La filière électronique française en plein essor : Forces et défis

La filière électronique française en plein essor : Forces et défis

Un vent de renouveau souffle dans l’industrie électronique française. Après avoir connu un déclin prononcé dans les années 2000, le secteur retrouve aujourd’hui sa splendeur d’antan, en ouvrant de nouvelles usines et en relocalisant certaines activités. Faisons le point sur cette renaissance.

Les success stories du secteur

D’abord, intéressons-nous à ALL Circuits. Bruno Racault, son président, nous présente avec enthousiasme le contrat de 200 millions d’euros signé récemment avec Renault. Pendant les quatre prochaines années, ALL Circuits fournira des composants électroniques pour les futurs véhicules électriques du constructeur français. En conséquence, l’usine historique de MSL Circuits à Meung-sur-Loire (Loiret) verra sa surface augmenter de 5 000 m², ce qui créera jusqu’à 100 emplois supplémentaires.

Qui aurait cru à un tel redressement il y a quelques années ? “Quand nous avons repris l’entreprise en 2009, personne ne croyait en nous”, se souvient Bruno Racault. Mais aujourd’hui, ALL Circuits emploie près de 2 000 personnes et est considérée comme l’une des principales usines d’électronique en France. Comment ont-ils réussi cet exploit ? En investissant massivement dans l’automatisation et la robotique. “Nos machines posent actuellement 150 000 composants par heure, contre 15 000 il y a 15 ans. L’accélération a été colossale”, explique Bruno Racault. Grâce à l’industrie 4.0, l’entreprise parvient même à produire presque au même coût qu’en Chine.

Un autre exemple frappant est celui de Lacroix Electronics. Basée à Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire), l’entreprise prévoit d’ouvrir d’ici la fin de l’année sa nouvelle usine du futur, baptisée Symbiose. Lacroix mise sur la “smart industry” pour conquérir de nouveaux marchés tels que l’Internet des objets (IoT) industriel ou les nouvelles mobilités. Le groupe ambitionne de devenir le fleuron de l’électronique française, un symbole du renouveau industriel en France à l’échelle européenne, voire mondiale.

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Le plan France Relance en soutien

Ces exemples ne sont que la pointe de l’iceberg de la renaissance de l’industrie électronique en France. Le gouvernement a fait de ce secteur l’une de ses priorités dans le cadre du plan de relance économique. Mais les spécialistes le savent bien : une renaissance complète prendra du temps. Comme le rappelle Bruno Racault, “il faut 10 ans de travail pour mettre au point une usine de pointe”. De plus, il est impératif de reformer la main-d’œuvre, car entre 1997 et 2015, le secteur a perdu 35 % de ses effectifs salariés.

Une volonté partagée

Malgré ces défis, le secteur électronique français est résolument optimiste. “Des usines électroniques sortent de terre alors que nous n’en avions pas vu depuis des décennies”, se réjouit Eric Burnotte, président du Snese (Syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique) et directeur général d’Alliansys, une PME basée à Honfleur (Calvados). Selon lui, les industriels sont motivés et déterminés à réussir. “Avec plus de coordination et une vision politique commune, il est certain que cela ne peut que fonctionner ! L’électronique est un secteur stratégique, essentiel pour notre souveraineté nationale”, affirme-t-il.

La crise sanitaire a accéléré la tendance du “Made in France”. Les grands acteurs industriels ont pris conscience de leur dépendance vis-à-vis de leurs fournisseurs asiatiques. De plus, la proximité géographique, la réduction de l’empreinte carbone globale et le succès commercial sur les marchés asiatiques sont autant d’arguments en faveur d’une relocalisation de la production électronique en France.

Les atouts de la France

La France dispose de nombreux atouts dans le secteur électronique. Son savoir-faire national a été préservé, notamment grâce à la tenacité de l’industrie électronique professionnelle. De plus, la France peut compter sur des secteurs industriels majeurs tels que l’énergie, les transports, les nouvelles mobilités et la défense. Enfin, le pays dispose d’un vivier d’ingénieurs talentueux, comme le souligne Bruno Racault.

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En résumé, l’industrie électronique française est en pleine renaissance. Elle a toutes les chances de reconquérir une part significative des marchés qu’elle avait perdus par le passé. Le chiffre d’affaires du secteur s’élève à 15 milliards d’euros et compte 1 100 entreprises, qui génèrent directement 70 000 emplois et indirectement 150 000 emplois. STMicroelectronics est une exception notable, mais des entreprises telles que Lacroix Electronics, ALL Circuits, Eolane ou encore AsteelFlash, bien que peu connues du grand public, sont des leaders européens de renom.

Source : Conseil national de l’industrie