Imposée par l’Europe pour atteindre ses objectifs climatiques, la transition vers les voitures électriques suscite des débats animés dans l’industrie. Alors que certains voient dans les nouvelles activités liées aux voitures électriques (batteries, recyclage, etc.) un véritable moteur de l’économie, d’autres craignent que la simplicité de production des véhicules électriques puisse menacer des milliers d’emplois. Afin de clarifier cette situation, le Think tank de la Fondation Nicolas Hulot et de la CFDT Métallurgie vient de publier un rapport.
4 scénarios sur la table
Pour étayer leur étude, la FNH et la CFDT ont proposé quatre scénarios :
La désindustrialisation, qui ne ferait qu’accentuer les tendances actuelles. Selon le rapport, cela pourrait entraîner une baisse de 70 % des effectifs de l’industrie automobile en France d’ici 2050.
La poursuite de la relance, qui montre que les politiques actuelles ne permettront ni de ralentir la désindustrialisation, ni de relever le défi climatique. La fin de la vente des véhicules thermiques, fixée à 2040, est jugée trop tardive et ne permettra pas de réduire de moitié les effectifs de l’industrie automobile.
La relance industrielle, un scénario basé sur le maintien des volumes de production de moteurs et une accélération de la transition vers les véhicules électriques, sans toutefois anticiper les besoins de sobriété énergétique et d’évolution des usages. Bien qu’il permette de préserver l’emploi, les auteurs du rapport estiment qu’il est irréaliste.
La transition juste, qui mise sur une restructuration de l’appareil productif autour d’une “filière intégrée” regroupant moteurs, batteries, véhicules et recyclage. Dans ce scénario, la production de véhicules essence et diesel prendrait fin dès 2030, tandis que celle des hybrides serait arrêtée en 2035.
Selon le rapport, seul ce quatrième scénario démontre la possibilité de répondre à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux. Il permettrait de produire en France 2,3 millions de moteurs, 2 millions de véhicules électriques et environ 100 GW de batteries d’ici 2030. De plus, ce scénario générerait 33 % d’emplois supplémentaires par rapport au scénario actuel.
Une feuille de route en trois points
Pour mettre en œuvre cette transition juste, la FNH et la CFDT proposent un plan d’action en trois points :
- Créer les conditions de relocalisation en encourageant le “made in France” pour les flottes de véhicules et les marchés publics.
- Accompagner la transformation de la filière en formant les salariés aux nouveaux métiers et en multipliant les programmes de reconversion.
- Adopter une gouvernance ouverte en mobilisant toutes les parties prenantes. Par exemple, les acteurs régionaux et les pôles de compétitivité devraient travailler avec les entreprises et les syndicats lors de conférences sociales régionales.
Selon la FNH et la CFDT, la première étape de ce plan consisterait à organiser des États généraux de l’automobile, réunissant tous les acteurs concernés, afin de tracer une voie d’avenir et de redonner vie à la stratégie industrielle française.
Le rapport complet est disponible ici. Parallèlement, le Boston Consulting Group (BCG) a également publié une étude sur l’impact de l’électrification sur l’emploi dans l’industrie automobile. Selon cette étude, environ 60 % des voitures produites en 2030 seront électriques et 36 % d’entre elles seront hybrides. Le BCG examine différentes tendances pour l’avenir du secteur et estime que les pertes d’emplois dans l’activité traditionnelle seront compensées par la création de nouveaux emplois liés à l’électromobilité, à la production de batteries, aux infrastructures de recharge, etc. Un constat qui rejoint celui de la Fondation Nicolas Hulot.