La France se réapproprie son indépendance pharmaceutique face aux pénuries de médicaments

La France se réapproprie son indépendance pharmaceutique face aux pénuries de médicaments

La France est en train de reconquérir son indépendance pharmaceutique alors qu’elle fait face à des pénuries de médicaments. Au cours des dix dernières années, le pays est passé de la première à la cinquième place des producteurs de médicaments en Europe, selon le syndicat des entreprises du médicament en France. Cette délocalisation de la production pharmaceutique, principalement pour les médicaments anciens dont les formules sont tombées dans le domaine public, a conduit à une forte dépendance vis-à-vis de pays étrangers.

Une dépendance inquiétante

Dans un rapport publié récemment, les parlementaires de la mission d’information sur les médicaments ont conclu que la France dépendait fortement des pays étrangers. En effet, 70% des principes actifs utilisés pour les médicaments sont produits à l’étranger, principalement en Chine. La France ne produit que 6% de ses propres principes actifs pour les médicaments vitaux, appelés “médicaments d’intérêt thérapeutique majeur”. Ce pourcentage chute à 5% pour les biomédicaments, tels que les thérapies géniques ou cellulaires.

Une situation similaire en Europe

Cette dépendance n’est pas propre à la France, mais concerne également l’Europe dans son ensemble. En effet, 80% des sites de production de principes actifs se trouvent à l’extérieur du continent, principalement en Chine et en Inde. Autrefois, l’Europe produisait elle-même 80% de ses propres principes actifs. Toutefois, les pays européens sont moins dépendants pour les étapes finales de la production, telles que l’enrobage des comprimés ou le conditionnement.

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La pandémie de Covid-19 met en évidence la dépendance

La pandémie de Covid-19 a mis en lumière cette dépendance aux médicaments étrangers. Plus de 3 000 médicaments sont en situation de pénurie, selon Sonia de La Provôté, présidente de la commission sénatoriale d’enquête sur la pénurie de médicaments et les choix de l’industrie pharmaceutique.

La France se mobilise pour relocaliser la production

Face à cette situation préoccupante, la France a décidé de relocaliser sa production pharmaceutique, notamment grâce au plan France Relance. L’État soutient 19 entreprises, dont Diverchim CDMO, qui a décidé de reprendre la fabrication en France de curare, un anesthésiant en pénurie ces dernières années. De même, une usine de fabrication de paracétamol, l’anti-douleur le plus vendu au monde, sera rouverte en 2024 ou 2025 à Roussillon en Isère. Elle avait fermé en 2008.

Le président Emmanuel Macron a également montré son engagement envers la souveraineté industrielle en visitant le laboratoire pharmaceutique Aguettant, spécialisé dans les produits d’anesthésie-réanimation. Cette visite a pour objectif d’augmenter les capacités de production de médicaments qui ont fait défaut pendant la crise du Covid-19.

Un défi ambitieux

La France prévoit de publier une liste de médicaments prioritaires qui pourraient être relocalisés sur son territoire. Cependant, le syndicat des industries pharmaceutiques, le Leem, tient à ce que ces relocalisations soient rentables. Il réclame donc une revalorisation du prix de certains médicaments en France en raison de la hausse des coûts industriels.

En conclusion, la France est en train de prendre des mesures significatives pour retrouver son indépendance pharmaceutique et réduire sa dépendance aux médicaments étrangers. La relocalisation de la production est un pari ambitieux, mais essentiel pour assurer la sécurité et l’autonomie de l’approvisionnement en médicaments vitaux dans le pays.

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