La Diabline : une histoire de naufrage

Diabline: récit d’un naufrage

Pourtant, tout avait si bien commencé… La Diabline était le premier véhicule électrique à être introduit dans la commune de Saint-Denis, à La Réunion. De décembre 2008 à janvier 2009, cette navette permettait aux habitants de se déplacer facilement en centre-ville, reliant les parkings de l’Océan et du Grand-Marché. Pour seulement 50 centimes, les utilisateurs pouvaient profiter d’un trajet agréable et pratique, avec une rotation toutes les 45 minutes. De plus, la Diabline s’arrêtait devant le magasin de leur choix, facilitant ainsi leurs courses.

Le maire Gilbert Annette expliquait à l’époque : “Nous sommes des praticiens du développement durable, alors que d’autres ne sont que des théoriciens !” L’objectif de la municipalité était d’encourager les automobilistes à laisser leur voiture dans l’un des parkings et à se déplacer en Diabline pour réduire la circulation en centre-ville. En complément, les parkings étaient gratuits à partir de 17 heures et plus d’une centaine de boutiques avaient prolongé leurs horaires d’ouverture jusqu’à 19 heures.

Malheureusement, malgré les efforts de la municipalité, la Diabline n’a pas rencontré le succès escompté auprès du public réunionnais. Contrairement aux villes métropolitaines où un dispositif similaire a été adopté, les Réunionnais sont attachés aux belles voitures et considèrent la Diabline comme peu attrayante. Certains la comparent à une voiturette de golf croisée avec un camion de glaces. De plus, la faible autonomie de la navette, qui nécessitait une recharge pendant la pause de midi, a limité son utilisation de 10 heures à 12h30 et de 15h30 à 18h30.

En 2011, la Diabline est réapparue sous un nouveau projet. Cette fois-ci, l’objectif était de créer un atelier de montage local des Diablines, avec des pièces détachées provenant de la métropole. Helem OI, une co-entreprise entre Helem de la métropole et l’entreprise locale Convergence, était chargée de ce nouveau développement. L’atelier devait également assurer la maintenance des véhicules. Les collectivités locales avaient déjà pré-commandé une vingtaine d’exemplaires, et l’entreprise envisageait même de se développer à l’international, en exportant vers Maurice, Mayotte, l’Afrique du Sud et même l’Australie.

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Cependant, en 2014, le projet Helem OI a été mis en redressement, suite à des difficultés rencontrées par l’entreprise. Certains ont souligné que la Diabline, conçue en 2000 par le regretté Claude Fior, était peut-être dépassée technologiquement. Malgré son châssis exceptionnel et son poids léger, la performance de la Diabline, notamment son autonomie limitée à 60 km, laissait à désirer.

Aujourd’hui, la Diabline est abandonnée, reléguée à un coin de la NORDEV. Cependant, le naufrage de la Diabline n’a pas entraîné celui de l’ingénieur réunionnais, Sébastien Kulak. Celui-ci a continué à développer de nouveaux engins, notamment le Colibus, une version plus performante de la Diabline. De plus, il dirige une entreprise spécialisée dans les voitures de course électriques, qui suscite beaucoup d’intérêt auprès des petits circuits automobiles en métropole.

Malgré les difficultés rencontrées par la Diabline, son histoire témoigne des efforts entrepris pour promouvoir une mobilité plus durable et respectueuse de l’environnement. Espérons que ces initiatives continueront de se développer et d’évoluer vers des solutions encore meilleures pour l’avenir de nos déplacements urbains.