La drogue est un sujet complexe et fascinant qui suscite de nombreuses interrogations. Comment les individus tombent-ils dans la drogue ? Et comment font-ils pour tenter d’en sortir ? Le sociologue Patrick Pharo a enquêté auprès de 25 toxicomanes parisiens et new-yorkais âgés de 25 à 75 ans, tous sévèrement dépendants à l’alcool, à l’héroïne, à la cocaïne ou à la marijuana. Il a ainsi découvert que la toxicomanie ne peut être réduite à une simple explication causale, mais qu’elle est également le fruit de choix volontaires et de valeurs spécifiques.
Les raisons qui mènent à la toxicomanie
La toxicomanie peut être expliquée par de multiples facteurs. Certains soulignent les conflits psychologiques intérieurs, d’autres mettent en avant des prédispositions héréditaires ou des mécanismes neurologiques, tandis que certains insistent sur l’influence du milieu social. Cependant, Patrick Pharo aborde la question sous un angle différent. Il considère que les toxicomanes ne sont pas simplement des victimes inconscientes de leur passé, de leur milieu ou de leurs gènes, mais qu’ils font des choix volontaires basés sur leurs actions et leurs valeurs.
Les choix et valeurs des drogués
Les témoignages recueillis par Patrick Pharo confirment cette perspective. Certains drogués ont effectivement été influencés par leur passé familial, leur entourage ou leur désir de transgression. Cependant, la plupart d’entre eux insistent sur le fait qu’ils ont fait des choix délibérés et ont commencé à consommer de la drogue sans contrainte extérieure. Ils sont motivés par le goût de la liberté et la recherche du plaisir. Ces premiers pas dans la drogue sont souvent le fruit d’une évaluation plus ou moins consciente des risques.
La volonté de sortir de la dépendance
La décision de commencer à consommer de la drogue n’est pas le résultat d’une faiblesse de volonté, mais plutôt d’une “faille de la liberté”, comparable à un accident de voiture. On ne choisit pas d’avoir un accident, mais on choisit de prendre des risques en conduisant. De même, l’entrée dans la dépendance est le résultat d’un choix volontaire. Cependant, à un moment donné, de nombreux drogués souhaitent arrêter. Ils réagissent soit face au risque imminent de mourir, soit parce que la vie est devenue insupportable. Cette volonté de sortir de la dépendance est une expérience d’épuisement de la liberté antérieure.
Sortir de la dépendance : un chemin semé d’embûches
La plupart des drogués ne parviennent pas à se sortir de la dépendance par eux-mêmes. Seuls quatre sur vingt-cinq y sont parvenus. Certains ont réussi à arrêter en changeant de vie, en se retrouvant dans un environnement dépourvu de leur réseau de fournisseurs. Cependant, la plupart ont eu besoin d’un soutien extérieur tel que des médicaments de substitution, des centres de désintoxication, des associations d’entraide ou des thérapies. La volonté seule ne suffit pas à arrêter la drogue, mais aucun soutien extérieur ne peut non plus aider un drogué s’il ne fait pas preuve d’une volonté farouche de s’en sortir.
La drogue : un paradoxe
En conclusion, la drogue est un moyen d’échapper à une vie ordinaire et de rechercher le plaisir. Cependant, à long terme, la souffrance remplace le plaisir et la personne perd le contrôle sur elle-même. Les drogués cherchent alors à se libérer de leurs chaînes et à retrouver le plaisir de vivre. Le paradoxe est que l’on entre dans la drogue pour les mêmes raisons que celles qui nous poussent à en sortir : le plaisir de vivre et la quête de liberté.