La Gazelle : la voiture électrique low tech du 21e siècle

La Gazelle : la voiture électrique low tech du 21e siècle

Depuis Bordeaux, en Gironde, une petite merveille a vu le jour. La Gazelle, fabriquée à partir de matériaux composites dans des micro-usines, est une véritable prouesse. Légère et économe en énergie, elle consomme près de la moitié de ce que consomment ses concurrentes. Son créateur souhaite lancer un nouveau modèle industriel, axé sur la simplicité et la durabilité.

Une voiture artisanale

Gaël Lavaud, ancien de l’école Centrale de Lyon et ancien membre de la direction du développement du groupe Renault, croit fermement en l’avenir du “low tech”, à l’opposé de la haute technologie. Selon lui, l’avenir réside dans des technologies simples, durables, fabriquées localement et de manière artisanale plutôt qu’industrielle.

“Contrairement aux usines géantes qui concentrent la production en un seul endroit pour l’exporter dans le monde entier, nous souhaitons répartir des micro-usines d’assemblage aux quatre coins du monde et créer des emplois là où ils seront nécessaires”, explique-t-il.

Ce concept a nécessité huit ans de développement.

Des micro-usines

Gaël Lavaud nous accueille dans la toute première “usine” qu’il a conçue, située dans les locaux de l’incubateur de startups Bordeaux Technowest à Blanquefort, dans la métropole bordelaise. Quatre conteneurs accolés, sans grandes machines ni robots à l’intérieur…

“C’est vraiment très basique, avec trois conteneurs dédiés à l’assemblage et un autre pour le stockage des pièces détachées. Nous avons adopté une approche low tech où l’assemblage et la maintenance des véhicules sont rendus aussi simples que possible”, nous explique-t-il.

À lire aussi  Le lithium : la clé de voûte de la transition énergétique

En effet, le châssis de la Gazelle est assemblé en seulement une heure, comme un jeu de construction. Il ne comporte que 10 éléments à assembler, contre environ 300 pour une voiture classique.

Le secret réside dans les matériaux utilisés. Pas d’acier, pas d’équipements coûteux.

“Il s’agit d’une technologie de châssis entièrement composé de matériaux composites. En associant de la fibre de verre à d’autres matériaux peu coûteux, nous obtenons un comportement mécanique extraordinaire en termes d’absorption d’énergie et de rigidité”, explique Gaël Lavaud, qui a obtenu la note maximale aux crash tests.

Sa technologie est brevetée et jalousement gardée secrète.

Légère et économe

En plus d’être facile à assembler, le matériau composite permet de considérablement alléger la voiture.

“Elle pèse environ 900 kg, nous pourrions même la faire descendre à 800 kg”, assure le concepteur girondin, alors qu’une voiture citadine classique pèse au moins 1,2 tonne.

“La légèreté réduit considérablement la consommation, puisque les trois quarts de la consommation d’un véhicule sont dus à son poids. En allégeant la voiture comme nous l’avons fait, nous réduisons la consommation d’environ 40%”, explique-t-il.

“De plus, l’un des coûts importants d’une voiture électrique est sa batterie. En réduisant la taille de la batterie, nous avons obtenu la même autonomie que les autres voitures électriques, mais à un prix compétitif. Elle sera vendue aux alentours de 20 000 euros.”

La batterie permet de parcourir 180 kilomètres et se recharge en 4 heures sur une prise électrique classique. “C’est une voiture qui ne dépasse pas les 100 km/h. L’idée est d’avoir un véhicule simple et efficace pour les trajets du quotidien, un peu comme la 2 CV du 21e siècle”, ajoute Gaël.

À lire aussi  Les ventes européennes de véhicules électriques explosent au premier trimestre 2023

Équiper les collectivités et les entreprises

Son premier objectif est d’équiper les collectivités et les entreprises qui devront convertir leurs flottes de véhicules à l’électrique dans les prochaines années.

Mais Gaël Lavaud souhaite également rapidement commercialiser ces micro-usines. Il veut les vendre, vendre les pièces détachées et proposer des formations aux concessionnaires et autres acteurs du secteur.

“Ces acteurs seront responsables de l’assemblage, de la vente et de la maintenance des véhicules. Les coûts initiaux seront très faibles pour eux. Une micro-usine coûte environ 250 000 euros”, explique-t-il.

L’objectif de Gaël Lavaud est donc de créer de l’activité économique dans tous les territoires.

“L’avantage des micro-usines est qu’elles permettent de développer une activité économique avec un investissement initial très faible, là où il n’y a rien. Elles sont adaptées pour créer de l’emploi dans nos campagnes et dans les pays émergents qui n’ont pas de constructeurs automobiles”, précise-t-il.

Il ne reste plus qu’une étape importante à franchir avant de voir les Gazelle sur les routes : l’obtention de l’homologation officielle, prévue pour l’automne 2022.

Voici le reportage de Cendrine Albo et Sébastien Delalot.