L’histoire fascinante de l’affinage et du raffinage de l’or a longtemps été entourée de mystère. De nombreuses sources littéraires nous indiquent que la séparation de l’or et de l’argent n’a été pratiquée qu’à partir du milieu du premier millénaire av. J.-C. C’est l’invention de la monnaie qui a rendu cette séparation nécessaire, bien qu’il n’existe aucune preuve tangible d’un véritable processus de raffinage de l’or avant l’introduction de la monnaie en or.
Les débuts mystérieux de la séparation de l’or
Comme l’affinage de l’or entraîne une perte de matière importante, il n’y avait que peu de raisons de le faire avant l’avènement de la monnaie en or et de la nécessité d’obtenir une qualité standardisée de l’or. La première référence littéraire possible du processus de séparation par cémentation avec du sel remonte à un ancien traité datant du 4ème siècle av. J.-C. en Inde, appelé “L’Arthashâstra”. Ce traité mentionne le chauffage de l’or avec de la terre de l’Indus, riche en sel, en nitre de sels et en ammonium, ce qui en fait un environnement idéal pour la cémentation et la séparation de l’or.
Les découvertes qui confirment les écrits anciens
Diodore de Sicile, au 1er siècle, mentionne également le processus de séparation de l’or dans son livre “Périple sur la mer Érythrée”, attribué à Agatharchide de Cnide du 2ème siècle av. J.-C. Une expérience visant à recréer ce processus en chauffant un mélange d’or et de sel dans un pot fermé pendant 5 jours a été réalisée par Notton et s’est avérée concluante.
Dans son livre “Naturalis Historia”, Pline mentionne à plusieurs reprises la purification de l’or et fait référence au processus de cémentation par le sel pour la séparation de l’or. Il décrit le chauffage de l’or avec du sel et du sulfate de fer, qui dissolvent le cuivre et l’argent présents dans l’or.
Des récipients de séparation utilisés pour le raffinage de l’or par cémentation ont été découverts à Londres, Lincoln, York et Winchester. Ces récipients, datant de la période des Flaviens (69-96 ap. J.-C.), étaient scellés avec de l’argile. L’analyse de ces récipients par spectromètre XRF a révélé une concentration plus élevée d’or et d’argent autour de la partie scellée, suggérant une possible fuite d’argent sous forme de chlorure d’argent volatil. La séparation de l’or était donc déjà bien utilisée dans l’Antiquité, mais c’est seulement à l’époque médiévale que des descriptions claires et détaillées des processus ont été écrites. Toutes les découvertes archéologiques romaines jusqu’au début du Moyen Âge convergent vers l’utilisation d’un processus à l’état solide avec du sel commun comme ingrédient actif.
Les secrets du raffinage de l’or médiéval
Le moine allemand Théophile, au XIIe siècle, offre dans son livre “De Diversus Artibus” la description la plus détaillée du processus de cémentation par le sel. Il décrit comment de l’argile chauffée est réduite en poudre, puis mélangée à du sel. Le mélange est ensuite aspergé d’urine pour obtenir une consistance idéale. Ce mélange est ensuite placé dans un pot en terre cuite avec de fines feuilles d’or. Le pot est ensuite scellé et chauffé dans un four.
Le processus de chauffage dure un jour et une nuit, puis l’or est fondu à nouveau, martelé et remis dans le four. Ce processus est répété trois fois, avec l’ajout de cuivre rouge lors de la deuxième étape. Enfin, l’or est soigneusement lavé, séché et pesé. Bien que ce processus soit long et laborieux, il permet d’obtenir de l’or pur et de haute qualité.
Les innovations post-médiévales
C’est pendant la période médiévale que la distillation et la production d’acide nitrique ont été découvertes. L’alchimiste Pseudo-Geber décrit, dans son ouvrage “Perfectionis Summa” datant de 1330, la production d’acide nitrique, capable de dissoudre l’argent. L’ajout de sel d’ammoniac à l’acide nitrique permet d’obtenir de l’eau régale, qui dissout l’or. Ces deux acides sont utilisés dans la méthode à l’acide de séparation. Cependant, ces acides étaient chers et n’ont commencé à être utilisés qu’à partir de la période post-médiévale.
L’histoire de l’affinage et du raffinage de l’or est riche en mystères et en découvertes. Grâce aux écrits anciens et aux découvertes archéologiques, nous pouvons aujourd’hui mieux comprendre les techniques utilisées par nos ancêtres pour séparer l’or de ses impuretés. Que ces secrets précieux continuent de nous émerveiller et de nous inspirer pour les années à venir !