La difficile question de l’obésité chez la personne âgée

La difficile question de l’obésité chez la personne âgée

Avec l’âge, les kilos s’accumulent. À partir de 65 ans, le nombre de personnes obèses augmente encore. Au-delà de 80 ans, il diminue, ce qui n’est pas surprenant : les personnes minces vivent plus longtemps. Malgré ces données contrastées, les médecins sont perplexes : l’obésité chez les personnes âgées accroît-elle le risque de mortalité ou au contraire les protège-t-elle ? Les facteurs sont multiples et les études sont rares.

Composition corporelle évolutive

Il est important de savoir que le corps humain évolue. Le poids des hommes et des femmes a tendance à augmenter jusqu’à l’âge de 50-59 ans, puis il diminue. Le pic de masse musculaire est atteint vers 30 ans, puis il diminue de 3 à 8% par décennie. On observe une perte de masse musculaire d’environ 30% chez les plus de 65 ans et de 50% au-delà de 80 ans. Après 20-30 ans, la masse maigre (c’est-à-dire la masse non grasse : peau, os, muscles, organes) diminue. La masse musculaire diminue de 40% entre 20 et 70 ans, tandis que la masse grasse augmente. Après 70 ans, les différentes masses diminuent et se redistribuent dans le corps, la masse maigre diminue en périphérie tandis que la masse grasse prédomine au niveau abdominal et musculaire. Il est donc normal de paraître plus gros en vieillissant.

Le poids peut rester inchangé en raison de cette redistribution. L’indice de masse corporelle (IMC = poids/taille²) est donc moins précis chez les personnes âgées car il sous-estime la part de graisse. La circonférence du milieu du bras ou le tour de taille sont de meilleurs indicateurs. Chez les femmes, une circonférence du bras inférieure à 22 cm (23 cm chez les hommes) est suspecte de déficit énergétique. Les personnes ayant une masse musculaire supérieure à la moyenne et un tour de taille inférieur ou égal à 102 cm ont un taux de mortalité plus faible. Cependant, les personnes en sous-poids ont un taux de mortalité nettement plus élevé que celles qui ont un poids normal ou en surpoids. En d’autres termes, chez les personnes âgées, il vaut mieux être en surpoids que trop maigre.

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Les effets contrastés de l’obésité

La prise de poids avec l’âge est due non pas à une consommation supérieure de calories, mais à une diminution de la dépense totale d’énergie et à des changements hormonaux. Les personnes âgées obèses présentent un risque accru d’hypertension artérielle, de diabète, de maladies coronariennes, d’accidents vasculaires cérébraux, de problèmes de vésicule biliaire, de problèmes respiratoires, d’arthrose, d’apnées du sommeil et de cancers. Cependant, il semblerait que le surpoids ne soit pas un facteur de mortalité chez les personnes âgées. Au contraire, il serait même associé à une réduction significative de la mortalité. De plus, l’obésité accroît la densité osseuse, ce qui est bénéfique : les risques d’ostéoporose et de fractures de la hanche sont moins importants chez les personnes obèses.

Quant à la perte de poids, son impact sur les personnes âgées est également difficile à évaluer. La dénutrition est associée à un pronostic plus sombre que l’obésité, car la perte de masse maigre impliquée n’est guère bénéfique. De plus, il est souvent difficile pour les médecins de savoir si la perte de poids est volontaire ou associée à une maladie chronique. Une étude montre que les personnes obèses qui perdent du poids intentionnellement réduisent leur taux de mortalité de 24% par rapport à celles qui maigrissent de manière fortuite. La perte de poids volontaire entraîne une diminution moyenne de 75% de la masse grasse et de 25% de la masse maigre. C’est cette dernière perte qui est néfaste pour la santé.

Des exercices réguliers

Les médecins doivent évaluer chaque cas individuellement. La perte de poids chez les personnes âgées est justifiée en cas d’arthrose et de problèmes de mobilité. Elle vise à améliorer les conditions de vie du patient plutôt qu’à prévenir les complications médicales. La perte de poids précipitée n’est pas recommandée chez les personnes âgées, car un surpoids pourrait avoir un effet protecteur grâce à de meilleures réserves nutritionnelles et une masse maigre plus importante. Associée à une activité physique, la perte de masse maigre, celle qu’il faut préserver, est moins importante. La meilleure option consiste donc à améliorer son hygiène de vie et à faire de l’exercice. Une activité physique régulière et un apport adéquat en vitamine D permettent de limiter la perte de masse musculaire et osseuse tout en perdant du poids. La marche est recommandée, car elle contribue à réduire la masse grasse tout en évitant une perte excessive de masse maigre.

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Référence:
Adapté de « Obésité chez la personne âgée : quelle attitude ? », Drs Sé. Buclin Thiébaud, Z. Pataky, Pr A. Golay, Département de médecine communautaire et de premier recours, HUG, in Revue médicale suisse 2010; 6: 666-9, en collaboration avec les auteurs.