Il se vend près de deux millions de bouilloires chaque année en France. Cet objet indispensable de nos cuisines sera désormais proposé par la jeune entreprise française Vertige. Cette bouilloire, conçue pour être démontable et réparable à l’infini, marque le début d’une nouvelle ère de production plus vertueuse et pourrait révolutionner tout un secteur.
Une gestion durable des matières premières
Sur le site de production de Vertige, tout commence par une sélection rigoureuse des matériaux. Ici, pas de plastique issu de la pétrochimie, mais des matières premières biosourcées. La bouilloire est fabriquée à partir d’une résine 100% naturelle, contenant des charges minérales et végétales d’origine française. Ces matériaux sont recyclables à l’infini, tandis que la cuve en inox garantit durabilité et résistance. De plus, ce modèle révolutionnaire est démontable et repérable, ce qui permet de le réutiliser et de le réparer pendant toute sa durée de vie, qui est garantie pendant 10 ans.
“Nous sommes en train de construire un modèle révolutionnaire”, déclare Christophe Baudron, fondateur de Vertige. “Depuis des années, j’ai formé et conseillé des ingénieurs dans différentes entreprises industrielles, dans des secteurs variés tels que la pharmacie, le ferroviaire et l’aéronautique. Bien que leurs compétences soient très pointues, elles ne sont pas toujours utilisées pour des innovations écologiques. Par exemple, les matériaux utilisés sont de plus en plus performants, mais pas nécessairement respectueux de l’environnement.”
C’est ainsi que naît ce produit apparemment simple : une bouilloire écoconçue, fabriquée avec des pièces détachées mutualisées, démontables, réutilisables et recyclables. Grâce à ce mode de conception, Vertige envisage de récupérer les anciens modèles pour les reconditionner, ou même de les reprendre sous forme de bons d’achat afin de les revendre à des prix abordables, évitant ainsi la surconsommation de produits neufs.
“Cette bouilloire, et plus généralement les petits appareils électroménagers, constituent notre premier domaine d’application. Notre objectif est de pénétrer un marché de masse pour pouvoir changer le monde, car nous ne pouvons pas renverser la situation du jour au lendemain”, ajoute Christophe Baudron.
Vers une réindustrialisation en France ?
Un autre cheval de bataille de Vertige est la fabrication française, dans le but de réintégrer les compétences et l’innovation responsable sur le territoire. La production est réalisée à 95% localement, dès la phase de recherche et développement, bien avant la phase de fabrication. D’ailleurs, la jeune entreprise a déjà obtenu le label Origine France Garantie, le plus exigeant du marché.
“Une seule de nos pièces pour la bouilloire est commandée à l’étranger. Alors que de nombreuses pièces industrielles dépendent aujourd’hui de savoir-faire ou de brevets étrangers, nous avons cherché, au contraire, à retrouver certaines compétences que nous avions il y a quelques décennies en France. Cela passe par un partenariat étroit avec tous nos sous-traitants et fournisseurs, ainsi que par l’internalisation de certains savoir-faire que nous jugeons stratégiques”, explique-t-il.
Basé en Indre-et-Loire, Vertige a regroupé son bureau d’études et sa production sur un seul site. Sur place, une équipe d’une vingtaine de personnes, principalement constituée d’ingénieurs et de techniciens, travaille à la conception de cette bouilloire révolutionnaire. Le système mis en place est ingénieux : des pièces mutualisées, un process industriel entièrement automatisé et un assemblage direct pour limiter les stocks. Tout est fabriqué sur commande, afin d’éviter la surproduction.
Un suivi rigoureux de la qualité et une démarche d’amélioration continue sont des éléments essentiels pour que ce système fonctionne, c’est pourquoi ces compétences ont également été internalisées par Vertige.
Une fibre sociale forte
Cette cellule de production automatisée, conçue par les équipes de Vertige, permet également de rompre avec le fonctionnement obsolète et peu gratifiant de la chaîne de fabrication traditionnelle. En France, le gouvernement estime que 20% des salariés sont exposés, de manière plus ou moins importante, à des facteurs de pénibilité reconnus par le Code du Travail.
“En remplaçant les hommes par des robots, nous supprimons les tâches répétitives qui sont à l’origine de troubles musculaires et nuisent au bien-être de nos salariés. Nous réduisons également les risques d’accidents du travail, tout en favorisant la création d’emplois plus qualifiés”, conclut Christophe Baudron.
