Jugé pour 20€ de filouterie de carburant

Jugé pour 20€ de filouterie de carburant

C’était un maçon exemplaire, dévoué à sa famille. Mais une soirée sombre, sa femme lui annonce qu’elle le quitte et demande le divorce. Le choc est tel qu’il en est abasourdi, complètement sonné, comme s’il avait encaissé un coup de poing du champion du monde poids lourd. Son moral est anéanti. Pour oublier cette trahison, il se met alors à boire, s’inspirant des paroles de Boris Vian.

Mais l’alcool ne suffit pas à apaiser sa peine. Il se tourne alors vers des substances illicites, selon ses propres mots. Et là, tout dérape. Il s’engage dans une spirale infernale : vols, agressions, conduites sans assurance puis sans permis… En l’espace de cinq ans, il accumule tous types d’infractions, allant même jusqu’à travailler illégalement pour un employeur peu scrupuleux à Toulouse.

Il est arrêté, puis libéré, mais replonge aussitôt. Il est à nouveau appréhendé, mais retombe encore dans ses travers. Jusqu’au jour où, ivre au point de ne plus voir clair, il se rend dans une station-service à Toulouse, fait le plein de carburant pour 20 euros et s’en va sans payer. Grâce à la plaque d’immatriculation, il est rapidement retrouvé. La voiture n’est pas la sienne, mais prêtée par un ami. Il reconnaît les faits sans difficulté et promet de rembourser.

Mais étant donné qu’il est déjà sous le coup d’une peine assortie d’un sursis, il est incarcéré. Le sursis est révoqué et il reste en prison. C’est de là, de la prison d’Eysses, qu’il a été amené hier devant le tribunal. Une opération complexe pour quelques tickets perdants et 20 euros de carburant. Quelle affaire !

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Étant donné qu’il est en récidive légale, le parquet demande, à juste titre, l’application de la peine minimale : un an de prison ferme.

Son avocate, Me Lagarde, met en avant les errements de l’administration judiciaire qui, pour juger une broutille, fait dépenser à l’État dix, voire vingt fois plus. La présidente, qui partage en partie cette opinion, condamne le prévenu à un an de prison, mais en commettant une confusion avec une peine précédente.

En d’autres termes, il ne passera pas un jour de plus derrière les barreaux.

En quittant la salle d’audience, le voleur de 20 euros avait les yeux remplis de larmes.

Une descente aux enfers pour oublier ses déboires conjugaux