La menace des SUV électriques sur la transition énergétique du parc automobile français

La transition énergétique du parc automobile français mise en péril par les SUV électriques ?

Le WWF met en garde contre les conséquences que pourrait avoir la production de SUV électriques sur l’environnement et l’économie, trois ans après avoir souligné leur impact sur le climat. Selon une nouvelle étude de l’organisme, ces modèles électriques seraient jusqu’à 5 fois plus consommateurs de métaux critiques, compromettant ainsi le développement de la voiture électrique, essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le WWF appelle à des mesures pour décourager la vente de voitures électriques lourdes et préserver la transition vers l’électrique.

Une demande croissante de métaux critiques

La transition vers la voiture électrique, que l’Union européenne et la France ont engagée, entraînera une augmentation de la demande en métaux critiques tels que le cuivre, le lithium, le nickel et le cobalt. Selon les estimations, cette demande pourrait être multipliée par 30 d’ici 20 ans, ce qui soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’industrie minière à y répondre.

La forte tendance des ventes de SUV en France aggrave cette menace. En effet, ces modèles à la mode représentent déjà 46% des ventes de voitures thermiques et 41% des ventes de voitures électriques. Cependant, un gros SUV électrique consomme 3 fois plus de cuivre, d’aluminium et 5 fois plus de lithium, de nickel et de cobalt qu’une petite citadine électrique. Si le reste du monde achetait autant de SUV électriques que les Français, l’industrie minière ne serait pas en mesure de produire suffisamment de métaux critiques d’ici la fin de la décennie pour répondre à la demande mondiale.

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Alléger les modèles pour éviter la rupture de stock

Le WWF préconise donc de faire reculer les ventes de SUV et d’investir dans les mobilités partagées afin d’éviter une rupture de stock de métaux critiques. La réduction de la taille des voitures électriques permettrait d’obtenir la plus forte baisse des besoins en métaux critiques d’ici 2035. “Dé-SUViser le marché électrique” réduirait la demande de 17% par rapport à un scénario de laisser-aller, souligne le rapport du WWF.

Trois mesures fortes avec un impact sur les consommateurs et l’industrie

Le WWF appelle le gouvernement à prendre des mesures pour décourager la vente des modèles électriques les plus lourds. Tout d’abord, en renforçant le malus poids instauré en 2022, qui soumettrait ces modèles à une taxe. Ensuite, en abaissant le seuil de démarrage du malus poids pour les SUV thermiques à 1,3 tonne, avec un barème tarifaire progressif plus agressif que celui prévu pour 2024. Enfin, en réservant le bonus écologique aux véhicules électriques pesant moins de 1,6 tonne, contre 2,4 tonnes actuellement. Les familles nombreuses pourraient bénéficier d’un régime particulier pour des véhicules jusqu’à 2 tonnes, tandis que l’achat d’une voiture électrique lourde mais spacieuse serait soumis à un malus réduit.

Le WWF propose également que les constructeurs automobiles publient annuellement le poids moyen des véhicules électriques vendus, afin de garantir la transparence. En cas de dépassement du seuil de 1,6 tonne, les constructeurs seraient taxés sur chaque kilogramme excédant, pour chaque voiture vendue au cours de l’année.

Ces propositions ont été présentées au gouvernement et soutenues par certains parlementaires. Bien qu’elles n’aient pas encore été retenues, elles constituent des pistes sérieuses pour l’avenir de la transition énergétique du parc automobile français.

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