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Introduction
Comment écrire une histoire fantastique ? C’est un défi particulièrement exaltant, mais aussi difficile. Dans notre monde bien réel, celui que nous connaissons, se produit un événement inexplicable. Celui qui est témoin de cet événement doit choisir entre deux explications possibles :
- Soit il s’agit d’une illusion, d’une création de l’imagination, et les lois du monde restent inchangées (explication rationnelle).
- Soit l’événement s’est réellement produit, mais sa réalité est régie par des lois qui nous sont inconnues (explication surnaturelle).
Il est important de ne pas confondre le fantastique, le merveilleux et la science-fiction. Le monde merveilleux implique un univers féerique qui s’oppose au monde réel sans pour autant le détruire. Le lecteur ne remet jamais en question l’existence des événements surnaturels évoqués, car il sait qu’il ne doit pas les prendre au sérieux, comme dans les contes. Quant à la science-fiction, il s’agit d’un genre très particulier : le lecteur ne doit jamais douter des faits qui lui sont présentés. Il doit éviter toute critique et plus il croira, plus il prendra plaisir à la lecture.
Dans un récit fantastique, l’attitude du lecteur est tout à fait différente : il doit douter en permanence des faits qu’il perçoit.
Les éléments fantastiques
Le plaisir de lire une histoire fantastique réside dans la sensation de peur qu’elle procure. L’auteur, bien sûr, présente les événements sans y croire lui-même !
Quels sont les moyens de susciter la peur ?
- Les personnages : spectres, morts-vivants, fantômes, vampires, loups-garous, doubles, diables, monstres, possédés, automates animés, poupées vivantes…
- Les lieux : souterrains, labyrinthes, tombeaux, châteaux hantés, échafaud, montagnes isolées, cimetières, ruelles sombres, chambres secrètes…
- L’époque : la nuit, l’aube, le crépuscule, le brouillard, toutes les heures troubles où la vision est altérée.
- Les thèmes : cauchemars, délires, sortilèges, rêves, pactes avec le démon, vengeances des défunts…
Le narrateur de l’histoire
Un récit fantastique est presque toujours raconté à la première personne du singulier, ce qui permet au lecteur de s’identifier au narrateur et crée une plus grande efficacité pour susciter la peur !
Vous pouvez choisir de raconter votre histoire de plusieurs façons :
Par un témoin objectif : il s’agit d’une personne autre que le héros, qui en sait autant que lui, mais qui parle en sa place, que ce soit parce que le héros n’a pas eu le temps de le faire ou parce que l’aventure l’a mené à la mort ou à la folie (par exemple : “La Vénus d’Île” de Mérimée). Ce témoin observe, prend des notes, explique à la première personne. Il souligne le décalage entre l’événement fantastique et le monde réel. Souvent, il s’agit d’un savant, d’un professeur, d’un médecin, d’un détective. Mais il cède souvent la place au héros grâce à un artifice, comme la découverte de documents personnels : des notes, un journal intime.
Par le héros lui-même : celui-ci peut raconter l’histoire bien après les événements, une fois le calme et l’apaisement revenus. Dans ce cas, le fantastique peut être légèrement teinté d’humour et être moins sombre et effrayant (par exemple : “Le Pied de momie” de Gautier). Le héros peut également écrire la suite des événements au fur et à mesure qu’ils se produisent, dans un journal intime par exemple. On peut alors constater l’aggravation du trouble, de la folie, jusqu’à la catastrophe finale, ce qui est terrifiant (par exemple : “Le Horla” de Maupassant). Dans ce cas, pour intensifier et faciliter l’identification du lecteur, le héros est peu caractérisé et peu décrit.
Caractéristiques particulières du récit fantastique
- Le point de vue est entièrement subjectif : comme nous l’avons vu, le récit fantastique est écrit à la première personne, avec le “je”, pour que nous puissions participer à l’aventure avec une intensité maximale. C’est “je” qui voit, qui sent, qui interprète.
- La fin, tout comme le récit dans son ensemble, doit être ambiguë : le doute et l’hésitation doivent persister jusqu’à la fin, qui ne peut pas être définitive. Sinon, le récit deviendrait un récit policier. Tout le récit doit se terminer par un point d’interrogation. Comme le héros, le lecteur doute jusqu’à la fin. Les récits fantastiques ont généralement une fin terrible : pas de retour rassurant au monde réel. La fin est “ouverte”.
La représentation du monde
Dans la science-fiction, le décor est souvent aussi important que l’intrigue : tout doit donner l’illusion de la réalité. Dans un récit fantastique, au contraire, tout doit jouer sur le doute. Le réel intervient fortement au départ, accentuant le décalage. Le réel se manifeste également par la description d’objets, de circonstances, de détails de comportement, mais ce réel est trompeur. On assiste au retour obsédant de certains éléments : vision imprécise, bruits inquiétants, rythmes sourds, frôlements suspects, courants d’air, odeurs étranges. Tout est déformé, ambigu : tous les phénomènes peuvent être interprétés de deux manières. Le moyen le plus efficace pour susciter l’inquiétude et suggérer l’étrangeté est de décrire sans montrer : le phénomène monstrueux n’est jamais clairement visible ni sous tous ses angles. La nuit, l’ombre souterraine, la pluie, la brume dissimulent tout en laissant deviner. Pensez-y ! Autre moyen : en général, le héros est si terrifié qu’il ne peut pas regarder jusqu’au bout. Il raconte en utilisant de nombreuses comparaisons floues, de temps verbaux irréels, de verbes suggestifs : “c’était comme si… cela ressemblait à… On aurait dit une sorte de…” Dans un récit fantastique, ce qui importe plus que les thèmes évoqués, c’est le style utilisé : dire sans dire, rendre l’absence présente. C’est un véritable tour de passe-passe !
Contes, nouvelles et romans fantastiques
Parmi les contes, nouvelles et romans fantastiques les plus connus, vous pouvez lire :
- “Le Diable amoureux” de Jacques Cazotte (1772)
- “Frankenstein” de Mary Shelley (1818)
- “Smarra” de Charles Nodier (1821)
- “La Peau de chagrin” d’Honoré de Balzac (1831)
- “La Cafetière” de Théophile Gautier (1831)
- “La Fée aux miettes” de Charles Nodier (1832)
- “La Dame de pique” d’Alexandre Pouchkine (1834)
- “Histoires extraordinaires” d’Edgar Allan Poe (1856)
- “Nouvelles Histoires extraordinaires” d’Edgar Allan Poe (1857)
- “Le Horla” de Guy de Maupassant (1885)
- “Le Portrait de Dorian Gray” d’Oscar Wilde (1891)
- “Dracula” de Bram Stoker (1897)
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