Ce couple de camping-caristes nantais nous a écrit une longue lettre pour nous faire part de leurs préoccupations concernant la réglementation anti-pollution. Avec une clarté et une logique remarquables, M. et Mme Guilbaudeau énumèrent les incertitudes auxquelles sont confrontés les propriétaires de camping-cars. Ils proposent également différentes solutions à destination des constructeurs de véhicules de loisirs et de porteurs, ainsi qu’aux législateurs.
Le camping-car face au défi écologique
Les réglementations écologiques évoluent vers la généralisation des Zones à Faibles Émissions (ZFE) en France d’ici 2025, la progressive interdiction des véhicules diesel et, à terme, la fin des moteurs thermiques. Cependant, les capacités de production de camping-cars compatibles avec ces normes ne sont pas encore atteintes.
Des camping-cars zéro émission, c’est possible ?
Le défi est particulièrement complexe pour les véhicules de loisirs, qui doivent pouvoir parcourir de longues distances par jour malgré leur poids élevé et leur mauvaise aérodynamique. Les futurs acheteurs de camping-cars sont confrontés à plusieurs incertitudes :
- Les évolutions réglementaires (capacité à circuler dans certaines zones, fiscalité du diesel, etc.).
- La possibilité de transformer un camping-car en véhicule zéro émission (coût du rétrofit, type de motorisation, homologation, renouvellement de la carte grise, etc.).
- L’évolution de la valeur de revente d’un camping-car peu performant en termes de circulation.
Les risques sont uniquement à la charge du camping-cariste !
Actuellement, les acheteurs de camping-cars supportent tous les risques. Un investissement de plusieurs milliers d’euros pourrait ne plus avoir aucune valeur dans une dizaine d’années. Les constructeurs, vendeurs et financeurs doivent donc prendre en compte une partie de ces risques. Voici quelques suggestions :
Technique
- Intégrer dès la conception du porteur le remplacement de la motorisation diesel pour faciliter le rétrofit.
- Stocker des batteries sous la cellule pour profiter de la taille des camping-cars.
- Ajouter des moteurs électriques additionnels sur les roues arrière pour améliorer la motricité.
- Installer des prises de recharge haute puissance sur les aires de camping-cars.
Réglementation
- Militer auprès de l’UE pour que le permis de conduire B permette de conduire des camping-cars jusqu’à 4,25 tonnes.
- Les constructeurs devraient s’engager à mettre en place un plan de rétrofit pour les camping-cars existants afin de convaincre les législateurs européens.
Financements
- Proposer aux acheteurs un plan de financement incluant l’achat initial et le rétrofit vers une motorisation zéro émission.
- Établir un contrat permettant de payer un loyer régulier en échange de l’engagement du constructeur à réaliser le rétrofit dans un délai convenu lors de l’achat.
Engagements
- Établir des engagements contractuels couvrant le rétrofit et les caractéristiques techniques post-rétrofit.
- Ces engagements devront être couverts par une assurance pour protéger l’acheteur en cas de disparition du constructeur avant le rétrofit.
Il est préférable que les constructeurs de camping-cars anticipent les changements à venir sur le marché, car de plus en plus de clients potentiels vont prendre conscience des risques liés à l’achat d’un véhicule à durée d’utilisation limitée.
