La course aux kilos : une équation complexe

La course aux kilos : une équation complexe

Les voitures électriques ont une particularité méconnue : elles sont toutes particulièrement lourdes. Le tout nouveau SUV de Tesla, le Model X, qui vient d’être commercialisé en France, pèse pas moins de 2,5 tonnes, soit plus que la berline Model S (2,2 tonnes), déjà considérée comme l’une des voitures les plus lourdes sur le marché européen. De même, la nouvelle ZOE de Renault, qui promet jusqu’à 300 km d’autonomie, affiche une masse de 1,5 tonne, presque inchangée par rapport à la génération précédente, mais bien plus lourde qu’une Clio thermique. Citons également le Mitsubishi Outlander (1,8 tonne) ou encore l’Audi e-tron (1,6 tonne), tandis que la Bluecar de Bolloré se limite à 1,1 tonne.

Pourquoi cette prise de poids ?

“Par rapport à une voiture classique essence ou diesel, un modèle électrique gagne environ 150 à 200 kg grâce à l’absence de moteur, de boîte de vitesses et de réservoir d’essence. Mais lorsque l’on ajoute la batterie, le bloc électrique, le convertisseur et d’autres équipements, le solde est clairement négatif”, explique Christophe Aufrère, directeur de la stratégie technologique de Faurecia.

La batterie d’une Model S pèse à elle seule environ 500 kg et celle de la ZOE pèse 310 kg. “En gros, 1 kilogramme de batterie permet de parcourir 1 kilomètre”, poursuit Christophe Aufrère. Ce qui fait cher au kilomètre, d’autant plus que la batterie représente 30 % de la valeur d’une voiture électrique…

Une question écologique

Cette prise de poids pose plusieurs questions. Tout d’abord, sur le plan écologique. Plus le poids est important, plus le bilan environnemental global est discutable. “Avant d’être électrique, une voiture doit être légère”, note Nicolas Meilhan, de Frost & Sullivan. De plus, l’image écologique de la voiture électrique est régulièrement critiquée par certains écologistes en raison de l’origine fossile de l’électricité dans différents pays (Allemagne, Chine).

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Acier ultrarésistant, fibre de carbone, composite…

En outre, tous ces kilos sont un défi pour la méthode low cost de Renault. Pour concevoir le Kwid, le père du programme, Gérard Detourbet, avait fait de la légèreté un critère essentiel en supprimant des équipements et en intégrant une plateforme et un moteur ultralégers. Résultat : une voiture pesant à peine 650 kg, ce qui a permis de réduire considérablement les coûts. Mais en ce qui concerne les voitures électriques, la batterie ne peut pas être allégée en un claquement de doigts.

Après des années de travail, les ingénieurs français sont parvenus à réduire légèrement le poids de la nouvelle ZOE (seulement 20 kg supplémentaires), mais ils n’ont pas réussi à inverser la tendance. Pour une voiture à bas coûts, ils devront donc faire preuve d’imagination sur d’autres aspects. Entre l’acier ultrarésistant, la fibre de carbone, le composite et l’aluminium, les options sont nombreuses. Cependant, tous ces matériaux sont plus coûteux et se retrouvent principalement sur les voitures haut de gamme. Pour un constructeur généraliste comme Renault, la voiture électrique low cost demandera donc une bonne dose d’imagination…

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