C’était jeudi dernier sur le site du Monde, entre les reportages sur la guerre en Ukraine et les analyses sur la coupe du monde de rugby, qu’un article a attiré mon attention. Il parlait des critères d’achat des voitures d’occasion. Intrigué, j’ai cliqué et été surpris de trouver une vidéo où un monsieur nous présentait Spoticar, le label d’occasion des marques du groupe Stellantis.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que c’était un article sponsorisé, et en fait, il y en avait trois différents, avec d’autres messieurs qui nous expliquaient que c’était merveilleux d’acheter une voiture d’occasion de nos jours, que l’on pouvait le faire les yeux fermés, que c’était écologique, voire même possible de la louer ou de s’y abonner. Cela m’a fait réfléchir sur la direction que prend Le Monde, mais passons…
Depuis des décennies, les constructeurs se plaignent de ne faire du bénéfice qu’une seule fois, en vendant la voiture neuve. Ils ont du mal à profiter de sa deuxième vie, notamment lors de sa revente, et à en tirer des bénéfices. C’était principalement un marché dominé par les particuliers, ce fameux petit malin qui préférait publier une annonce et vendre sa voiture directement à un autre particulier plutôt que d’accepter la reprise misérable proposée par les concessionnaires. Cette pratique ne leur laissait aucune marge, seulement une décote et une destruction de valeur.
Mais aujourd’hui, la donne a changé. La crise du Covid a provoqué une pénurie de semi-conducteurs, ce qui a créé une véritable explosion des prix des voitures neuves. Les constructeurs se retrouvent donc en position de ne produire que ce qu’ils sont prêts à vendre, et ils ne sont plus obligés de brader leurs produits. On parle d’une augmentation des prix catalogue de 15 à 20%, auxquels il faut ajouter encore 10 à 15% en raison de la disparition des remises accordées lors des négociations.
Ainsi, les voitures neuves sont devenues inaccessibles pour de nombreux acheteurs. Les prix ont atteint des sommets, au point que des modèles de voitures d’entrée de gamme coûtent désormais aussi cher que des modèles haut de gamme il y a 10 ans. Face à cette situation, les consommateurs se sont tournés vers le marché de l’occasion, d’abord vers les voitures récentes, puis vers toutes les gammes, y compris les plus anciennes, dont les prix ont presque doublé en trois ans.
Bien sûr, de nombreux automobilistes ne se rendent pas compte de cette flambée des prix, mais les constructeurs et quelques autres acteurs du secteur, souvent issus des organismes financiers, l’ont bien compris. Ils ont donc commencé à proposer des offres d’estimation et de rachat en ligne, offrant aux propriétaires une offre qu’ils ne peuvent pas refuser, du moins en apparence. Car lors de l’examen de la voiture par le professionnel, la proposition peut être revue à la baisse en fonction des différents dommages constatés.
Toutes ces voitures, ainsi que celles reprises par les concessionnaires, sont ensuite reconditionnées : nettoyage en profondeur, réparation des petites bosses, vérification technique et révision. Elles sont ensuite revendues avec une belle marge bénéficiaire. Deuxième effet Kiss Cool, elles bénéficient également d’une garantie, incitant ainsi l’acheteur à effectuer l’entretien chez le concessionnaire. Je ne veux pas parler d’arnaque, mais il est clair que ce modèle économique contribue à faire grimper les prix.
Une autre raison de la mainmise croissante des constructeurs sur le marché de l’occasion est le développement de la Location avec Option d’Achat (LOA). Plus de la moitié des acheteurs particuliers ne sont désormais plus propriétaires de leur voiture, mais simplement des locataires. Cela leur permet d’éviter les tracas de la revente et les risques liés à la dépréciation de la valeur de la voiture. Ces voitures ne sont donc plus échangées entre particuliers et deviennent une source de profit pour les professionnels.
En fin de compte, les dernières bonnes affaires sont réalisées par les locataires malins qui exercent leur option d’achat et peuvent revendre leur voiture avec un joli bénéfice. Ou ils choisissent de la garder précieusement, car les prix pour la remplacer ont également explosé.
Il est donc clair que le marché de l’occasion n’est plus aussi avantageux qu’auparavant. Les bonnes affaires se font de plus en plus rares et les prix continuent d’augmenter. Il est donc important de faire preuve de prudence et de bien se renseigner avant d’investir dans une voiture d’occasion.