La biomasse pour les particuliers : se chauffer au bois est-il rentable ?

La biomasse pour les particuliers : se chauffer au bois est-il rentable ?

Face à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et à l’augmentation des prix du gaz, du pétrole et du charbon, les énergies renouvelables sont en plein essor. Le solaire, l’éolien ou encore l’hydraulique connaissent un développement considérable. C’est également le cas de la biomasse, qui couvre près de 10 % des besoins énergétiques mondiaux !

La biomasse désigne l’ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale dont le pouvoir calorifique est utilisé pour créer de l’énergie. Selon le procédé employé, la biomasse permet de produire de la chaleur, de l’électricité, et même du carburant ! Virtuellement inépuisable et peu émettrice de CO2, il s’agit d’une source d’énergie verte exploitée depuis des millénaires.

En effet, la découverte du feu coïncide avec les premières utilisations de la biomasse. Même si on a tendance à l’oublier, le bois représente la première des énergies renouvelables ! Quand une goutte de pétrole met des millions d’années à se former dans le sous-sol, les arbres fabriquent 81 millions de m3 de bois tous les ans, et ce rien qu’en France. Utilisé comme source d’énergie, le bois est qualifié de « bois énergie » ou de « biomasse solide ».

La biomasse en Europe

En Europe, le bois énergie compte parmi les ressources les moins chères et les plus abondantes. Notre continent totalise plus de 70 millions d’hectares de forêts, dont 50 millions restent encore inexploités. En France, la forêt occupe près de 30 % du territoire, dont la moitié seulement est récoltée. De quoi laisser entrevoir de belles perspectives de développement et un réel levier d’indépendance énergétique !

La biomasse pour les particuliers : se chauffer au bois est-il rentable ?

À l’heure actuelle, la production de chaleur est la principale voie de valorisation du bois énergie. D’ailleurs, un grand nombre de centrales à biomasse apparaissent pour chauffer d’importantes surfaces comme des villes entières ! Souvent en substitution d’anciennes chaudières à énergies fossiles. Ce type d’installation est de plus en plus répandu dans le secteur industriel.

La biomasse chez le particulier

De la même manière, le recours à la biomasse pour le chauffage est possible à l’échelle des particuliers. On utilise alors des « chaudières biomasse ». À la seule différence du combustible employé, leur fonctionnement est le même que pour un équipement classique au gaz ou au fioul. La combustion de produits dérivés du bois entraîne la production de calories. Elles sont ensuite diffusées dans le circuit de chauffage et/ou un ballon d’eau chaude via un liquide caloporteur.

Ainsi, une chaudière biomasse peut en même temps chauffer l’ensemble de votre habitation, et assurer la fourniture d’eau chaude sanitaire. Grâce au faible coût du bois, on estime qu’un tel dispositif permet d’économiser 30 à 60 % par rapport à un chauffage traditionnel. De quoi réduire votre facture annuelle de chauffage de façon significative !

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Un investissement rentable pour les particuliers

Les différents types de chaudières biomasse

Lorsque l’on parle de bois, on pense souvent à un feu de cheminée ou à un poêle. Or, la valorisation récente de la biomasse solide a révolutionné le marché des systèmes de chauffage ! Aujourd’hui, il est possible de chauffer l’intégralité d’une maison grâce à une chaudière biomasse. Différentes sortes de combustibles sont disponibles, et le chargement de l’appareil peut se faire soit manuellement, soit automatiquement.

Ainsi, vous aurez principalement le choix parmi trois types de combustibles :

Le bois bûche :

Il s’agit de la forme la plus brute de l’exploitation du bois énergie. C’est également le combustible le plus couramment utilisé, en raison de son prix attractif. Cependant, la bûche offre le rendement le moins bon – 50 à 90 % – du fait de son humidité persistante. Vendue par stère et relativement lourde à manipuler, la bûche exige un espace de stockage important et bien isolé. Elle nécessite par ailleurs un chargement manuel de la chaudière. À titre indicatif, un stère permet d’obtenir 1 000 à 1 500 kWh d’énergie en moyenne.

Les plaquettes forestières ou industrielles :

Issues du broyage de déchets de bois provenant de forêts ou de scieries, les plaquettes bénéficient d’un faible prix à l’achat. Elles permettent en outre d’obtenir un très bon rendement, qui va de 75 à 95 % en moyenne. Conditionnées par MAP (Mètre cube Apparent de Plaquettes), elles sont principalement utilisées pour les appareils à chargement automatique. Comptez environ 500 à 1 000 kWh d’énergie produite par MAP.

Les granulés de bois (ou pellets) :

Ce sont de petits cylindres de 0,5 à 3 cm de long, constitués de sciure ou de copeaux comprimés et non traités. Grâce à leur faible taux d’humidité, ils affichent le meilleur rendement, lequel oscille entre 75 et 100 %. De par leur densité, ils prennent jusqu’à quatre fois moins de place que les bûches. Vendus par sac ou en vrac, ils sont compatibles avec les chaudières à chargement automatique. Sachez que 200 kg de granulés peuvent produire jusqu’à 1 000 kWh d’énergie.

Selon le combustible que vous aurez choisi, vous pourrez ensuite opter pour un chargement manuel ou automatique de votre chaudière :

  1. Le chargement manuel : comme son nom l’indique, il sera nécessaire d’approvisionner vous-même la chaudière en combustible, à la manière d’un poêle à bois. Les équipements affichent une autonomie de 4 à 8 heures environ. Un rechargement une à deux fois par jour selon vos besoins suffit. En revanche, il ne sera pas forcément nécessaire d’entreposer le combustible à côté de la chaudière, ni même de conserver d’importantes quantités. Le chargement manuel peut ainsi vous permettre de gagner de la place si votre habitation ne permet pas le stockage de gros volumes.

  2. Le chargement automatique : il offre une plus grande facilité d’utilisation, puisque l’alimentation est programmée de manière automatique. Le combustible est acheminé vers la chaudière grâce à une vis sans fin ou par aspiration. En revanche, pour pouvoir installer ce type de système, il est nécessaire de disposer d’un espace suffisamment grand pour pouvoir stocker une importante quantité de combustible, via l’acquisition d’un silo. La taille de ce dernier conditionnera l’autonomie de votre installation, qui peut aller de quelques jours à plusieurs mois.

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Ainsi, avant de choisir vos équipements, prenez bien en compte l’espace dont vous disposez, tant pour la chaudière que pour les combustibles. Dans tous les cas, n’hésitez pas à faire appel à des spécialistes pour vous guider !

Un coût à l’achat vite amorti

De nombreux facteurs sont à prendre en compte pour pouvoir estimer le coût d’une chaudière biomasse :

  • Quel combustible allez-vous choisir ? Là où les bûches et les plaquettes coûteront peu cher, les pellets afficheront des tarifs plus élevés. En revanche, ils offriront un plus grand confort de chauffage et nécessiteront un moindre volume de stockage.

  • De quelle autonomie avez-vous besoin ? Si le chargement automatique permet une autonomie qui peut aller jusqu’à une saison entière de chauffe, il s’agit également du système le plus onéreux ! En outre, de votre capacité de stockage dépendra l’autonomie d’un dispositif automatique. Plus votre silo sera volumineux, plus l’installation sera chère !

  • À quelle fin souhaitez-vous utiliser votre chaudière ? Vous n’aurez pas les mêmes besoins selon que vous cherchez simplement à fournir de l’eau chaude sanitaire ou que vous souhaitez chauffer l’intégralité de votre habitation ! La capacité de production de votre installation sera déterminée par sa puissance calorifique, qui varie de 5 à 30 kW selon les modèles. Une puissance élevée impactera nécessairement le montant de votre investissement !

  • Quels sont vos besoins thermiques ? Ils dépendront notamment de la surface à chauffer, des éventuelles déperditions de chaleur de votre logement et de la température extérieure. En fonction de ces éléments, il vous faudra acquérir une chaudière affichant un rendement énergétique plus ou moins élevé. Celui-ci mesure la quantité d’énergie produite par rapport à l’énergie consommée. De nombreux modèles sont disponibles sur le marché, et leur prix est très variable ! Leur rendement aussi, puisqu’il peut varier de 50 à 100 % selon les produits. Pour faire le point sur vos besoins, n’hésitez pas à faire le bilan énergétique de votre habitation !

Granulés ou pellets de bois

Une installation somme toute onéreuse

Même si son prix s’évalue au cas par cas, la pose d’une chaudière biomasse supposera nécessairement un investissement non négligeable. Selon les équipements que vous aurez choisis et le type d’installation, le coût d’un tel dispositif pourra osciller entre 5 000 et 25 000 €, pose incluse.

Pour réduire la durée de votre amortissement, pensez à vous renseigner sur les éventuelles subventions départementales et régionales auxquelles vous pourriez prétendre ! Vous pouvez également bénéficier sous certaines conditions du Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE). N’hésitez pas non plus à prendre contact avec l’ANAH, qui peut vous aider à financer votre projet.

Enfin, gardez à l’esprit que même si une chaudière biomasse est relativement chère à l’achat – notamment pour les modèles à alimentation automatique – elle s’amortit ensuite rapidement grâce au faible coût de ses combustibles. Ainsi, on estime qu’un tel investissement sera rentabilisé après 5 à 10 ans en moyenne.

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Investir dans la biomasse : ce qu’il faut retenir

Avant de vous lancer dans l’installation d’une chaudière biomasse, il est essentiel de bien anticiper l’espace dont vous disposez ! Si vous optez, par exemple, pour un modèle automatique, il vous faudra prévoir un silo de stockage. Celui-ci pourra être en matière textile, en métal ou en plastique, et ses dimensions précises dépendront notamment de la puissance de votre équipement. À titre indicatif, prévoyez environ 1 m3 de stockage par kW.

Autre impératif :

  • Votre chaudière biomasse sera obligatoirement raccordée à un conduit de cheminée pour l’évacuation des fumées. S’il existe déjà, procédez à quelques vérifications, en contactant, par exemple, une entreprise de fumisterie.

  • Si vous ne disposez d’aucun conduit, vous devrez prévoir son installation et la pose d’un tubage. À noter également qu’il faudra ventiler la pièce où la chaudière se trouvera.

Le combustible

La qualité des combustibles et leur mode de stockage influeront sur les performances de votre installation ! Par exemple, un faible taux d’humidité optimisera l’efficacité de la chaudière, et réduira la quantité de cendres ainsi que les émissions polluantes dans l’atmosphère. Par conséquent, conservez le bois dans un endroit sec et aéré, et privilégiez les labels « NF Bois de Chauffage » et « NF Biocombustibles ».

Les normes de votre installation

Le choix, la pose et le raccordement de votre installation répondent à des normes qui demandent précision et expertise ! Par conséquent, choisissez de préférence un installateur certifié « QualiBois », spécialiste des chauffages au bois énergie. Sachez également que certaines aides financières ne pourront vous être accordées que si vous faites appel à un artisan RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) et si vos équipements sont labellisés « Flamme verte ».

Comme tout dispositif de chauffage, une installation à biomasse s’entretient ! Il vous faudra vider régulièrement le cendrier (une fois par semaine en moyenne), et procéder à une révision annuelle de votre chaudière pour assurer une meilleure efficacité du système et prolonger sa durée de vie. Selon les modèles, celle-ci va de 20 à 25 ans environ.

Au même titre que n’importe quel appareil ayant recours aux énergies renouvelables – panneaux solaires thermiques ou pompe à chaleur géothermique, par exemple – il est indispensable de bien vérifier l’isolation de votre logement ! L’investissement dans ce type d’équipements n’aura de sens que si les déperditions de chaleur sont minimes. Privilégiez notamment les doubles ou triples vitrages, et contrôlez l’étanchéité de votre toiture !

Chauffage au bois

La biomasse : rentable ou non ?

Enfin, même si elle suppose un coût à l’achat relativement élevé, la chaudière biomasse constitue un investissement rentable économiquement. Il offre en outre un excellent confort de chauffage. Que ce soit sous forme de bûches, de plaquettes ou de granulés, la biomasse solide demeure un combustible nettement moins cher que le gaz naturel ou le fioul. De plus, il s’agit d’un équipement écologique faisant appel à une ressource propre et renouvelable !

En revanche, il faut que le chauffage à biomasse s’inscrive pleinement dans le développement durable. Il est impératif de choisir des sources d’approvisionnement proches de chez vous ! En limitant les acheminements, vous réduisez la pollution liée au transport des combustibles. Pour rester écologique, le bois énergie ne doit pas parcourir plus de 50 km pour arriver jusqu’à votre chaudière. Et en respectant ce principe, vous contribuerez par la même occasion à l’économie locale !