Les véhicules électriques prennent une place prépondérante lors du Mondial de l’Automobile à Paris, qui se tiendra du 4 au 14 octobre. La Chine, quant à elle, compte bien prendre la tête du marché en “coupant le virage”, comme le souligne France Stratégie.
Des ventes qui monopolisent le marché mondial
En 2017, la Chine a vendu près de 601 700 voitures particulières électriques, représentant près de la moitié du marché mondial. Si l’on ajoute les bus et utilitaires légers, ce chiffre atteint près de 800 000 unités l’année dernière, sans compter les 30 millions de deux-roues électriques vendus sur la même période.
Grâce à son vaste marché intérieur, le gouvernement chinois a fixé des objectifs ambitieux pour les années à venir : plus de 2 millions de véhicules électriques vendus en 2020, plus de 7 millions en 2025 et environ 16 millions en 2030, représentant près de 40% du marché des véhicules neufs selon les prévisions chinoises.
Une ambition industrielle : un “saut-de-mouton technologique”
Si l’argument environnemental est souvent mis en avant dans la lutte contre la pollution de l’air, en Chine, le développement des véhicules électriques répond avant tout à une ambition industrielle. En optant pour la mobilité électrique, tous les constructeurs mondiaux, y compris les acteurs historiques du marché automobile américain et européen, se retrouvent sur un pied d’égalité. Pékin mise sur un raccourci technologique en faisant l’impasse sur les véhicules thermiques.
Par ailleurs, la Chine voit dans le développement des véhicules électriques une opportunité pour réduire sa dépendance énergétique. En effet, elle est devenue le premier importateur mondial de pétrole brut, et près de 55% de sa consommation pétrolière en 2017 était destinée à son parc automobile. Cependant, la stratégie de développement des véhicules électriques en Chine est portée par le ministère de l’industrie et non par le ministère de l’écologie et de l’environnement.
Une nouvelle stratégie pour les prochaines années
La Chine déploie tous les efforts nécessaires pour devenir le leader mondial de la mobilité électrique. Des subventions à l’achat ont été mises en place pour faciliter l’essor des véhicules à batterie, ainsi que des quotas de production de véhicules électriques imposés à tous les constructeurs dès 2019. Les incitations seront donc désormais orientées vers les constructeurs plutôt que les acheteurs.
D’autres mesures indirectes ont également été prises pour encourager l’acquisition de véhicules électriques, telles que des avantages fiscaux, des voies réservées, l’absence de restriction de circulation et des tarifs réduits pour le stationnement.
En ce qui concerne les infrastructures, le gouvernement chinois a accéléré la mise en place de bornes de recharge en libre-service, considérées comme le talon d’Achille de la mobilité électrique. À ce jour, la Chine compte déjà près de 280 000 bornes de recharge en libre-service, avec un objectif d’atteindre 4,8 millions de bornes d’ici 2020.
Des acteurs chinois prêts à conquérir le marché mondial
La Chine encourage l’émergence de champions nationaux dans le domaine de la mobilité électrique. Les onze premiers constructeurs de voitures électriques en Chine sont tous chinois, tels que BYD, BAYD et BAIC, devançant Tesla et BMW, les premiers constructeurs étrangers.
En matière de batteries, considérées comme un facteur clé de la guerre industrielle, les constructeurs chinois ont redoublé d’efforts pour rattraper leur retard sur leurs homologues japonais et sud-coréens. Le groupe chinois CATL est ainsi devenu le premier fabricant mondial de batteries pour automobiles en 2017.
De plus, de nombreuses start-ups chinoises, souvent issues du secteur numérique, ambitionnent de devenir les “Tesla de demain”. L’une d’elles, NIO, a déjà livré sa première voiture commerciale en juin 2018, proposant un modèle deux fois moins cher que la Tesla Model X.
Grâce à un écosystème d’acteurs nationaux couvrant l’ensemble de la chaîne de fabrication et d’utilisation des véhicules électriques, la Chine a réussi en dix ans à créer une dynamique qui pourrait accélérer la conversion du reste du monde à la mobilité électrique.