Lorsque plusieurs membres d’une famille sont touchés par la maladie d’Alzheimer, il est naturel de se demander si l’hérédité joue un rôle. Les causes de cette maladie restent encore mal connues, mais il est établi que deux types de lésions affectent les neurones avant l’apparition des premiers symptômes : les plaques amyloïdes, qui se forment entre les neurones, et la dégénérescence neurofibrillaire, présente à l’intérieur des neurones. Ces lésions sont des amas de protéines qui se forment lors du processus normal de vieillissement, mais qui s’accumulent en quantité beaucoup plus importante dans les maladies de type Alzheimer.
Les plaques amyloïdes
Les plaques amyloïdes, également appelées plaques séniles, sont formées par l’accumulation anormale d’une protéine appelée “β-amyloïde”. Elles se déposent entre les cellules nerveuses du cortex cérébral, provoquant un dysfonctionnement des connexions entre les neurones.
Les dégénérescences neurofibrillaires
La dégénérescence neurofibrillaire correspond à une accumulation anormale de filaments à l’intérieur des neurones. La protéine responsable de ce dysfonctionnement est appelée “protéine Tau”. Cette dégénérescence entraîne progressivement une désorganisation cellulaire puis la mort neuronale.
La mort des neurones se produit principalement dans l’hippocampe, une région essentielle de la mémoire, et dans le cortex associatif, qui permet de relier différentes fonctions entre elles. Cette mort neuronale entraîne une atrophie de certaines zones cérébrales, c’est-à-dire une diminution du volume du cerveau.
Les lésions de la maladie d’Alzheimer © Agence France Presse
Les facteurs de susceptibilité génétique
Les formes familiales ou héréditaires de la maladie d’Alzheimer sont très rares, ne représentant que moins de 1% des patients. Cette forme génétique se caractérise par une apparition très précoce des symptômes, généralement vers l’âge de 50 ans, et par une transmission autosomique dominante, c’est-à-dire que la moitié de chaque génération est atteinte.
Les formes non-familiales et sporadiques représentent plus de 99% des cas et se développent généralement après 65 ans. Bien qu’elles ne soient pas héréditaires, ces formes sporadiques semblent comporter une prédisposition génétique.
Le gène ApoE4 est le facteur de risque le plus important de la forme sporadique de la maladie d’Alzheimer. Parmi les trois variantes du gène ApoE (ApoE2, ApoE3 et ApoE4), la variante ApoE4 est associée à un risque accru de développer la maladie. Cependant, sa présence n’est ni nécessaire ni suffisante pour développer la maladie. Cela signifie qu’une personne ne porteuse du gène ApoE4 peut quand même développer la maladie, tandis qu’un individu porteur du gène ApoE4 n’en sera pas nécessairement atteint.
Les facteurs de risque associés à la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une pathologie multifactorielle, dont l’apparition est due à l’interaction entre des prédispositions génétiques et des facteurs de risque. Il est essentiel de comprendre que la présence de ces facteurs augmente statistiquement le risque de développer la maladie, sans en être la cause directe. Par exemple, le tabac augmente fortement le risque de cancer du poumon, mais cela ne signifie pas qu’un fumeur développera systématiquement cette maladie.
L’âge est le principal facteur de risque avéré, avec une prévalence qui double tous les 5 ans à partir de 65 ans (2% après 65 ans, 15% après 80 ans). Les femmes sont également plus à risque que les hommes, avec 60% des malades étant des femmes. Cela peut s’expliquer en partie par une longévité plus importante, mais il existe probablement des facteurs génétiques spécifiques qui restent à découvrir.
D’autres facteurs de risque sont bien établis :
- Le faible niveau d’instruction.
- Les facteurs de risques cardiovasculaires tels que l’hypertension artérielle non traitée, les accidents vasculaires cérébraux, l’hypercholestérolémie, le diabète, le surpoids et l’obésité.
- Les facteurs environnementaux, tels que le tabac, l’alcool, la pollution et certains médicaments.
- Les troubles du sommeil.
Certains facteurs de risque moins souvent cités sont de plus en plus documentés, tels que l’inflammation chronique de l’organisme, les antécédents de traumatismes crâniens avec perte de conscience supérieure à 5 minutes, ou encore les troubles de l’humeur comme le stress chronique ou la dépression.
Par ailleurs, une alimentation peu équilibrée, le manque d’activité physique et d’activité intellectuelle stimulante pourraient également être associés à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer. À l’inverse, une pratique sportive régulière, notamment l’aérobic, et l’apport de certains éléments nutritionnels riches en substances antioxydantes pourraient avoir un effet protecteur.
Les résultats d’études laissent penser que l’élimination de ces facteurs de risque pourrait réduire de 40% le nombre de cas de maladies d’Alzheimer.