Investigation : Voitures chinoises à Charleroi, la grande illusion

Investigation : Voitures chinoises à Charleroi, la grande illusion

Le 19 octobre 2018, les plus hautes autorités wallonnes annonçaient avec enthousiasme la renaissance tant attendue du site de Caterpillar-Gosselies grâce à Thunder Power, un géant chinois de l’automobile électrique. Cependant, deux ans plus tard, l’usine est toujours vide et aucune voiture n’y est produite. Que s’est-il réellement passé ?

Des promesses électorales

Au moment des annonces triomphales à Gosselies, il était difficile de ne pas prendre en compte le contexte électoral. La résurrection supposée de Caterpillar était un argument de poids pour les politiciens locaux. Pourtant, dès le début, l’équation économique était bancale. Comment un inconnu chinois pouvait-il réaliser des bénéfices en Wallonie en vendant des voitures à bas prix (environ 12 000 €) ? Seule une chaîne de production entièrement automatisée aurait pu permettre une telle rentabilité, mais les investissements prévus étaient loin d’être suffisants.

Le silence gênant

Après l’enthousiasme initial, les responsables wallons ont rapidement mis le dossier de côté. Depuis des mois, ils se taisent. Il est impossible de savoir combien d’argent la Sogepa a investi dans cette aventure. Les autorités wallonnes insinuent que rien n’a été versé, mais cela semble peu probable. Cependant, une dépense conséquente a certainement été engagée pour rémunérer le cabinet d’audit Deloitte, qui a rédigé le rapport utilisé par le gouvernement pour donner son accord au projet. Malheureusement, ce rapport est confidentiel, tout comme son coût.

Un héritage empoisonné

En 2019, lorsque Willy Borsus devient ministre de l’Économie, il réalise peu à peu qu’il a hérité d’un cadeau empoisonné de son prédécesseur, Pierre-Yves Jeholet. Face aux parlementaires qui cherchent des réponses sur l’absence des voitures chinoises à Charleroi, le ministre Borsus se contente de lire les réponses fournies par la Sogepa, sans conviction. La Sogepa, elle-même, doit avaler les explications peu convaincantes de Thunder Power.

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Parmi ces explications, on peut citer les difficultés administratives rencontrées en Chine pour homologuer la Chloé, la voiture électrique. Une nouvelle usine doit également être construite, et il est nécessaire de modifier la chaîne de montage d’une usine déjà existante que Thunder Power souhaite acquérir. De plus, les levées de fonds nécessaires sont retardées en raison de la pandémie de covid-19.

Certains parlementaires tentent de clarifier la situation, mais ils se heurtent à un ministre de l’Économie visiblement embarrassé, qui utilise un langage évasif.

En conclusion, l’enthousiasme initial autour de Thunder Power et de l’usine de voitures électriques à Charleroi s’est vite dissipé. Les promesses électorales semblent avoir pris le pas sur la réalité économique. Les investissements nécessaires pour concrétiser ce projet ambitieux n’ont pas été à la hauteur, laissant les espoirs de renaissance industrielle s’éteindre.

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