Si Tesla, l’entreprise américaine, est en route vers le succès, son compatriote Fisker a décidé de quitter la partie. Les actifs du constructeur automobile seront transférés à la société Hybrid Technology, dirigée par le milliardaire hong-kongais Richard Li. Cette décision fait suite à une vente aux enchères organisée par le Département de l’Énergie des États-Unis pour récupérer le prêt fédéral que Fisker n’est plus en mesure de rembourser. Hybrid Technology a déboursé environ 25 millions de dollars pour acquérir les actifs de Fisker.
Les causes de cet échec
Fisker, qui fabrique une voiture hybride coûtant plus de 100 000 dollars, la Karma, a été confronté à une série de revers qui lui ont été fatals, malgré la publicité faite par des acheteurs célèbres tels que Leonardo DiCaprio, Justin Bieber ou Ashton Kutcher. Tout d’abord, les batteries fournies par le fabricant américain A123 se sont avérées défectueuses, entraînant des rappels coûteux. La faillite de A123 a été un coup dur pour Fisker. L’année dernière, la production de la Karma a dû être arrêtée. Ensuite, l’ouragan Sandy a détruit un stock de véhicules que les assurances ont refusé de couvrir.
Un débat sur les aides fédérales relancé
Fisker, cofondé par le designer automobile Henrik Fisker (ancien d’Aston Martin) en 2007, a fait une demande de protection au titre du chapitre 11 des faillites pour faciliter le transfert de ses activités. Hybrid Technology s’est engagé à “construire à partir de l’héritage de Fisker et de sa présence aux États-Unis pour développer et produire des véhicules hybrides sophistiqués”.
Cependant, cette affaire suscite des remous au Congrès, car Fisker a bénéficié de importantes aides fédérales. Les représentants républicains Fred Upton (Michigan) et Tim Murphy (Pennsylvanie) regrettent que l’entreprise soit passée entre des mains étrangères. Surtout, ils regrettent que “les emplois promis ne se soient jamais concrétisés et que les contribuables continuent de payer pour les paris risqués de l’administration”.
Le Département de l’Énergie a accordé une ligne de crédit de 529 millions de dollars à Fisker en 2009. L’entreprise a utilisé 192 millions de dollars avant que l’administration ne coupe la ligne de crédit en 2011, car la société n’a pas atteint ses objectifs. Cette affaire ravive le débat sur les aides fédérales aux projets liés aux énergies vertes. La faillite du fabricant de panneaux solaires Solyndra, également subventionné, avait alimenté le débat lors de la campagne présidentielle de 2012 sur le rôle de l’État.
En revanche, le fabricant automobile Tesla a déjà remboursé la totalité des 465 millions de dollars de prêts reçus de l’État en mai, avec 9 ans d’avance. Le programme fédéral de soutien aux véhicules propres dispose encore de réserves importantes, mais n’a plus accordé de prêts depuis 2011.