La dépendance à la Chine s’intensifie avec le passage à la voiture électrique

La dépendance à la Chine s’intensifie avec le passage à la voiture électrique

Depuis l’avènement de la révolution industrielle, nos sociétés sont devenues si dépendantes de modes de production et de besoins que faire marche arrière semble presque impossible. La transition énergétique, souvent perçue comme difficile, est en réalité inévitable.

Parmi les nombreux secteurs visés par cette transition, l’accent est particulièrement mis sur les émissions de gaz à effet de serre générées par les transports (les voitures représentant 16 % des émissions en France). La décarbonation des transports est donc un enjeu majeur.

Dans ce contexte, une attention particulière est portée aux voitures électriques. Cependant, la production de ces batteries nécessite des matières premières telles que le graphite, le cobalt et surtout le lithium. En prenant en compte l’ensemble du processus de fabrication de ces voitures, les bénéfices environnementaux semblent moins évidents. Des enjeux économiques et géopolitiques se posent également.

D’un point de vue économique, il existe trois marchés pour les matières premières : celui de l’extraction minière, celui de la transformation (comme le raffinage) et celui de l’assemblage final. La dépendance à la Chine est particulièrement forte sur les marchés en amont et à mi-chemin. En effet, la Chine domine ces marchés, notamment en ce qui concerne le lithium, essentiel à la fabrication des batteries. Le développement des autres marchés à grande échelle dépend donc des matières actuellement contrôlées par une seule région.

Le processus de fabrication des batteries pour les voitures électriques comprend quatre étapes : l’extraction des matières premières, le traitement de ces matières, la création des anodes et cathodes, et enfin l’assemblage final des batteries. En analysant le marché et en considérant l’ensemble de ces étapes, il est évident que nous dépendons de la Chine. En ce qui concerne les minerais, la répartition mondiale est acceptable car elle implique 10 à 15 pays. Cependant, en ce qui concerne le traitement des matières premières, la Chine occupe une position de leader avec plus de 50 % du marché mondial. Pour l’assemblage final des batteries, elle détient même 70 % du marché.

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Cette dépendance géopolitique est couplée à une problématique écologique. La Chine, en raison de l’utilisation intensive du charbon, a une forte empreinte carbone. Par conséquent, l’industrie des voitures électriques, dépendante de l’énergie chinoise, émet également beaucoup de gaz à effet de serre. Le bilan carbone de la fabrication et de l’utilisation d’une voiture électrique est donc significatif et le gain par rapport à une voiture thermique n’est pas si évident, à moins d’une utilisation conséquente du véhicule.

Selon les experts, l’Europe n’a pas suffisamment investi dans le marché des matières premières. Par conséquent, l’offre de ces matières ne pourra pas suivre la demande européenne. Cependant, des efforts ont récemment été faits pour renforcer la présence européenne sur le marché de l’assemblage des batteries. Des projets de gigafactories, des usines géantes dédiées à la fabrication des batteries, ont vu le jour en Europe. Cependant, ces usines devront toujours acheter les composants nécessaires à l’assemblage des batteries.

Pour réduire cette dépendance envers la Chine, le recyclage des batteries joue un rôle crucial. La seconde vie des batteries est un enjeu majeur, et l’Europe doit absolument devenir un acteur clé dans ce domaine. Cela permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis du marché chinois. Cependant, si l’Europe souhaite lutter efficacement contre les industries chinoises, américaines et japonaises, il est essentiel que chaque État membre collabore étroitement. Sinon, l’industrie automobile européenne risque de disparaître.

Il est clair que l’Europe a encore des chances de réussir sa transition énergétique, mais cela nécessite une action coordonnée de tous les États membres. En s’alliant, l’industrie automobile européenne peut rivaliser avec les industries chinoise, américaine et japonaise. Cependant, si chacun agit individuellement, les chances de succès sont minces.

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