Istanbul, le lieu de naissance de l’innovation
C’est sur les rives du Bosphore que l’histoire de Getir commence à l’été 2015. Nazim Salur, le fondateur de Getir, qui est également un fervent supporter du club de football Fenerbahçe, compare la création de sa société à un tir depuis le milieu de terrain. Les chances de réussite étaient minces, mais l’impact était mémorable.
Après avoir lancé BiTaksi, une entreprise locale de VTC permettant de trouver un chauffeur en moins de trois minutes, Nazim Salur se lance un nouveau défi : livrer des produits d’épicerie en seulement dix minutes. Son secret ? Des camionnettes remplies de marchandises circulant dans toute la ville ainsi que des « dark stores », des magasins sans clients spécialement optimisés pour le stockage. Les camionnettes ont rapidement été abandonnées, mais Getir a multiplié l’ouverture de « dark stores » (sous forme de franchises) afin de couvrir Istanbul de la manière la plus dense possible.
Dès qu’un client passe une commande en ligne, les employés de Getir préparent immédiatement les produits dans des sacs, puis un livreur démarre rapidement pour les livrer chez le client. Les Stambouliotes les plus aisés sont rapidement devenus accros à ce service révolutionnaire.
Gagner du temps pour les clients
Pourtant, selon Nazim Salur, Getir ne se limite pas à être un simple distributeur en ligne. « Notre produit principal est le temps », affirme-t-il malicieusement. « Le coût de la livraison est insignifiant par rapport au confort que nous offrons. »
Au fil des années, Getir a étendu son activité dans une trentaine de villes en Turquie, et Nazim Salur est devenue une célébrité suivie sur les réseaux sociaux. Malgré sa croissance rapide, la start-up a mis du temps à attirer l’attention des investisseurs. Cependant, tout a changé lorsque Michael Moritz, un investisseur de renom chez Sequoia Capital, a personnellement investi dans l’entreprise en 2020. La crise sanitaire, qui a entraîné la fermeture des magasins physiques, a ensuite donné un élan extraordinaire à Getir.
Depuis le début de l’année 2021, la start-up turque a levé trois montants importants (128 millions de dollars en janvier, 300 millions en mars et 555 millions en juin). Elle est désormais valorisée à 7,5 milliards de dollars.
Expansion internationale
La concurrence ne fait pas peur à Nazim Salur. Il souligne que Getir a six ans d’expérience tandis que ses concurrents n’en ont que quelques mois, voire un an. Getir ne communique pas son chiffre d’affaires, mais affirme que ses premiers « dark stores » sont rentables. L’entreprise sert fièrement des millions de personnes chaque mois en Turquie.
Grâce à son énorme trésor de guerre, Getir prévoit d’accélérer son expansion à l’international. En plus de Londres, Amsterdam, Berlin et Paris, la société turque a pour objectif de conquérir les États-Unis d’ici la fin de l’année.