La démocratisation des voitures électriques : un défi difficile à relever

La démocratisation des voitures électriques : un défi difficile à relever

La voiture électrique, un véhicule du futur qui peine encore à se démocratiser. En France, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un dispositif visant à rendre les voitures électriques accessibles aux personnes les plus modestes. Une promesse de sa campagne présidentielle en 2022. Cependant, cette ambition rencontre de nombreux obstacles.

L’équation complexe à résoudre

La complexité de cette démocratisation est visible dans la durée de gestation du projet. Le défi est de rendre l’utilisation des voitures électriques plus accessible tout en favorisant le “made in France” et en respectant les contraintes budgétaires de l’État. Dans le domaine automobile, concilier la vision écologique du président Macron avec les contraintes économiques des constructeurs français est un véritable défi.

À partir du 1er janvier 2024, il sera possible, en fonction des revenus et de l’utilisation du véhicule, de souscrire un contrat de location longue durée pour moins de 100 euros par mois. L’État prendra en charge l’apport initial versé au loueur. Parallèlement, un bonus de 5 000 euros sera proposé pour l’achat d’une voiture électrique de moins de 47 000 euros. Ces deux offres seront réservées aux véhicules ayant le meilleur bilan carbone, ce qui permettra d’éviter les modèles fabriqués en dehors de l’Europe.

Les obstacles à la demande

Cependant, cette stimulation de la demande risque de se heurter à la réalité du marché actuel. Au fil des années, les constructeurs automobiles ont continué à développer des voitures de plus en plus haut de gamme. Ainsi, l’achat d’une voiture neuve est devenu inaccessible pour une part croissante de la population. Cette tendance s’est accrue avec l’électrification de l’offre, car les voitures électriques coûtent plus cher à produire que leurs homologues à moteur thermique.

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L’avance de la Chine

Le prix moyen des voitures électriques européennes, qui s’élève à 65 000 euros, est totalement déconnecté de l’objectif de démocratisation de cette technologie, malgré les aides financières accordées. Renault a choisi de se concentrer sur les voitures de milieu de gamme, plus rentables, au détriment d’une citadine comme la Zoe. La R5 électrique ne sera disponible qu’à partir de fin 2024, et la future Twingo n’est encore qu’un projet. Citroën devancerait Renault avec sa ë-C3, mais sa commercialisation ne débutera qu’en avril. Quant à la Peugeot e-208, son prix avoisine les 35 000 euros hors bonus.

Faute d’une offre adaptée, il est peu probable que le leasing à 100 euros par mois bouleverse le marché français des voitures électriques. Le problème est que les voitures les plus abordables sont souvent d’origine chinoise. Le gouvernement est donc confronté à un dilemme entre la volonté de rendre les voitures électriques accessibles au plus grand nombre et la nécessité de préserver la souveraineté industrielle française.

La Chine a adopté une stratégie différente de l’Europe en subventionnant massivement les voitures électriques d’entrée de gamme. Ces modèles représentent désormais plus d’un tiers des ventes en Chine. Ainsi, la Chine a pris une avance déterminante en proposant des voitures électriques attrayantes et beaucoup moins chères. Alors que le marché chinois commence à se stabiliser, les constructeurs chinois se préparent à inonder l’Europe qui n’est pas encore prête à affronter cette concurrence.

Le dispositif mis en place par le gouvernement, en apparence protecteur, pourrait être facilement contourné. La plupart des marques chinoises ont des projets d’implantation industrielle en Europe, ce qui leur permettrait de bénéficier des aides publiques. La vision écologique de la France devra peut-être composer avec la concurrence chinoise, telle une ligne Maginot dépassée.

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