La pauvreté infantile est un problème majeur en Allemagne. Les principales raisons sont le chômage et les bas revenus des familles, qui entraînent un manque d’argent et de ressources pour les enfants. Les enfants de parents célibataires, les enfants ayant au moins deux frères et sœurs et les enfants de parents peu qualifiés sont particulièrement menacés par la pauvreté, selon une étude de la Fondation Bertelsmann.
L’argent est essentiel pour assurer le bien-être des enfants, et leur situation dépend fortement de celle de leurs parents. Cette dépendance financière a des conséquences sur la vie quotidienne des enfants. Les parents célibataires ne peuvent pas gagner suffisamment d’argent parce qu’ils doivent s’occuper de leurs enfants, tandis que les enfants de parents occupés sont souvent négligés. Chaque situation est unique et derrière chaque statistique se cache un destin personnel.
Outre la pauvreté matérielle, certains parents ne sont pas en mesure de prendre soin de leurs enfants en raison d’un manque de responsabilité, d’ignorance ou de problèmes personnels. Dans ces cas, les enfants souffrent non seulement financièrement, mais aussi émotionnellement. Les parents sont dépassés et ne peuvent pas offrir à leurs enfants l’estime de soi nécessaire.
Il convient cependant de souligner que la pauvreté des parents n’est pas toujours de leur fait et que la plupart d’entre eux font tout leur possible pour préserver leurs enfants des soucis financiers.
Qui est considéré comme pauvre ?
L’Allemagne est l’un des pays les plus riches du monde et dispose de systèmes de sécurité sociale qui devraient garantir que personne ne souffre de la faim. Pourtant, de nombreux enfants vivent dans des conditions précaires.
Une étude de la Fondation Bertelsmann montre que près de 21 % de tous les enfants en Allemagne se trouvent dans une situation de pauvreté pendant au moins cinq ans, voire de manière récurrente. De plus, 10 % vivent temporairement dans cette situation.
On considère comme pauvres les enfants issus de familles qui disposent de beaucoup moins que le revenu net moyen du ménage ou qui bénéficient de l’aide sociale de l’État. Cela ne signifie pas que ces enfants ne mangent pas ou n’ont pas de domicile, mais leur développement peut être considérablement entravé.
Quelles sont les conséquences ?
L’enfance est une période cruciale pour le développement humain. Pendant cette période, des bases importantes sont posées pour la vie adulte. Des millions de connexions nerveuses se forment dans le cerveau au cours des premières années de vie, attendant d’être utilisées et renforcées. C’est à ce moment-là que naît la soif de découverte.
Ce n’est pas une question d’argent en soi. Jouer, courir et explorer ne nécessitent pas forcément de dépenses. Cependant, la pauvreté peut entraver de manière significative le développement personnel, comme l’illustre l’exemple suivant :
Nina en a assez. Ses parents se disputent encore une fois. Il est encore question d’argent, ou plutôt du manque d’argent dans la famille Fischer. Monsieur Fischer gagne peu et Madame Fischer a dû interrompre sa formation professionnelle à la naissance de Nina. En raison de la petite taille de l’appartement familial, Nina ne peut pas se retirer et partage sa chambre avec son petit frère.
À 13 ans, Nina ne veut pas ajouter de problèmes supplémentaires à ses parents et ne dit pas qu’elle a besoin de nouveaux cahiers et stylos pour l’école. Elle sèche les sorties avec sa classe en ville, de peur de devoir faire du lèche-vitrine sans argent avec ses amies. Elle se fait souvent passer pour malade ces jours-ci, et ses notes se détériorent. Son grand rêve de prendre des cours de piano est bien loin. Trop cher ! Deux mots que Nina entend très souvent.
Bien que le petit frère de Nina ne comprenne pas les tenants et aboutissants des disputes de leurs parents, il ressent le stress et réagit de manière agressive. Lors des examens de santé, le médecin remarque que le petit garçon a des troubles de comportement.
Nina et son frère vivent ce qu’on appelle le manque de “chances de participation”. Il s’agit des conséquences de la pauvreté infantile dans la vie quotidienne, qui ne sont pas toujours directement liées à la situation financière. Une étude de l’UNICEF sur le bien-être des enfants dans les pays industrialisés en 2007 a identifié les domaines de développement les plus importants.
Que fait-on pour remédier à cette situation ?
Le passé montre le cercle vicieux : les enfants issus de familles socialement défavorisées restent souvent pauvres toute leur vie. Ils ont beaucoup de mal à sortir de leur milieu social.
La lutte contre la pauvreté des enfants et la prévention de cette situation relèvent principalement de la responsabilité politique. Les familles bénéficient déjà du soutien de l’État grâce à des mesures telles que les allocations familiales, les allocations de logement, les pensions alimentaires anticipées, le salaire minimum et les prestations sociales pour enfants.
Le gouvernement fédéral a également mis en place le programme d’éducation et de participation pour lutter contre la pauvreté infantile. Les enfants et les adolescents issus de familles à faibles revenus reçoivent une aide financière. Ils peuvent notamment participer à des colonies de vacances, profiter d’activités sportives et musicales, bénéficier de cours de soutien scolaire ou déjeuner ensemble à l’école si nécessaire.
Le programme d’éducation et de participation est critiqué par de nombreux experts en raison des obstacles bureaucratiques jugés trop élevés. Une allocation de base pour enfants est prévue pour 2025. Elle regroupera les différentes prestations d’aide sociale existantes et sera ainsi plus accessible aux personnes concernées.
Outre l’action politique, les églises, les organisations caritatives, les écoles et les particuliers contribuent également à atténuer la pauvreté. De nombreuses grandes villes allemandes disposent d’organisations d’aide aux enfants et de structures sociales.
L’Arche, une organisation caritative chrétienne, est maintenant active dans 25 endroits en Allemagne, en Suisse et en Pologne, touchant de nombreux enfants et adolescents. Il existe également des initiatives telles que l’achat bon marché de vêtements dans les vestiaires, l’aide aux devoirs et la possibilité de parler avec quelqu’un.
Cela peut sembler être une goutte d’eau dans l’océan, mais pour quelques enfants, cela signifie qu’ils ne sont pas obligés de rester à l’école l’estomac vide, ce qui leur permet de se concentrer davantage sur leurs études.
(Erstveröffentlichung: 2018. Letzte Aktualisierung: 06.07.2023)