L’épidémie de grippe continue de sévir en France. Dans son dernier rapport épidémiologique publié le 29 mars, Santé publique France (SPF) souligne une “circulation toujours soutenue” du virus. En effet, cette année, nous assistons à la plus longue épidémie de grippe depuis au moins douze ans. Alors, pourquoi cette grippe persiste-t-elle aussi longtemps cette année ?
Deux souches du virus
Dès la seizième semaine de l’épidémie (du 6 au 12 mars), Santé publique France faisait déjà état de “la plus longue grippe atteinte” depuis au moins 2010. Cette longévité s’est prolongée de deux semaines supplémentaires. Pour Mircea Sofonea, épidémiologiste et maître de conférences à l’université de Montpellier, le pic épidémique, désormais passé, n’a rien d’exceptionnel. En comparaison avec les saisons précédentes, il était plus faible qu’en 2017-2018 et presque deux fois moins important qu’en 2018-2019.
Cette année, l’épidémie de grippe a commencé plus tôt que les années précédentes, dès la semaine 46 (du 14 au 20 novembre 2022). Cela a été favorisé par une souche A du virus, un certain “variant” de la grippe. Entre les semaines 4 et 6 (fin janvier – mi-février 2023), la souche B a pris le dessus sur la souche A. Ces deux souches ne sont pas les mêmes, et il n’y a pas d’immunité croisée entre les deux. Ainsi, une infection par la grippe A ne protège pas contre une réinfection par la grippe B.
L’effet des restrictions de déplacements et des confinements
Une autre hypothèse avancée pour expliquer cette longue épidémie est l’effet des restrictions de déplacements pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Pendant les confinements en 2020 et 2021, la grippe circulait très peu en France. Cependant, dans les zones tropicales du monde, la grippe n’a jamais disparu. Pendant cette période, seules les souches les plus résistantes ont survécu. Il est donc possible que l’épidémie soit repartie avec les souches de virus les plus performantes.
Le rôle du vaccin
Les vaccins administrés cette saison protègent contre les souches de grippe qui ont principalement circulé : le H3N2 pour la grippe A et le Victoria pour la grippe B. Chaque année, la composition du vaccin contre la grippe est adaptée en fonction des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des souches qui sont les plus susceptibles de se propager.
La faible couverture vaccinale de l’année précédente pourrait également avoir un léger impact. Selon SPF, au 31 décembre 2022, la couverture vaccinale chez les personnes “à risque de grippe sévère” était inférieure de 1,4 point à celle de la saison précédente.
Malgré tout, les virus actuellement en circulation sont bien présents dans le vaccin. De plus, l’utilisation des gestes barrières par la population générale est revenue à son niveau d’avant la pandémie de Covid-19. Cela favorise la circulation du virus de la grippe, qui touche chaque année entre deux et six millions de personnes en France, selon l’Assurance maladie.
En conclusion, l’épidémie de grippe persiste cette année en raison de la présence de deux souches de virus différentes, de l’effet des restrictions de déplacements et des confinements, ainsi que de la couverture vaccinale. Il est donc essentiel de rester vigilant, de se faire vacciner et de continuer à respecter les gestes barrières pour limiter la propagation du virus.