Jidé et Scora : Les petites sportives de Jacques Durand

Jidé et Scora : Les petites sportives de Jacques Durand

C’est le genre d’automobile que l’on croise rarement… et dont on se souvient. Dès qu’on l’aperçoit, on sait pourquoi elle est conçue : le sport. Aujourd’hui, nous vous racontons l’histoire des Jidé… puis des Scora !

Jacques Durand, constructeur en série… d’autos artisanales

Avant tout, il faut rappeler le pedigree de Jacques Durand, le père des Jidé. L’homme est habitué aux constructions en petite série, puisqu’il a commencé avec les Arista, Alta ou encore Sera et leurs mécaniques Panhard.

En 1965, c’est lui qui aide André Morin, le créateur de Sovam, à lancer une petite voiture de sport, basée sur la Renault 4. Commencée avec un moteur Billancourt, elle se muscle en 1967 avec le moteur de la R8 Gordini. Néanmoins, son manque d’image, le fait qu’elle soit une traction et qu’elle ne soit pas visible en compétition limitent sa diffusion. Les dernières voitures sortent en 1968, mais Jacques Durand n’en a pas fini.

C’est à Parthenay, chez lui, qu’il se remet au travail. L’idée est de présenter une voiture résolument sportive, reprenant les idées déjà mises en œuvre avec ses précédentes créations.

La Jidé apparaît

Voilà qu’apparaît la Jidé. Jacques Durand a fait simple pour le nom : ses initiales. Voilà qui laisse peu de doute quant à l’origine de la voiture.

L’automobile repose, comme beaucoup de petites sportives de l’époque, sur un châssis poutre avec deux traverses parallèles. Les éléments sont empruntés à d’autres voitures. La traverse avant provient d’une Renault 8 Gordini et deux longerons soutiennent le moteur qui se place en position centrale arrière. Le train avant est également prélevé sur une Gord’ avec un système de réglage du carrossage. Le train arrière vient lui de la R12. Pour la rigidité, un arceau vient se placer entre l’habitacle et le moteur. Côté freinage, c’est encore du Renault avec des disques de R16 TS à l’avant et ceux de R12 restent en place à l’arrière.

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La carrosserie, en plastique renforcé de fibre, est inspirée de la Ford GT40. Elle en partage le côté très bas puisque la Jidé culmine à 102 cm. Par contre, elle est bien plus courte avec 359 cm de long et reste large avec 156 cm. L’empattement doit garantir la maniabilité et s’établit à 224 cm.

On note d’ailleurs que le châssis est noyé dans la fibre et que la carrosserie est rigidifiée par un câble d’acier qui entoure le pare-brise et les portes. Des solutions simples, légères et efficaces.

Le moteur maintenant. C’est également du côté du Cléon 1255 cm³ de la R8 Gordini que se tourne Jacques Durand. Pour ses premières voitures, il les rachète directement à Sovam !

Les premières voitures sont vite fabriquées. Dès 1969, Pierre Madelaine, anciennement concessionnaire Sovam, engage une voiture au Tour de France Automobile… où la voiture ne termine pas.

La Jidé décolle

Après avoir construit les premières voitures chez lui à Parthenay, Durand s’établit à Chaillon-sur-Thouet dans les Deux-Sèvres. L’auto est exposée au 1er Salon de la Voiture de Course entre le 21 février et le 2 mars 1970, et les commandes arrivent.

On peut acheter une Jidé pour 6 300 francs, mais c’est alors un kit. La version montée est disponible contre 10 000 francs. Par contre, si vous la voulez avec le moteur Gordini, l’addition monte à 23 800 francs. Pour bien se situer, c’est le prix d’une Alpine A110 V85.

Pour ceux qui visent plus haut dans les classements, on peut aussi commander une Jidé avec une mécanique plus puissante. C’est alors le moteur Cléon Alu 807G (de la R12 Gordini) qui se retrouve sous le capot avec jusqu’à 160 ch !

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Les Jidé sont engagées en course. On les retrouve sur certains circuits, mais c’est surtout en rallyes ou en course de côte qu’elles s’illustrent. Ce n’est jamais le constructeur qui est présent officiellement, on parle plutôt d’auto “compétition-client” puisque Durand assure la préparation et le suivi de certaines voitures.

Les ateliers sortent les voitures à un rythme régulier. La production devient pourtant moins artisanale quand Jacques Durand fait officiellement homologuer la Jidé auprès de l’UTAC en 1972. C’est une entreprise périlleuse pour un petit constructeur, puisque deux voitures sont détruites dans l’opération. Mais elles satisfont tous les tests et les voitures de route reçoivent de vraies cartes grises au nom de Jidé.

La même année, on peut mettre sur les routes les Jidé 1600, équipées du moteur Cléon Alu de la R16 TS et ses 83 chevaux. La 1600 S est équipée du moteur et de la boîte 5 de la R12 Gordini et sort 113 ch. Les versions compétition sont toujours disponibles avec 140 et 150 ch selon que l’on s’équipe de carburateurs ou de l’injection Lucas !

En 1973, un spoiler est intégré à l’avant des Jidé.

Par contre, l’homologation prend fin. Une dernière série de voitures sort avant que la société ne voit rouge. Le choc pétrolier entraîne la suspension des courses automobiles en France. Les clients se raréfient et la marque est vendue à Michel Baxas qui veut remplacer les moteurs Renault par un flat 6 Porsche. Pour autant, elle ne produira qu’un seul exemplaire après cela. Clap de fin ? Pas vraiment.

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La Scora débarque

Jacques Durand se range de la fabrication des voitures. Il déménage en Corrèze, à Lapleau, et se lance dans la fabrication d’éléments en polyester pour… ses anciens concurrents !

Néanmoins, l’envie est trop forte et il lance la Société Corrézienne d’Automobile, connue comme la Scora en 1974.

La voiture qu’il présente au salon de 1974 est très similaire à la Jidé, mais elle est renforcée. Exit les 1300. Deux moteurs sont proposés. D’abord le Cléon Alu, préparé, qui sort 160 ch. Mais il ajoute aussi une version 1800, préparée par JRD, qui sort cette fois 183 ch !

La voiture restera produite à peu d’exemplaires et en deux versions. Les Type 2 ressemblent à des Jidé avec leurs phares sous bulle, mais les Type 1 sont équipées de phares pop-up. Les dernières voitures sortent en 1977, mais seront visibles en course jusqu’au milieu des années 80.

Les Jidé et Scora de nos jours

Ces voitures sont bien rares. En même temps, les chiffres de production sont faibles : 120 Jidé montées et 50 kits, auxquels on ajoute les 16 Scora.

Mais il faut aussi noter que dans les années 90, les productions ont été relancées avec 30 Jidé et 12 Scora !

Ces voitures sont forcément recherchées et on peut les voir en course, notamment au Tour Auto. Mais sur les routes, elles se font rares. Alors, on en profite !

Source principale : Jidé-Scora.fr