Tout le monde connaît l’investissement en bourse, sur les actions cotées. Mais l’investissement en actions non cotées (Private Equity) est moins connu et fait l’objet de fantasmes. Comment en tirer profit en tant qu’humble investisseur particulier ? Avenue des investisseurs présente ici 6 solutions pour diversifier son patrimoine dans des sociétés non cotées à fort potentiel. Avec notre analyse de chaque solution, avantages et inconvénients et expérience pratique.
Le Private Equity, c’est quoi ?
Avant de vous expliquer les différentes façons d’investir dans le Private Equity, revenons sur les caractéristiques de ce type d’investissement. En effet, bien comprendre ce type d’investissement est indispensable avant de se lancer.
Définition du Private Equity
Tout d’abord, un peu de sémantique :
- private = privé (c’est-à-dire non coté en bourse) ;
- equity = capital (capitaux propres, par opposition à l’emprunt en banque).
Donc investir en Private Equity = entrer au capital d’une société non cotée. Par exemple, une société non cotée va lever des fonds auprès d’une banque (emprunt bancaire) et d’investisseurs qui deviendront actionnaires (private equity). Notre objectif, en tant qu’investisseurs, est d’obtenir un bon retour sur investissement, via les dividendes et surtout la plus-value.
On parle aussi de capital-investissement. Généralement, il s’agit de financer le développement d’une PME innovante (start-up). Parfois en Private Equity on trouve aussi les catégories d’investissement de la dette privée et des infrastructures…mais dans notre article on ne parlera que de la catégorie principale (le capital-investissement).
Fonctionnement du Private Equity
Lorsqu’un investisseur en capital-investissement est convaincu par le potentiel d’une entreprise, il va entrer à son capital pour l’aider à accélérer sa croissance. En pratique, nous verrons que l’on peut investir directement dans les entreprises (c’est compliqué et hasardeux), ou via des fonds (plus accessible et mieux pour diversifier).
Pour sortir de son investissement (avec forte plus-value si tout se passe bien), plusieurs options s’offrent à nous :
- cession de notre participation à un autre investisseur ou à une grande société qui rachète l’entreprise ;
- introduction en bourse de l’entreprise ;
- réduction du capital à l’aide des bénéfices ;
- revente de nos parts aux dirigeants.
Différents segments de Private Equity selon le développement des sociétés
En tant qu’apporteur de capitaux privés, nous pouvons intervenir à différents stades de la vie d’une entreprise :
- naissance de la société (“survie early stage”) : business angels et capital amorçage ;
- développement et décollage de la société avec ses premiers succès : capital risque, Venture Capital (VC) ;
- maturité : capital développement, capital transmission (pour assurer la pérennité d’une entreprise lors d’un changement de propriétaire, Leveraged buy-out LBO).
Ainsi, du côté de l’entrepreneur qui lève des fonds pour son entreprise, le besoin de fonds évolue selon le cycle de croissance de l’entreprise.
Et du côté de l’investisseur en Private Equity, il y a forcément plus de risque d’investir dans une entreprise en “early stage” (entreprise naissante qui n’a pas encore fait ses preuves), qu’en phase maturité (entreprise avec déjà plusieurs bilans solides et bénéficiaire). Plus de risque de perte en capital, mais aussi un plus fort potentiel de plus-value si l’entreprise se développe bien.
Quel rendement en Private Equity et pour quels risques ?
Sur les 20 dernières années, le Private Equity a produit une performance annualisée de 10 % (nette de frais de gestion). Sur la période 2006-2020, la performance annualisée du capital-investissement français (Private Equity) a même été de 11,70 % nette de frais.
Attention, il ne faut pas comparer au livret A rémunéré à 1 % soit 10 fois moins ! Selon nous, il faut toujours détenir un livret A pour son épargne de précaution. Et ce n’est pas comparable, car le livret A est non risqué (pas de risque de perte en capital) et liquide (on retire quand on veut).
Il faut plutôt comparer à l’investissement en actions cotées. Et pour cela, notre benchmark est l’indice MSCI World, qui regroupe les 1600 plus grandes sociétés cotées du monde. Voir ce document MSCI World : performance annualisée de l’indice MSCI World sur 10 ans = 10,73 % (période exceptionnelle). Et 6,26 % depuis le 29/12/2000 (période plus représentative). Pour aller plus loin : comment investir sur le MSCI World ?
Note de Nicolas : la performance du MSCI World a été exceptionnelle ces 10 dernières années. Retenons plutôt une espérance de rendement long terme de 7 % par an pour les actions cotées. Versus 10 % par an pour les actions non cotées (Private Equity). On parle bien de performance moyenne annuelle lissée. Et après frais de gestion (performance nette de frais de gestion).
Les risques de l’investissement en Private Equity
L’excellente performance d’un investissement en Private Equity ne doit pas vous faire oublier le principal risque de ce type de placement : perdre tout ou partie de votre capital investi. En effet, si vous entrez au capital d’une entreprise et qu’elle fait faillite, vous perdez tout. Et ce risque est d’autant plus fort si on investit en phase naissance de l’entreprise “early stage”, plutôt qu’en phase croissance ou maturité, comme vu précédemment.
En pratique, en investissant dans un fonds Private Equity plutôt qu’en direct, on réduit nettement le risque de perte en capital grâce à la diversification du portefeuille. En effet, sur un fonds investi sur 20 sociétés, il est peu probable que les 20 sociétés fassent faillite !
Autre point à prendre en considération avant d’investir dans le capital-risque : la faible liquidité de l’investissement en Private Equity. En effet, il y a peu d’opportunités de vendre nos actions en cours d’investissement. Contrairement aux actions cotées en continu (on peut vendre son tracker World, ou ses actions Air Liquide ou Tesla en quelques clics quand on veut).
Par conséquent, il est recommandé de consacrer à ce type d’investissement uniquement une part de notre patrimoine que l’on peut immobiliser pendant une durée minimum de 10 ans.
Avis de Nicolas : en résumé, on peut dire que la prime de risque du Private Equity est de 3% par rapport aux actions cotées. Car on vise 10% de performance annualisée, versus 7% en tracker World. C’est ce que l’on appelle une “prime de risque”, puisque le risque pris (illiquidité et plus grand risque de perte en capital) par rapport au marché des actions cotées nous donne droit à une espérance de gain supérieure. Globalement, pour un investisseur long terme en actions, on peut imaginer une allocation 90% actions cotées (tracker World) + 10% actions non cotées (quelques fonds de Private Equity). Passons au coeur du sujet : les différentes solutions pour investir en Private Equity.
L’investissement en direct s’apparente à la solution la moins courante pour les particuliers qui allouent une partie de leur patrimoine aux sociétés non cotées. Pour cause : devenir business angel ne s’improvise pas !
Généralement, les business angels sont des dirigeants d’entreprise (ou anciens dirigeants) avec un patrimoine conséquent qui leur permet de diversifier. Avec également de l’expérience, pour sélectionner les bonnes entreprises à potentiel. Et avec du temps et du réseau, pour idéalement accompagner activement le développement de l’entreprise. Certains sont membres d’un club de business angels et on leur présente des sociétés à la recherche de fonds.
Néanmoins, on trouve aussi un profil d’investisseur bien différent : certains épargnants “lambda” sans expérience entrent au capital de petites entreprises suite à une sollicitation par un membre de leur entourage. Attention à ne pas s’emballer, il s’agit de capital amorçage, investissement très risqué à la naissance de la société.
Avec le dispositif Madelin IR-PME, on peut obtenir une réduction d’impôt de 18% ou 25% du montant investi. Sinon, il est possible d’investir en PEA ou PEA-PME sur les sociétés éligibles : titres non cotés en PEA : fonctionnement et fiscalité.
Avantages et inconvénients d’investir en direct en tant que business angel
En résumé :
- Avantages : satisfaction d’accompagner directement le dirigeant d’entreprise et de “participer à l’aventure”. Peu de frais. Et possibilité de surperformer la rentabilité moyenne du Private Equity, si on a de la chance et du flair pour trouver les pépites.
- Inconvénients : peu accessible et hasardeux, car il faut beaucoup de temps et beaucoup de moyens pour diversifier sur suffisamment de sociétés. Beaucoup de sociétés feront faillite sous 3 ans ou ne seront jamais rentables. Mais possibilité de faire x100 (voire plus !) si on trouve le futur Tesla.
Note de Nicolas : personnellement, j’ai choisi de participer à la levée de fonds de Finary, dont je suis également client, via Crowdcube. Car je crois au projet et j’apprécie le dynamisme et l’expérience des fondateurs. Mais j’ai bien conscience que c’est très risqué (plus de 50% de probabilité de perdre de l’argent), par rapport à mon investissement principal en tracker World (moins de 5% de probabilité d’être en moins-value sur une échéance de 10 ans). Ceci est un simple exemple et non un conseil en investissement.
Les FCPR (Fonds Commun de Placement à Risques), FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) et les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité) permettent d’accéder assez facilement au Private Equity. Car ces fonds sont distribués par des banques et des conseillers en gestion de patrimoine.
Il s’agit de fonds ayant obtenu un label permettant de défiscaliser, car ils répondent à certains critères. Mais ces fonds sont-ils intéressants ? Si l’État nous accorde une défiscalisation, c’est qu’il y a une contrepartie…
Les Fonds communs de placement à risque (FCPR)
Le portefeuille de participations d’un FCPR se compose obligatoirement d’au moins 50% de sociétés non cotées en Bourse.
En contrepartie du risque de cet investissement, on bénéficie d’un avantage fiscal non négligeable : une exonération d’impôt sur le revenu sur les plus-values réalisées. Néanmoins, on reste redevables des prélèvements sociaux de 17,2% sur nos gains.
Avis de Nicolas : les avantages fiscaux d’un FCPR sont identiques à ceux d’un PEA. Donc il ne faut pas être guidé par la fiscalité. Surtout quand on voit dans le tableau ci-dessous que le célèbre FCPR BPIFrance Entreprises 1 vise un rendement inférieur à la performance attendue d’un simple tracker World. Alors qu’un simple tracker World est bien mieux diversifié, avec moins de frais et plus liquide.
Les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI)
Les FCPI sont une sous-catégorie des FCPR. Critères des FCPI : fonds composés d’au moins 60% de sociétés innovantes non cotées en Bourse. Et qui consacrent plus de 15% de leurs dépenses au département Recherche & Développement, en employant moins de 2 000 salariés.
Fiscalement, en plus de profiter de l’exonération d’impôt sur les plus-values au-delà de 5 ans de détention, réaliser un investissement dans un FCPI nous donne droit à une réduction d’impôt équivalente à 18% du montant de notre souscription.
Cependant, cet avantage fiscal est plafonné à :
- 3 000 euros par an pour une personne seule ;
- 6 000 euros par an pour un couple marié ou pacsé.
Les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP)
Les FIP sont une sous-catégorie des FCPR. Critères des FIP : fonds composés d’au moins 60% de PME régionales non cotées en Bourse. Et ces fonds doivent apporter des capitaux seulement aux entreprises qui emploient moins de 250 salariés et réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros.
Avantages et inconvénients des fonds labellisés FCPR, FCPI et FIP
Avantages :
- soutenir l’économie locale avec les FIP, diversifier (mais diversification toute relative, souvent locale et concentrée sur un secteur d’activité) et défiscaliser. Mais comme souvent en matière de défiscalisation, c’est un cadeau empoisonné…
Inconvénients :
- les gérants des fonds labellisés pratiquent des frais très élevés (frais de souscription et frais de gestion annuels). Surtout pour les FCPI et FIP sous couvert de favoriser l’innovation et l’investissement local. Donc comme souvent avec la défiscalisation, l’avantage fiscal est gommé par les frais. Et les fonds sont bloqués au moins 5 ans et ce jusqu’à une durée indéterminée (beaucoup de fonds pas encore liquidés après 10 ans)…
Avis de Nicolas : les statistiques de performance des FCPI et FIP sont désastreuses. Pourtant cela partait d’un bon sentiment quand ils ont été créés par l’État dans la fin des années 1990 pour encourager les Français à investir dans les PME innovantes et locales. Mais globalement, les gérants de fonds qui surfent sur cette vague pratiquent des frais exorbitants et investissent mal. Donc sur des centaines de fonds, même en intégrant la défiscalisation, il n’y a que 5% de fonds vraiment gagnants, 5% de petits gagnants, beaucoup de fonds perdant ou pas encore liquidés après plus de 10 ans avec des perspectives inquiétantes. C’est le travers classique de la défiscalisation : les épargnants sont attirés par l’appât fiscal, mais les intermédiaires en profitent en se gavant de frais et la rentabilité est finalement faible voire négative. Bref, il faut se méfier de ceux qui mettent en avant la défiscalisation et la fibre locale ou patriotique. La bonne approche est d’investir sur les fonds des sociétés de gestion qui ont fait leurs preuves.
Les meilleurs fonds Private Equity (mais peu accessibles)
En gestion de fortune type Edmond de Rothschild, on peut investir sur de bons fonds réputés de Private Equity. Mais ces bons fonds réputés sont difficilement accessibles : à partir de 100 k€ de ticket d’entrée, voire plusieurs millions d’euros pour les meilleurs fonds !
Avis de Nicolas : sachant qu’il vaut mieux diversifier sur au moins 3 sociétés de gestion différentes, et que le Private Equity doit représenter une petite part de nos investissements en actions, il faut être fortuné. Profil type : 300 k€ sur 3 fonds de Private Equity, pour 2 M€ investis globalement en actions, pour un investisseur avec 4 M€ de patrimoine. Mais nous avons trouvé 2 bonnes plateformes qui démocratisent l’accès aux meilleurs fonds de Private Equity, nous vous les présentons.
La plateforme Moonfare
Moonfare est une FinTech (société financière technologique) fondée par d’anciens gestionnaires de fonds.
Cette plateforme en ligne “démocratise” l’accès aux meilleurs fonds de Private Equity. En effet, nous pouvons accéder aux plus grands fonds en capital-investissement à partir de 100 000 euros, plutôt que 1 million d’euros.
Même si cette somme reste conséquente pour la majorité des investisseurs particuliers, elle est bien plus accessible que le ticket d’entrée lors d’une souscription en direct dans ces fonds de renommée mondiale.
De plus, on ne verse pas l’intégralité de notre souscription au lancement du fonds. Car en pratique, les appels de fonds s’effectuent au fur et à mesure : la période d’investissement s’étale sur 4 à 5 ans. Par exemple, on va investir 100 000 € dans un fonds de Private Equity, en 5 tranches annuelles de 20 000 €. Et les gérants de fonds vont ainsi prendre le temps de bien choisir les sociétés porteuses sur lesquelles investir.
Sur Moonfare, on trouve des fonds gérés par des sociétés de gestion de renom : KKR, Apax Partners, Ardian, EQT, Warburg Pincus, The Carlyle Group, Oakley Capital, Permira, Lexington Partners, Silver Lake Partners, Foresite Capital, etc.
Note de Nicolas : malheureusement, pour investir via Moonfare, il faut être qualifié d’investisseur professionnel. Donc remplir 2 conditions sur les 3 suivantes : détenir un portefeuille financier supérieur à 500 000 €, avoir réalisé des opérations conséquentes sur instruments financiers régulièrement sur les 12 mois précédents, avoir occupé au moins pendant 1 an un poste dans le secteur financier demandant une bonne connaissance de l’investissement en instruments financiers.
La plateforme Ramify
Autrement, sans avoir besoin d’être qualifié investisseur professionnel, nous pouvons investir en Private Equity grâce à la plateforme Ramify.
Nos lecteurs connaissent déjà Ramify qui s’illustre pour sa gestion pilotée en assurance vie et PER. Et Ramify a étoffé son offre en proposant d’investir directement en Private Equity à partir de 1 000 €.
Le choix est très correct, avec 46 fonds de Private Equity disponibles, notamment quelques grands noms.
En pratique, Ramify conseille de façon personnalisée l’épargnant selon son besoin : diversification du portefeuille, réinvestissement au sein d’une holding dans le cadre de l’article 150-0 b ter, réduction d’impôt avec des fonds labellisés FCPI ou FIP.
Avis de Nicolas : une excellente solution accessible à toutes les bourses ! Ramify a sélectionné ces fonds selon plusieurs critères, notamment l’historique de performance du gestionnaire de fonds, la taille de l’équipe et son niveau de turnover, et la stratégie des fonds. Cela donne une bonne sélection de fonds. Et chose rare en matière de private equity, en ce moment Ramify reverse à l’investisseur jusqu’à 2,5% du montant investi.
Conclusion
Après ce tour d’horizon de l’investissement en Private Equity, vous savez désormais pourquoi les plus fortunés et les investisseurs institutionnels affectionnent tant le Private Equity (performance annuelle attendue sur du long terme > 10 %). Et aussi comment allouer une partie de votre patrimoine à cette classe d’actifs alternatifs. Pour chacune des 6 solutions d’investissement en Private Equity nous avons donné notre avis.
En synthèse, selon nous, les solutions peu satisfaisantes : être business angel et investir en direct est trop hasardeux, à réserver aux investisseurs les plus fortunés et expérimentés. Quant aux FCPI et FIP, comme souvent c’est une fausse bonne idée pervertie par la défiscalisation. Par ailleurs, les actions et trackers de sociétés de gestion ne sont pas de purs investissements en Private Equity.
Donc à notre avis, les 2 meilleures solutions pour investir en Private Equity : investir sur les meilleurs fonds de sociétés de gestion reconnues (relativement accessibles chez Ramify). Et pour le grand public, une solution d’investissement à la fois très accessible et liquide : les fonds de Private Equity disponibles sur une bonne assurance vie (rarissime mais cela existe).