La Hotchkiss Grégoire : une voiture en avance sur son temps

La Hotchkiss Grégoire : une voiture en avance sur son temps

La Hotchkiss Grégoire, l’une des dernières voitures de luxe françaises, se démarque parmi la production automobile de l’époque. Introduite en 1950, elle était considérée comme très moderne, peut-être même trop. Découvrez l’histoire de cette voiture avant-gardiste.

Jean-Albert Grégoire en quelques mots

Jean-Albert Grégoire est né en 1899 et était un polytechnicien. Bien qu’il ait obtenu un doctorat en droit, c’est sa carrière d’ingénieur qui le rend célèbre. Sa première réalisation est la Tracta Géphi, une voiture à traction avant française créée en 1926. Les joints de sa création ont été utilisés par la suite sur les Citroën Traction et les Jeep Willys. Grégoire a également conçu un châssis-carcasse en aluminium, mais cette innovation n’a pas été largement adoptée.

Il a travaillé pour des entreprises telles que Donnet, Chenard et Walker. Cependant, son nom est principalement associé à l’Amilcar Compound, une voiture novatrice mais imparfaite sur certains points, déjà produite par Hotchkiss. Pendant la guerre, Grégoire s’est associé à l’Aluminium Français pour étudier une petite voiture performante qui n’a malheureusement jamais vu le jour. De nombreuses innovations issues de ces travaux ont été reprises après-guerre sur la Panhard Dyna X, notamment en ce qui concerne la traction et l’utilisation de l’aluminium.

Alors que la Dyna X approchait de la production, Grégoire créa la Grégoire R et la présenta au Salon de Paris en 1947. Il s’agissait d’un prototype-laboratoire qu’il souhaitait vendre à un constructeur solide. C’est à ce moment-là qu’il fut approché par Hotchkiss.

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La naissance de la Hotchkiss Grégoire

Pour préparer la version de série, la Grégoire R a été modifiée. Au Salon de Paris en 1949, le châssis en Alpax, comprenant l’avant et le pare-brise, a été dévoilé.

En 1951, la Hotchkiss Grégoire était prête. Son châssis était bien connu : quatre roues indépendantes, une caractéristique assez rare à l’époque, et des suspensions utilisant un système de flexibilité variable avec des ressorts hélicoïdaux horizontaux. Le moteur de 2 litres de la Grégoire R a été porté à 2,2 litres, développant ainsi 75 chevaux. L’architecture du moteur était également innovante, avec un moteur 4 cylindres à plat, une caractéristique totalement inconnue chez Hotchkiss. Tout comme les réalisations antérieures de Grégoire, la Hotchkiss Grégoire était une voiture à traction.

La carrosserie était sensiblement identique à celle de la Grégoire R, bien qu’elle ait été allongée d’environ 10 cm. Son design très arrondi était également très étudié du point de vue aérodynamique, avec un coefficient de traînée (Cx) de 0,21. De plus, les ouvrants en aluminium réduisaient le poids total de la voiture, tandis que l’intérieur était spacieux et pouvait accueillir jusqu’à 6 personnes sans problème.

Avec seulement un peu plus d’une tonne sur la balance et malgré ses 75 chevaux, la Hotchkiss Grégoire pouvait atteindre une vitesse de 150 km/h !

La carrière courte de la Hotchkiss Grégoire

Les premières livraisons ont eu lieu en 1951, mais elles ont été relativement peu nombreuses. Hotchkiss et Grégoire ont tout fait pour réduire les coûts d’industrialisation, mais les techniques utilisées étaient novatrices et cela se reflétait dans le coût de revient. La Hotchkiss Grégoire était proposée à 1.800.000 francs, un prix élevé. De plus, Hotchkiss perdait de l’argent sur chaque voiture vendue. Le prix élevé empêchait également une augmentation des volumes de vente, ce qui a conduit à une impasse.

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Des mesures ont été prises pour réduire les coûts, comme la suppression des ouvrants en aluminium, mais cela n’a pas suffi. Les versions coachs et cabriolets fabriquées par Chapron à partir de 1953 ne se sont pas mieux vendues.

Au final, Hotchkiss a arrêté la production en 1954. Seulement 247 Hotchkiss Grégoire ont été fabriquées, dont 7 versions coachs et autant de cabriolets. La marque a même cessé toute activité automobile peu de temps après. Quant à Grégoire, il a continué à essayer de fabriquer des voitures, mais sa Grégoire Sport a également été un échec commercial.

Les Hotchkiss Grégoire de nos jours

On aurait pu penser que, en raison de leur évolution et de leur rareté, les Grégoire se vendraient à prix d’or. Pourtant, ce n’est pas le cas. Artcurial propose actuellement une voiture de la collection Trigano qui sera mise aux enchères en septembre prochain. Son estimation se situe entre 18 et 24 000 €. Cependant, le prix réel est plutôt compris entre 25 et 30 000 € pour ces voitures.

La principale difficulté réside dans le fait d’en trouver une à vendre !

Source: Club Hotchkiss
Photos complémentaires: Artcurial et Club Hotchkiss