La Maison Blanche envisage sérieusement de prendre des mesures commerciales qui pourraient avoir un impact significatif sur l’industrie automobile européenne. Le rapport tant attendu sur l’automobile est actuellement sur le bureau de Donald Trump. Le Département du Commerce avait jusqu’à dimanche pour remettre ses conclusions. Le président américain avait demandé en mai dernier une évaluation de l’impact des importations de voitures européennes et asiatiques sur la sécurité nationale, en vertu de l’article 232 de la loi commerciale.
Selon l’AFP, l’administration Trump aurait conclu que les importations actuelles affaiblissent l’industrie automobile américaine. Donald Trump dispose désormais de 90 jours pour décider s’il impose de nouveaux tarifs douaniers, pouvant atteindre 25%. Des négociations seront entamées avec l’Europe et le Japon.
Des hausses de prix
Donald Trump a déjà agité la menace de nouvelles taxes à plusieurs reprises. Lors d’une réunion avec des constructeurs américains en mai, il avait évoqué des tarifs de 20% sur les véhicules étrangers et des normes plus strictes en matière d’émissions de gaz polluants. Il avait également déclaré sur Twitter : “Si les tarifs et les barrières douanières des Européens ne sont pas éliminés, nous imposerons des tarifs de 20% sur toutes leurs voitures entrant aux États-Unis.” Actuellement, les voitures américaines sont taxées à hauteur de 10% en Europe, tandis que les véhicules européens sont taxés à 2,5% en vertu des accords de l’OMC.
Si des tarifs de 25% étaient appliqués sur les voitures étrangères, les importations de voitures allemandes aux États-Unis pourraient être réduites de moitié, selon une étude de l’Institut allemand de recherche économique. Le coût pour le secteur en Allemagne serait estimé à 7 milliards d’euros, contre 8 milliards au Japon et 3 milliards en Corée du Sud.
Cependant, l’application de nouveaux tarifs est loin de faire consensus aux États-Unis. Elle pourrait entraîner des représailles européennes sur certains produits américains. De plus, elle entraînerait une augmentation des prix pour les consommateurs américains. Selon IHS Markit, le prix moyen d’un véhicule importé augmenterait de 17%, soit environ 5 000 dollars.
Une loi en préparation
Même les voitures américaines seraient touchées si les tarifs s’appliquaient également aux pièces détachées, car les constructeurs utilisent des pièces provenant d’Europe ou d’Asie. Cela entraînerait une augmentation des prix d’environ 1 800 dollars. Selon la même étude, cela pourrait entraîner une baisse des ventes de 1,8 million de véhicules par an d’ici 2026. Le Center for Automotive Research estime quant à lui que entre 71 000 et 367 000 emplois pourraient être supprimés aux États-Unis. Le sénateur républicain Charles Grassley, qui préside la commission des finances, a réagi en déclarant : “Augmenter les tarifs douaniers sur les voitures et les pièces détachées, cela créerait une nouvelle taxe pour les consommateurs qui achètent des véhicules, qu’ils soient importés ou produits aux États-Unis.”
Actuellement, des parlementaires tentent de limiter les pouvoirs du président. Deux sénateurs, l’un démocrate et l’autre républicain, ont présenté un projet de loi qui obligerait Donald Trump à obtenir l’accord du Congrès avant de mettre en place des mesures commerciales, conformément à la section 232 du Trade Expansion Act.