La folie des répliques de voitures mythiques

La folie des répliques de voitures mythiques

De nos jours, il est possible pour certains privilégiés de se prendre pour James Bond au volant d’une Aston Martin DB5. En collaboration avec EON, le producteur des films de l’agent secret britannique, Aston Martin a décidé de recréer une série de DB5 identiques à celles qui ont été spécialement conçues en 1964 pour accompagner les aventures de 007 dans Goldfinger. Ce constructeur de Gaydon suit ainsi l’exemple de Jaguar.

Une passion controversée

Mais d’où vient cette nouvelle tendance de ressusciter d’anciennes gloires automobiles ? Est-ce un acte de fierté ou une opération commerciale ? Les deux constructeurs britanniques de voitures de sport ont finalement cédé à la tentation d’investir dans ce marché lucratif, après avoir combattu, parfois devant les tribunaux, les ateliers qui fabriquaient des répliques de leurs modèles légendaires. La question de savoir s’il faut les qualifier de répliques ou plutôt les considérer comme des modèles hors série est un sujet de débat.

Une pratique qui ne date pas d’hier

En réalité, le phénomène, développé par des ateliers privés, n’est pas nouveau. Dans les années 1960 déjà, des ateliers argentins étaient devenus experts dans l’art de copier les monstres sacrés des Années folles : la Bugatti de Grand Prix et l’Alfa Romeo 8C. Plus de cinquante ans après, même les experts ont du mal à distinguer le vrai du faux tant la qualité de ces chefs-d’œuvre en aluminium est impressionnante.

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Les risques de la supercherie

Cependant, la supercherie peut avoir des conséquences désagréables pour ceux qui se font berner. Dans les années 1980, un passionné de Ferrari a réussi à fabriquer une réplique de la mythique 250 GTO à partir d’une 250 GTE. Tellement prodigieux était le résultat que même les experts se sont fait prendre au piège. Un marchand peu scrupuleux en a profité et a vendu les voitures comme de véritables GTO. Un Allemand s’est fait avoir et a fini par récupérer son argent de manière musclée. Face au succès du trafic, Enzo Ferrari a porté l’affaire devant les tribunaux. Depuis lors, personne n’ose s’aventurer ouvertement dans ce domaine par crainte de se retrouver face à la colère du constructeur italien.

Jaguar ouvre la voie

Jaguar, de son côté, a ouvert la boîte de Pandore en 2014 en annonçant la fabrication de six répliques de la célèbre Type E Lightweight de 1963. Pour justifier cette démarche, la marque a expliqué qu’à l’époque, seuls 12 des 18 châssis prévus avaient été produits. Les puristes se sont interrogés sur cette production initiale de 18 véhicules, mais Jaguar persiste et signe : les six nouvelles répliques sont vendues comme des véhicules de compétition d’époque et sont homologuées par la FIA pour participer à des épreuves historiques. La frustration des amateurs qui ne peuvent pas se permettre les millions d’euros nécessaires pour acquérir un exemplaire original a ainsi été soulagée.

Les détracteurs et les admirateurs

Ce succès a poussé Jaguar à continuer sur sa lancée. La marque a décidé de construire les neuf exemplaires manquants de la XKSS, un modèle de légende. Le département Special Operations en charge des programmes spéciaux a entrepris la réédition de ces neuf voitures, qui ont été détruites lors d’un incendie en 1957. Certains défenseurs de l’authenticité s’opposent à cette démarche, mais la fascination du public pour ces modèles reste intacte.

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Le défi d’Aston Martin et de Porsche

Forte du succès de ses premières répliques, Aston Martin a décidé de poursuivre sur sa lancée en annonçant la production de vingt-huit DB5, similaires à celle qui est apparue dans les films de James Bond. Ces voitures seront vendues au prix de 2,75 millions de livres sterling, soit un peu plus de 3 millions d’euros. Quant à Porsche, vingt ans après l’arrêt de la production de la génération 993, la dernière à moteur à refroidissement à air, la marque a construit un nouvel exemplaire de la 911 Turbo de 1998 à partir de pièces neuves de l’usine. Cette voiture sera vendue aux enchères au profit d’une œuvre de charité.

Ferrari, le dernier bastion

Tous les regards se tournent maintenant vers Ferrari. Le constructeur italien va-t-il céder à la tentation de rééditer ses modèles de légende ? Cette décision serait perçue par la communauté des collectionneurs comme un sacrilège. La dernière 250 GTO a été vendue aux enchères pour 42 millions d’euros il y a quinze jours en Californie. Pour l’instant, Ferrari refuse de franchir le pas, mais qui sait de quoi l’avenir sera fait ?

Maintenant que Jaguar et Aston Martin ont ouvert la voie, d’autres constructeurs pourraient se laisser tenter par cette lucrative entreprise de réédition de modèles mythiques.