comprendre et d’appréhender l’environnement et la culture dans lesquels nous vivons au quotidien.
Selon l’âge des personnes, les priorités en matière d’intégration diffèrent. Certaines privilégieront un environnement francophone en Israël au détriment d’une intégration réelle. Pouvoir s’exprimer en français en dehors de chez soi peut rassurer. Cette approche peut être valable pour les personnes à la retraite, mais pour celles qui doivent encore travailler et subvenir aux besoins de leur famille, cette démarche est illusoire. Il est impossible de bien vivre si nous ne pouvons pas avoir un impact sur nos propres vies. Ne pas être en mesure de lire et de comprendre nos factures, de s’engager contractuellement sans comprendre les termes de l’accord, nous expose à d’éventuelles manipulations. Ne pas maîtriser la langue nous rend vulnérables. Par conséquent, le choix de la ville où nous décidons de nous installer pour commencer une nouvelle vie en Israël peut être décisif.
Même si cela peut sembler insurmontable, il est préférable de choisir une ville où l’apprentissage de la langue sera possible. Apprendre à parler l’hébreu ne se limite pas à l’oulpan (l’école d’apprentissage de la langue hébraïque pour les nouveaux immigrants). Cela implique également de converser avec des Israéliens au quotidien. L’apprentissage de l’hébreu se fait plus rapidement lorsque l’on est immergé dans un environnement israélien quasi permanent. Maîtriser la langue du pays signifie maîtriser notre quotidien, être capable de trouver rapidement du travail, de suivre des formations professionnelles si nécessaire, et d’établir une relation avec les enseignants qui accompagnent nos enfants à l’école, etc.
2. L’emploi en Israël et ses pièges
Ces dernières années, de nombreuses entreprises françaises de centres d’appels se sont implantées en Israël. Ce sont des entreprises délocalisées qui continuent de travailler avec le marché français. Des primes importantes sont annoncées, ce qui attire de nombreux Français récemment immigrés. Ils se sentent ainsi rassurés car le travail se fait en français et ils ont l’impression de gagner leur vie en Israël.
Malheureusement, ce choix comporte des risques.
L’euphorie est de courte durée, car la réalité israélienne rattrape rapidement ces Français qui sont souvent exploités. Les droits du travail israélien sont souvent bafoués et les garanties sociales auxquelles ils pourraient prétendre sont souvent oubliées.
Pris dans le tourbillon du temps qui passe, des impératifs matériels et de la nécessité de subvenir aux besoins de leur famille, ces Français se retrouvent piégés. Ils n’arrivent pas à s’intégrer dans les filières professionnelles israéliennes qu’ils ne connaissent pas à cause de leur méconnaissance de la langue du pays.
Les conséquences peuvent être graves : dépression, accumulation de dettes de consommation, poursuites des créanciers. De nombreux divorces liés à l’Alya découlent même de ces situations dramatiques.
On peut se demander ce qui arriverait à ces Français en Israël si ces centres d’appels venaient à fermer.
En outre, ces entreprises françaises sont généralement implantées dans les villes israéliennes où la concentration de Français est très élevée, ce qui crée un cercle vicieux. Les loyers dans ces zones géographiques d’Israël sont élevés par rapport à d’autres régions, en raison de la forte demande par rapport à l’offre. Ces Français, qui ne maîtrisent pas l’hébreu, sont condamnés à rester regroupés. Sans le réaliser, ils se privent de la liberté de découvrir Israël et des villes où ils pourraient potentiellement avoir une meilleure qualité de vie à moindre coût. Les loyers sont souvent deux fois moins élevés en périphérie des villes moins francophones.
En conclusion, monter en Israël doit être une décision mûrement réfléchie. Faire son alya implique nécessairement l’apprentissage de l’hébreu et une intégration totale dans le pays. Même si cela signifie momentanément ne pas travailler. C’est là un élément capital à prendre en compte. Nous devons devenir Israéliens malgré toutes les difficultés, tout en préservant notre identité juive et notre culture française.