La Citroën 2 CV célèbre ses 70 ans cette année et entame ainsi une longue saga. Au-delà d’être simplement une voiture, la 2 CV est devenue une véritable institution, une légende, un mythe, un monument historique mécanique et surtout, elle fait partie de notre vie, quels que soient notre âge et notre histoire.
Une voiture pour tous
La 2 CV n’a jamais été une voiture unique, mais plutôt une voiture multiple. Au cours de ses plus de 40 ans d’existence, elle a séduit différentes couches sociales au fil du temps. Plus elle vieillissait, plus elle charmait les jeunes en quête de simplicité, attirés par son image totalement décalée et anticonformiste. La 2 CV était certainement la seule voiture adorée par ceux qui détestaient l’automobile.
Un retour aux sources
Citroën a sorti en fin d’année 1975 la version Spécial, qui renouait avec les valeurs fondamentales des premiers modèles. Elle est ainsi revenue aux 4 glaces, aux phares ronds, devenus rectangulaires depuis l’année précédente, à un équipement minimaliste et à un grand volant surplombant un minuscule compteur de cyclomoteur. Un véritable retour à l’esprit de son créateur Pierre Boulanger. Heureusement, elle a tout de même bénéficié des évolutions techniques apportées par Citroën au fil des années. Aujourd’hui, conduire une 2 CV est une expérience passionnante. Rien n’attire plus la sympathie que ce véhicule qui évoque des souvenirs. Ses phares en forme d’oreilles de Mickey fascinent les jeunes enfants, ravivent les souvenirs des jeunes ados et réveillent les émotions des adultes. Si vous voulez vous connecter socialement, inutile de vous inscrire à SOS Amitié. Il vous suffit de rouler en 2 CV.
Des anecdotes à raconter
Avec plus de 5 millions d’exemplaires fabriqués, la 2 CV a accompagné des millions de personnes dans leur vie et a généré d’innombrables anecdotes à partager. Même les animaux reconnaissaient son bruit caractéristique de son petit moteur bicylindre. Tom ou Ponpon pouvaient distinguer le son unique de la 2 CV parmi mille autres véhicules. Aujourd’hui, Tom 5 et Ponpon 4 sont incapables de différencier le bruit produit par un bloc PSA commun à une 208 ou une C3. Ce son si particulier est gravé dans nos mémoires, du grondement du démarreur qui peine à lancer la mécanique au sifflement de l’air pulsé par la turbine sur les ailettes des cylindres. Selon le terrain, il y avait plusieurs types de 2 CV. Même en 1976, avec ses 24 chevaux contre 9 à sa naissance, cette voiture n’était pas une Formule 1. En appuyant à fond sur l’accélérateur, elle atteignait presque les 100 km/h dans le joyeux vacarme du moteur et des claquements secs de la capote. Doubler un camion roulant à grande vitesse demandait du courage et une concentration intense pour contrôler les turbulences d’air.
Une voiture attachante malgré ses défauts
Conduire une 2 CV était un moment unique dans la vie. Assis sur des sièges souples trop étroits, face à un pare-brise trop petit, coincé contre un volant imposant dans un habitacle étroit, on se disait qu’on n’y arriverait jamais. Même si l’espace était limité, la 2 CV favorisait la proximité entre le conducteur et le passager. Cette promiscuité a donné naissance à de nombreuses histoires d’amour. Pourtant, ce n’était pas la voiture idéale pour cela en raison de ses banquettes rigides et de sa suspension souple qui attiraient l’attention sur les parkings sombres. Malgré sa mauvaise visibilité, son absence de dégivrage efficace, son volant ferme qui limitait l’espace pour les mains, son freinage dur et grinçant, et son moteur hoquetant au démarrage, la 2 CV n’était pas une voiture idéale pour la ville, mais sa consommation d’essence restait raisonnable, ne dépassant que rarement les 7 litres aux 100 km. Comme la Coccinelle, c’est un véhicule qu’on aimait davantage pour ses défauts que pour ses qualités.
La voiture des souvenirs
Même si elle n’était pas la plus belle voiture du monde, on s’identifiait à la 2 CV. On l’aimait parce qu’on savait inconsciemment qu’un jour, on la regretterait. Elle représentait les premières fois, ces moments de vie que l’on partageait avec elle. Que ce soit pour les premières vacances à la plage, les rires des enfants, la crevaison sous la pluie, la panne d’essence, les mots “je t’aime” prononcés pour la première fois, la visite des beaux-parents le dimanche, le premier emploi ou le premier bébé avec son couffin coincé derrière les sièges avant, la 2 CV était là. Tout cela nous donnait l’impression que notre vie qui venait de commencer serait éternelle. Et c’était le cas pour la 2 CV…
En conclusion, la Citroën 2 CV restera à jamais une voiture exceptionnelle qui a su marquer l’histoire automobile. Au-delà de ses performances, elle incarne un mode de vie, des souvenirs et des émotions. Peu importe notre âge, la 2 CV restera à jamais ancrée dans nos cœurs et dans notre mémoire.